Les États-Unis ont annoncé hier l'attribution d'une aide d'urgence de 4,9 millions de dollars aux familles déplacées. Cet argent servira à acheter des tentes, couvertures, matériel de couchage et équipements pour cuisiner, a indiqué l'ambassade à Islamabad qui n'a pas exclu une aide supplémentaire si nécessaire.
De son côté, le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani, a assuré hier qu'une conférence internationale de donateurs se réunirait bientôt à Islamabad pour faire face à l'afflux de réfugiés. Il n'en a toutefois fixé ni la date ni les modalités, ni indiqué qui y participerait.
Les talibans s'étaient emparés il y a deux ans de la vallée de Swat, le site le plus touristique du pays, et l'armée n'avait jamais réussi à les en déloger durablement. À la mi-février, Islamabad avait signé un accord de paix en vertu duquel les talibans acceptaient un cessez-le-feu en échange de l'instauration, à Swat et dans six autres districts, de tribunaux islamiques. Mais loin de déposer les armes, les combattants islamistes avaient profité du cessez-le-feu pour pousser leur avantage sur le terrain en s'emparant des districts voisins du Lower Dir et de Buner, à une centaine de km d'Islamabad. Sous la forte pression de Washington, qui qualifiait l'accord de Swat d'« abdication » face aux islamistes, Islamabad a lancé il y a quinze jours son armée dans une vaste opération de reconquête du Lower Dir, de Buner puis de Swat. À ce jour, au fil de bilans quotidiens impossibles à vérifier de sources indépendantes, l'armée a assuré avoir tué au moins 780 talibans et perdu seulement une vingtaine d'hommes. Par ailleurs, les militaires ont assuré avoir tué pendant les dernières 24 heures près de 52 de ces combattants islamistes liés à el-Qaëda, sans qu'il soit possible de vérifier.
Sous les bombes des avions et des hélicoptères de l'armée et la menace des talibans qui résistent, « les gens sont piégés dans une zone fantôme où ils sont livrés à eux-mêmes, sans aucune assistance », a déploré M. Bessler. La nourriture se fait rare à Swat et les hôpitaux sont sous-équipés, a averti le responsable onusien.
Dans la matinée, près de Dara Adam Khel, plus au sud, un kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs sur un poste de contrôle routier tenu par des militaires. Deux soldats et huit civils, dont une fillette de six ans, ont été tués, selon des sources militaires. Le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d'attentats-suicide pour la plupart - qui ont tué plus de 1 800 personnes en plus d'un an et demi. Les talibans pakistanais ont déclaré pendant l'été 2007 le jihad, la « guerre sainte », à Islamabad pour son soutien à la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001.