« Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins, à l'intérieur de frontières reconnues au niveau international », a-t-il dit au côté du président palestinien Mahmoud Abbas dans une allocution à son arrivée dans la ville natale de Jésus. Le gouvernement israélien de droite dirigé par Benjamin Netanyahu refuse la création d'un État palestinien.
Il a aussi appelé les jeunes Palestiniens à résister à la tentation du « terrorisme » dans leur lutte contre l'occupation israélienne. « Ayez le courage de résister à toutes les tentations que vous pourriez ressentir de vous livrer à des actes de violence ou de terrorisme. Au contraire, permettez que ce que vous avez vécu renouvelle votre détermination à construire la paix. »
Prière pour Gaza
Après la réception officielle, le pape a célébré une messe en présence d'au moins 5 000 fidèles sur la place de la Crèche, devant la basilique de la Nativité.
Assis aux premiers rangs, les responsables arborent des casquettes à damier gris et blanc, rappelant le keffieh palestinien. La foule agite drapeaux palestiniens et ceux d'autres pays comme l'Espagne, la Pologne, la Croatie, le Mexique ou l'Argentine.
De nombreux enfants sont présents, l'Autorité palestinienne ayant décrété ce mercredi jour de congé pour les écoliers. Certains d'entre eux portent un T-shirt avec le portrait du pape, d'autres avec celui de M. Abbas.
Aux chrétiens palestiniens, estimés à quelque 50 000 âmes, il leur a dit de « consolider leur présence » en Terre sainte et « d'offrir de nouvelles opportunités à ceux qui sont tentés de partir ».
S'adressant dans son homélie aux « pèlerins venant de Gaza déchirée par la guerre », dont une centaine étaient présents, il a dit prier pour que le blocus israélien imposé à ce territoire contrôlé par les islamistes du Hamas « soit bientôt levé ». Il a aussi assuré la population de Gaza de sa « profonde compassion » après l'offensive israélienne de décembre/janvier qui a fait plus de 1 400 morts palestiniens.
Mur tragique
Le pape a ensuite visité le camp de réfugiés palestiniens de Aïda, à l'entrée de Bethléem, où il a jugé « tragique » la construction de la barrière de séparation israélienne en Cisjordanie. « Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes - pour le commerce, pour les voyages, pour le déplacement des personnes, pour les échanges culturels - il est tragique de voir des murs continuer à être construits », a affirmé Benoît XVI.
À Aïda, il parlait dans la cour d'une école dominée par un tronçon en béton haut de huit mètres de la barrière de séparation, qui empiète sur les terres palestiniennes. Après avoir vu la barrière de près, il a affirmé avant de quitter Bethléem que les murs « peuvent être abattus ». « Il est d'abord nécessaire d'ôter les murs construits autour de nos cœurs, les barrières érigées contre nos voisins » a insisté le pape, qui « attend ardemment de voir se réaliser la paix et la réconciliation dans ces terres tourmentées ».
« Il faut arrêter les murs. Personne en définitive ne veut des murs qui ont pour tous un coût très élevé », a estimé pour sa part le président israélien Shimon Peres dans une interview au quotidien du Vatican L'Osservatore Romano daté de jeudi. La vision de deux États indépendants, limitrophes et en paix est « encore valable », affirme encore Shimon Peres.
Message de paix de Abbas
M. Abbas, qui accompagnait le pape dans le camp, a pour sa part lancé « un message de paix » aux Israéliens, les appelant à « renoncer à l'occupation, à la colonisation, aux arrestations et aux humiliations » infligées aux Palestiniens.
L'arrivée du souverain pontife à Aïda a été marquée par le lâcher de 61 ballons noirs pour rappeler la Nakba, la « catastrophe » que fut pour les Palestiniens la création d'Israël sur les trois quarts de la Palestine historique.
« C'était une excellente visite au cours de laquelle le pape a apporté un soutien politique à la cause palestinienne et à un règlement basé sur deux États permettant la création d'un État palestinien indépendant », a déclaré M. Abbas à l'AFP, après avoir salué le pape à son départ.
Benoît XVI doit poursuivre son pèlerinage en Terre sainte aujourd'hui à Nazareth, en Galilée, où il célébrera une messe et s'entretiendra avec M. Netanyahu.