Dans les zones urbaines, ces investissements en capital fixe ont bondi de 30,5 % en glissement annuel sur les quatre premiers mois de l'année, a annoncé le Bureau national des statistiques.
Parallèlement, les exportations ont régressé pour le sixième mois consécutif, de 22,6 % sur un an en avril, même si les douanes ont relevé une reprise par rapport au mois précédent.
Ces tendances vont dans le sens du gouvernement, soucieux de compenser, en ces temps de crise mondiale, la chute brutale du commerce international ayant fait la richesse de la Chine, par l'accélération des investissements et de la consommation intérieure. Le rééquilibrage du modèle de croissance, « s'il a lieu, est forcé et non spontané car ce n'est pas la Chine qui décide de la demande étrangère », souligne Ma Jun, économiste de la Deutsche Bank à Hong Kong. Mais « effectivement, la croissance de 30 % des investissements en capital fixe reflète les mesures de relance de l'économie », ajoute-t-il.
Pékin a annoncé en novembre un plan de relance de l'économie de quelque 450 milliards d'euros sur deux ans fortement orienté vers les investissements, notamment dans les transports, le réseau électrique, ainsi que l'habitat social et le développement durable. Le gouvernement central ne financera directement que 30 % du plan, le reste étant à la charge des collectivités et des entreprises.
Significativement, depuis janvier, les investissements ont été portés par les entreprises publiques ou contrôlées par l'État : +39,3 %, une hausse jugée « impressionnante » par JP Morgan.
Les investissements ont notamment quasiment doublé dans les transports ferroviaires sur la période.
Pour Glenn Maguire, économiste de la Société générale à Hong Kong, les investissements en capital fixe « devraient continuer de croître à ce rythme élevé jusqu'à ce que l'on assiste à une certaine reprise de la demande extérieure, qui soutienne davantage la croissance » de l'économie. « Cela devrait durer au moins sur 2009 », dit-il.
« Les exportations faibles continuent de tirer à la baisse la croissance chinoise et nous nous attendons à ce que les investissements restent forts, voire s'accélèrent encore pour faire redécoller l'économie chinoise », renchérit Merrill Lynch dans une note.
La croissance chinoise a ralenti à +6,1 % sur un an entre janvier et mars, atteignant son pire niveau trimestriel en une décennie au moins. Toutefois au vu du rebond ces derniers semaines des investissements, de la production industrielle, et même de la consommation, des analystes jugent la Chine sur la voie de la reprise. « Malgré des exportations plus faibles que prévu en avril, nous restons confiants que la Chine puisse atteindre son objectif de 8 % de croissance cette année », a ainsi indiqué Merrill Lynch.
La Chine conserve un excédent commercial (75,43 mds de dollars depuis janvier), mais globalement, le volume de ses échanges décline (-22,8 % en avril).
Les Douanes ont toutefois mis l'accent hier sur une amélioration de la situation, soulignant que la baisse des échanges était inférieure de 1,9 point en avril à celle enregistrée au premier trimestre.
En outre, comparées à mars, importations et exportations ont toutes deux progressé en avril, respectivement de 15,1 % et 6,9 %.