Des cinq candidats arméniens sélectionnés pour les six sièges officiels distribués sur quatre circonscriptions, le Tachnag n'a d'ailleurs choisi qu'un seul membre du parti, Hagop Pakradounian, au Metn, les autres étant des sympathisants ou des proches, en tout cas généralement des hommes d'affaires influents, et ceci dans le but d'élargir son champ d'influence au sein de la communauté arménienne.
Mais maintenant que les négociations avec le Courant du futur ont échoué, c'est un véritable bras de fer qui se joue entre ce parti et les autres partis arméniens, notamment le Ramgavar et le Henchag, qui revendiquent leur part de représentativité au sein de la communauté, sous la bannière de Hariri.
Selon les listes électorales actuelles, il y aurait 15 059 arméniens-orthodoxes et 4 837 arméniens-catholiques dans la première circonscription de Beyrouth, où le Tachnag a présenté deux candidats sur la liste de l'opposition, Freij Sabounjian et Grégoire Kaloust. Autrement dit, dans cette circonscription, les voix arméniennes avoisineraient les 20 000, mais en général, moins de la moitié d'entre elles vont dans les urnes.
À Zahlé, les voix arméniennes atteignent 10 000 avec 8 362 arméniens-orthodoxes et 1 794 arméniens-catholiques, et c'est le député actuel Georges Kassarji qui est le candidat Tachnag sur la liste de l'opposition menée par le ministre de l'Agriculture Élias Skaff. Au Metn, les électeurs arméniens sont plus de 30 000 avec 25 508 arméniens-orthodoxes et 6 889 arméniens-catholiques. Mais là aussi, près de la moitié seulement des électeurs inscrits se dirigent vers les urnes, car de nombreux arméniens dont les noms figurent sur les listes vivent à l'étranger.
Le Tachnag annonce toutefois qu'il compte réaliser une mobilisation sans précédent pour bien montrer qu'il ne peut être ignoré, comme cela a été le cas aux cours des deux derniers scrutins législatifs en 2000 et 2005, lorsqu'il a été totalement écarté de la capitale, perdant ainsi quatre des six sièges arméniens au Parlement. Des sources proches de ce parti justifient son choix politique dans les rangs de l'opposition par le fait que la majorité actuelle ne considère les Arméniens que comme des chiffres électoraux et ne leur reconnaît pas le poids politique auquel ils aspirent. Ces sources qualifient ainsi les négociations menées avec Saad Hariri en présence (ou sous l'égide) de Michel Murr de peu sérieuses, car elles ne portaient pas sur le fond du problème et encore moins sur un programme politique, mais se limitaient à accorder au Tachnag quatre des six sièges en contrepartie du vote de ses électeurs en faveur des listes de la majorité. Koraytem a démenti ces informations, assurant qu'un accord avait été pratiquement conclu, mais que le Tachnag s'est rétracté à la dernière minute.
Quelle que soit la bonne version des faits, le parti Tachnag a donc fait son choix et il intègre désormais les listes de l'opposition, conservant une petite latitude en faveur de Michel Murr au cas où ce dernier parviendrait à convaincre la majorité de ne pas faire figurer un candidat arménien sur sa liste au Metn. Car, dans ce cas, il se verra dans l'obligation de ne pas voter pour Murr lui-même. C'est d'ailleurs la première fois que ce parti prend aussi clairement parti en faveur d'un camp contre un autre. Mais il affirme qu'il s'agit pour lui d'une bataille d'existence, face aux tentatives de réduire son influence, voire de l'ignorer. Mais cela n'empêchera pas ses députés, une fois au Parlement, de défendre la politique qui a toujours été celle du parti, c'est-à-dire favorable à la légalité libanaise, représentée par les institutions constitutionnelles. Au-delà donc d'une bataille entre la majorité et l'opposition, l'enjeu pour le Tachnag est une bataille pour la représentativité de la communauté.
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