« Le Premier ministre m'a assuré que son gouvernement était engagé à parvenir à la paix. Je lui ai dit de mon côté que l'Égypte attendait des positions positives reflétant cet engagement et réalisant la paix (...) en suivant la solution à deux États », a déclaré M. Moubarak. « La paix est réalisée par les forts, ceux qui ont le courage de prendre des décisions difficiles et qui sont capables d'appliquer leurs engagements », a-t-il lancé. Mais M. Netanyahu a éludé cette question, se bornant à dire : « Nous voudrions reprendre dès que possible les négociations avec les Palestiniens et j'espère qu'elles reprendront dans les semaines à venir. » « Nous voudrions étendre la paix d'abord avec nos voisins palestiniens. Nous souhaitons qu'Israël et les Palestiniens vivent avec des perspectives de paix, de sécurité et de prospérité », a-t-il ajouté. « Ces trois choses vont ensemble, et non pas l'une aux dépens de l'autre », a-t-il encore dit lors de sa première visite à l'étranger depuis son entrée en fonctions le 1er avril. Cette visite à Charm el-Cheikh, dans le Sinaï égyptien, vise à préparer son entretien avec le président américain, Barack Obama, le 18 mai à Washington.
Les deux dirigeants s'exprimaient lors d'une brève conférence de presse commune à l'issue de plus de deux heures de discussions. Selon M. Moubarak, lui aussi attendu prochainement aux États-Unis, les deux dirigeants ont discuté de la trêve dans la bande de Gaza et des efforts en vue de favoriser un échange de prisonniers entre Israéliens et Palestiniens, ainsi que de la « colonisation et ses conséquences négatives sur les opportunités de paix ».
Réagissant aux déclarations de M. Netanyahu, le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé qu'elles étaient « sans valeur et ne conduiront pas à un règlement ». « Nous voulons l'application d'un règlement sur le terrain et non pas nous engager dans de nouvelles négociations », a ajouté le porte-parole, Nabil Abou Roudeina, dans une déclaration à l'AFP à Ramallah, en Cisjordanie. Il a exclu toute reprise des négociations avec Israël sans que celui-ci « accepte le règlement basé sur deux États, arrête la colonisation et lève les barrages ».
Les relations entre le Premier ministre israélien, un « faucon », et M. Moubarak étaient tendues lors du premier mandat de M. Netanyahu de 1996 à 1999, mais l'Égypte est le seul État arabe avec la Jordanie à avoir signé la paix avec l'État hébreu. Le Caire soutient la création d'un État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza après un retrait d'Israël des territoires conquis en 1967, et exige l'arrêt de la colonisation ainsi qu'un retrait d'Israël du plateau syrien du Golan. Le gouvernement Netanyahu écarte ces retraits, n'envisage pas la création d'un État palestinien souverain et entend poursuivre la colonisation en Cisjordanie.
Mais le gouvernement israélien estime possible de renforcer les liens avec des pays arabes comme l'Égypte et la Jordanie face à l'Iran, que M. Netanyahu considère comme le plus grand obstacle à la paix dans la région. « Puisque Israël et l'Égypte cherchent tous deux un avenir d'espoir et de paix, nous devons renforcer la coopération entre nous » face aux « éléments menaçant la stabilité du Moyen-Orient », a déclaré M. Netanyahu. « C'est une lutte entre modérés et extrémistes », a-t-il estimé.
En outre, Israël et l'Égypte se sont mis d'accord pour reprendre les contacts en vue d'un échange de prisonniers avec le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza, a-t-on appris de source officielle israélienne. M. Moubarak a assuré M. Netanyahu que le chef des services de renseignements égyptiens, Omar Souleimane, « allait reprendre immédiatement les négociations » en vue d'un échange de prisonniers. L'Égypte sert de médiateur entre Israël et le Hamas dans les négociations pour la libération du soldat Gilad Shalit. M. Netanyahu doit désigner la semaine prochaine un nouveau négociateur à la place d'Ofer Dekel, qui avait démissionné en avril, selon cette source. En mars, Israël avait rejeté les conditions posées par le Hamas pour la libération du militaire en échange de centaines de prisonniers palestiniens dont plusieurs dizaines sont impliqués dans des attentats meurtriers.