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Actualités - OPINION

En toute liberté L’équilibre manquant de Fady Noun

Rythmé par les voyages du président de la République et les réunions du Conseil des ministres, la vie publique avance, d’un pas lent de mulet, vers un scrutin qui doit être la source d’une nouvelle légitimité républicaine. Mais ça ne va pas vraiment. À côté de quelques développements positifs, comme les nominations au Conseil d’État et au Conseil supérieur de la magistrature, d’autres jugés positifs restent marqués du sceau de l’ambiguïté, tandis que certaines données, comme l’argent politique et les armes, constituent autant de facteurs déformants qui menacent de fausser le scrutin que nous attendons tous comme la condition de rétablissement de notre démocratie. Pour nous en avertir, des constats désabusés sont lâchés, comme par inadvertance, par certains ministres. Tarek Mitri affirmait l’autre jour à la radio que nous glissons imperceptiblement vers un régime d’Assemblée, dans la mesure où le gouvernement n’est qu’un Parlement miniature et que les décisions gouvernementales sont soumises à la règle de l’unanimité, du consensus. Il s’agit d’une conséquence directe de l’accord de Doha, qui a pratiquement suspendu la Constitution, et a posé de nouvelles règles de jeu. Cette anomalie est elle-même un résultat du blocage, par la violence ouverte ou contenue, des institutions, par le Hezbollah, le mouvement Amal et le Courant patriotique libre (CPL), agissant de connivence. Certes, l’accord de Doha a du bon. La vie politique a repris un semblant de teint avec l’élection du président Michel Sleiman. Mais à cause de cet accord, cette vie reste déformée et M. Mitri, cité plus haut, souhaite que cette expérience ne soit pas rééditée, passées les législatives. Qu’attendre d’ici là ? Pas grand-chose, assure-t-il, et on n’a pas de peine à le croire, à voir les prodiges d’équilibre déployés par le président Sleiman pour « sauver les meubles ». On l’a vu hier, le « dialogue national », une structure établie en marge des institutions constitutionnelles, piétine visiblement. On a l’impression que le président Sleiman ne l’organise, d’un mois à l’autre, que pour la forme, en attendant les élections. Il a dit qu’il le ferait : il tient parole, mais sans illusion. Du reste, ce dialogue ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes. L’essentiel en a été posé en 2006, avant la guerre israélienne contre le Hezbollah. Depuis, aucun progrès n’a été vraiment réalisé sur ce dossier, et il est permis de douter de la possibilité d’un consensus au sujet d’une « stratégie de défense ». Dès 2006, il était évident que ce serait très mal connaître le Hezbollah que de croire qu’il va se laisser baratiner au point de soumettre ses armes à une autre décision que la sienne. La guerre de juillet et les deux années qui l’ont suivie n’ont fait que renforcer cette conviction. Le Hezbollah se soumettra à l’État dans un cas et un seul : quand il aura réussi son coup d’État. C’est-à-dire jamais. Sur ce plan, ce n’est pas au président Sleiman, mais à l’histoire, qu’il faudra s’en remettre pour voir un nouvel équilibre s’instaurer. Par contre, c’est à la règle du consensus, assortie du droit de veto, qu’on doit la récente désignation, en Conseil des ministres, de la haute autorité chargée de superviser les élections législatives. Gageons que ce phénomène se reproduira avec la nomination, en Conseil des ministres, des cinq membres restants du Conseil constitutionnel. D’excellents magistrats et juristes ont été élus, mercredi dernier, par la Chambre. Un seul défaut dans ces nominations : le manque d’équilibre. Il en faudra pour faire du Conseil constitutionnel ce qu’il doit être : un modèle d’impartialité et de neutralité politique. Ce serait une erreur, en effet, de chercher à reproduire, au sein de nos institutions judiciaires et administratives, des clivages qui doivent être confinés à nos institutions politiques. C’est de cette manière que nos institutions seront reconstituées et un minimum de confiance rétabli entre des formations politiques qui s’accusent les unes les autres d’être passées à l’ennemi.
Rythmé par les voyages du président de la République et les réunions du Conseil des ministres, la vie publique avance, d’un pas lent de mulet, vers un scrutin qui doit être la source d’une nouvelle légitimité républicaine.
Mais ça ne va pas vraiment. À côté de quelques développements positifs, comme les nominations au Conseil d’État et au Conseil supérieur de la...