Ce changement de ligne s'est matérialisé par l'abrogation d'un document de référence du département de la Justice publié en septembre, qui expliquait comment interpréter les règlements sur la concurrence.
« Je pense que les conclusions du rapport manquent leur cible, voilà pourquoi nous l'abrogeons. Sa principale faiblesse est qu'il érige trop d'obstacles aux efforts du gouvernement pour faire appliquer les lois antitrust », a souligné l'adjointe du secrétaire à la Justice en charge des Dossiers de concurrence, Christine Varney, lors d'une conférence à Washington.
Son retrait « constitue un changement de philosophie et la meilleure façon de faire savoir à tout le monde que la division antitrust (du département) engagera des poursuites avec détermination quand des monopoles tenteront d'utiliser leur domination sur le marché pour étrangler la concurrence et nuire aux consommateurs », a-t-elle fait valoir.
Durant sa campagne présidentielle, M. Obama avait reproché au président Bush de partir avec l'un des pires bilans de l'histoire en matière de défense du consommateur.
Le New York Times relevait hier qu'aucune plainte contre un monopole n'avait été engagée sous la présidence de ce dernier (2001-2009). Alors que, dans les années 1990, les jugements les plus spectaculaires aux États-Unis pour défendre la concurrence - comme ceux à l'encontre de Microsoft et d'Intel - avaient été à l'initiative du département de la Justice.
Mme Varney a souligné qu'il était « temps de faire plus d'efforts ». « La surveillance passive des acteurs des marchés n'est pas parmi les choix. La lutte contre les monopoles doit être l'une des choix prioritaires dans la réaction plus globale de l'État contre la crise économique », a-t-elle souligné.
L'administration Obama hérite de dossiers délicats dans l'informatique et l'Internet, deux secteurs qui ont connu sous la présidence Bush un essor considérable.
Le fabricant de microprocesseurs Intel devrait être frappé demain par une lourde sanction de l'Union européenne pour abus de position dominante. Interrogée sur cette procédure, Mme Varney a refusé tout commentaire, indiquant seulement que les États-Unis se tenaient « prêts à faire respecter avec détermination (leurs) lois ».
Microsoft et IBM sont également poursuivis pour les mêmes raisons en Europe.
« À un moment où nous nous dirigeons vers une économie mondialisée, je pense que vous allez nous voir coopérer étroitement avec d'autres autorités de la concurrence. Et il ne faut pas s'attendre à obtenir de meilleurs résultats dans une juridiction que dans une autre », a ajouté la responsable.
La domination croissante de Google dans l'Internet est une autre source de préoccupation. Mme Varney a aussi été interrogée sur la possibilité de s'attaquer à ce géant.
« En Amérique, nous récompensons la réussite. Et j'applaudis les entreprises qui ont connu un grand succès, en particulier dans les technologies ces dix dernières années. Mais ce que j'essaie de dire, c'est que quand vous connaissez la réussite, que vous avez un certain pouvoir sur le marché, vous devez être attentif aux règles », a-t-elle répondu.
Une organisation d'opposants aux monopoles dans la haute technologie, la Computer and Communications Industry Association, s'est félicitée de ces annonces.
« Il est clair qu'il y a un nouveau shérif en ville. Il y a tellement de choses qui ont été ignorées par l'administration précédente que l'essentiel du travail va consister à rattraper le temps perdu », a-t-elle relevé.