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Économie - Liban - Développement

La microfinance, un marché encore largement sous-exploité

À l'occasion de la tenue à Beyrouth de la sixième conférence annuelle du réseau arabe de la microfinance, les experts ont mis l'accent sur la nécessité d'investir davantage dans les ressources humaines d'un secteur considéré comme indispensable dans la lutte contre la pauvreté.
Organisée à Beyrouth sous le thème « Le capital humain dans la microfinance : personne, passion et valeur », la sixième conférence annuelle du réseau des institutions de microfinance dans les pays arabes, Sanabel, a ouvert hier ses portes, en présence du ministre des Finances, Mohammad Chateh, du vice-gouverneur de la Banque centrale, Raed Charafeddine, ainsi que de plusieurs délégations venues de l'étranger pour participer à cet évènement, devenu incontournable pour les spécialistes du monde de la microfinance. Ce rendez-vous annuel a été l'occasion pour de nombreux intervenants de mettre l'accent sur l'importance du capital humain dans le développement du secteur et la nécessité de l'optimiser afin de doper l'efficacité de l'action menée contre la pauvreté. « En investissant davantage dans nos ressources humaines, à travers des sessions de formation, nous contribuerons sans doute à la croissance de cette industrie, encore sous-exploitée », a ainsi souligné Youssef Fawaz, président de Sanabel, estimant que le faible taux de pénétration constitue aujourd'hui le plus grand défi à surmonter. « L'industrie a connu une évolution exponentielle au cours des dix dernières années. Une centaine d'établissements spécialisés dans la microfinance à travers le monde arabe desservent aujourd'hui plus de trois millions de clients, contre quelque 500 000 en 2002, tandis que le montant global des prêts a augmenté de 50 millions de dollars à 1,5 milliard de dollars en l'espace de six ans. Malgré tous ces progrès, moins de 10 % de la demande régionale est satisfaite à l'heure actuelle », a-t-il indiqué, se basant sur des estimations selon lesquelles il y aurait plus de 70 millions d'emprunteurs potentiels dans les pays arabes. Pour les experts, cette faible pénétration est le résultat, entre autres, de l'absence d'une culture bancaire favorisant les microcrédits, les banques ne représentant d'ailleurs que 1 % de l'activité dans la région, selon une étude de Sanabel, alors que 95 % des crédits sont accordés par des ONG.

Le cas libanais
Au Liban, où près de 40 000 personnes bénéficient de microcrédits, la situation ne semble pas diverger de celle qui prévaut dans les autres pays de la région. « Le montant global des prêts consentis par les ONG dédiés à la microfinance s'élève à près de 30 millions de dollars, alors que la demande potentielle est estimée à 150 millions de dollars », a indiqué le président de Sanabel à L'Orient-Le Jour. Même si aucune estimation concernant les montants des microcrédits accordés par les banques commerciales n'est disponible, ces chiffres reflètent néanmoins le fossé existant entre l'offre et la demande sur le marché local. Le développement de ce secteur au cours des dernières années, même s'il reste timide, a toutefois contribué à « mieux lutter contre l'exode rural, l'émigration et la pauvreté au Liban », a estimé pour sa part le vice-gouverneur de la BDL, Raef Charafeddine, rappelant les principales mesures prises par la Banque centrale pour créer un environnement propice à l'expansion de la microfinance, notamment à travers l'attribution d'exemptions partielles sur les réserves obligatoires aux banques. Un avis qui ne semble toutefois pas faire l'unanimité. Pour Youssef Fawaz, « ces mesures ont certes permis de mettre en place un cadre indispensable au décollage de la microfinance, mais elles ne sont pas suffisantes ». « La BDL devra agir en adoptant de nouvelles mesures susceptibles d'augmenter la visibilité des prêteurs, en abaissant, par exemple, le plafond de déclaration à la centrale des risques afin d'y inclure les microcrédits », a-t-il indiqué à L'Orient-Le Jour.

Impact de la crise
En attendant, les experts espèrent du moins que le secteur ne subira pas de plein fouet les répercussions de la crise mondiale et de l'assèchement des liquidités qui en a découlé. « Pour l'instant, un ralentissement de la croissance du nombre et de la valeur des crédits a été constaté, mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur le degré de résilience », a souligné le directeur du département de microfinance au sein de Citigroup, Bob Annibale. Selon un sondage élaboré par le groupe, basé sur un échantillon de 100 institutions à travers le monde, 52 % des agents ont reporté avoir déjà des contraintes de liquidités tandis que 66 % ont affirmé encourir le risque d'ici à six mois, a souligné Annibale. En outre, 69 % des institutions sondées ont répondu positif à la question de savoir si les portefeuilles à risque augmentaient en nombre, a-t-il ajouté. Selon le directeur de Citigroup, « la chute des flux de capitaux à destination des pays émergents, amorcée en 2008, risque en effet de porter préjudice à l'activité des institutions de microfinance dans cette zone du monde ». Ces flux avaient déjà baissé de 400 milliards de dollars en 2007 à 167 milliards de dollars l'an dernier. Quant à 2009, la balance risque d'être négative, a-t-il ajouté. En parallèle, la hausse du coût de financement, due à l'assèchement des liquidités sur le marché mondial, combinée à une chute des transferts d'émigrés, pourrait compliquer davantage la situation, a estimé pour sa part la présidente de l'organisation Women's World Banking (WWB), Mary Ellen Iskenderian. La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) sera toutefois moins affectée que d'autres zones émergentes, ont conclu les experts.
Organisée à Beyrouth sous le thème « Le capital humain dans la microfinance : personne, passion et valeur », la sixième conférence annuelle du réseau des institutions de microfinance dans les pays arabes, Sanabel, a ouvert hier ses portes, en présence du ministre des Finances, Mohammad Chateh, du vice-gouverneur de la Banque centrale, Raed Charafeddine, ainsi que de plusieurs délégations venues de l'étranger pour participer à cet évènement, devenu incontournable pour les spécialistes du monde de la microfinance. Ce rendez-vous annuel a été l'occasion pour de nombreux intervenants de mettre l'accent sur l'importance du capital humain dans le développement du secteur et la nécessité...
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