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Actualités - CHRONOLOGIE

Agriculture Pour une meilleure exportation agricole, une amélioration des produits Suzanne BAAKLINI

Patrick Laurent, chef de la Délégation de la Commission européenne au Liban, a effectué hier une tournée à Zahlé et dans le Hermel, à la veille de la clôture d’un projet sur le développement de l’agriculture (ADP), pour constater les progrès effectués dans plusieurs coopératives. Un bilan positif. L’agriculture n’est plus une simple question d’habitudes séculaires, héritées de génération en génération. Elle profite aujourd’hui pleinement des nouvelles technologies qui viennent au secours de l’agriculteur, afin de lui permettre de mieux gérer ses terrains et d’exporter (ou vendre sur le marché local) un produit de meilleure qualité. C’est dans cette optique que se place l’ADP, qui arrive à son terme à la fin de ce mois après un périple de plus de trois ans. Roula Abbas, directrice du projet à la Commission, précise que le budget initial était de dix millions d’euros, auxquels il a fallu ajouter deux millions apportés par le ministère de l’Agriculture, mais en espèces (d’ailleurs tous les fonds passent par le ministère, un partenaire essentiel du projet). Elle explique que le projet se fonde sur trois composantes essentielles, la première étant d’améliorer la qualité de la production dans l’objectif principal d’augmenter les revenus des agriculteurs. Cette étape a supposé une collaboration avec l’IRAL et a conduit, entre autres, à la création de stations agrométéorologiques qui devraient fournir aux agriculteurs des informations fréquentes sur des sujets importants, comme les maladies de saison. La seconde composante est celle de la commercialisation, en vertu de laquelle, avec la Fédération des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture, une newsletter comportant des données simplifiées a été créée. Un logiciel plus sophistiqué, le « Market Information System » (MIS), a été mis au point et est en cours d’utilisation (il restera en vigueur même après la fin du projet) : ce logiciel, installé jusqu’à nouvel ordre dans les Chambres de commerce avant d’être confié aux coopératives, sera une sorte de banque de données sur ces coopératives (récoltes, exportation…). La troisième composante, toujours selon Roula Abbas, a porté directement sur les projets proposés par les coopératives agricoles. Elle reconnaît qu’il y a eu des débuts difficiles, mais, finalement, une quarantaine de coopératives ont profité de l’ADP, réalisant des projets comme des pressoirs à olive, des lacs artificiels, l’achat d’équipements pour développer l’industrie agroalimentaire… À savoir que ces projets ont été financés par l’UE à hauteur de 40 %, les 60 % restants ayant été apportés par les coopératives elles-mêmes. Des progrès, mais des problèmes de commercialisation Ce sont de tels projets dans les coopératives, qui ont été visités hier par la Délégation de la Commission européenne. À Zahlé, la première étape, Patrick Laurent a été rejoint par le ministre de l’Agriculture Élias Skaff, dans la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Zahlé. Le président de la Chambre, Edmond Jreissati, a décerné, à cette occasion, une plaque commémorative à M. Laurent. Les ingénieurs de la Chambre ont fait une démonstration de l’utilisation du logiciel MIS. Quant à M. Skaff, il a annoncé des projets de lacs artificiels, mais a déploré le laxisme de l’État qui continue d’allouer un budget minimum à cette administration. Sur la route du Hermel, le convoi s’est arrêté au village de Jabbouleh, où la coopérative locale a équipé une usine pour la confection de confitures à partir des fruits de la région. Au Hermel même, deux coopératives ont présenté les résultats de leurs efforts, l’une ayant profité du don pour planter des hectares d’oliviers et d’amandiers, l’autre pour créer un pressoir. Les échos récoltés auprès des coopératives font état d’une satisfaction certaine concernant les résultats du projet, mais également de graves problèmes de commercialisation et de marketing. À Jabbouleh, la présidente de la coopérative, Jihad Succariyé, déplore les difficultés à trouver les fonds nécessaires pour faire tourner l’usine à plein régime et pour mieux commercialiser les confitures. Devant le pressoir, au Hermel, un agriculteur, Ali Amro, explique combien la proximité d’un pressoir a facilité la vie des cultivateurs d’olive, mais dénonce lui aussi les problèmes de commercialisation. En fin de tournée, M. Laurent, son épouse et le reste de la Délégation ont été conviés à un déjeuner à Baalbeck par l’ancien président du Parlement, Hussein Husseini, qui s’est enquis des détails du projet. Laurent : Un « ADP2 » en 2010 En marge de cette tournée, Patrick Laurent nous a confié ses réflexions sur le secteur agricole au Liban, n’excluant pas la possibilité d’un « ADP2 », qui serait lancé en 2010, avec un montant non encore fixé. Il rappelle que ce « premier grand programme agricole » était exigeant parce qu’il demandait aux coopératives de s’acquitter de 60 % des coûts, ce qui a permis de reconnaître les institutions réellement motivées. « Ce que je ressens personnellement, c’est qu’il y a un potentiel pour l’agriculture libanaise, poursuit-il. Mais, en même temps, il faut être réaliste. Il ne sera pas possible de retourner à l’agriculture des années 70 au Liban, mais il faut utiliser l’économie réelle, dans sa dimension agricole, comme moyen de “ fixer ” les emplois sur l’ensemble du territoire, dans les milieux ruraux. Le Liban, avec sa spécificité communautaire, gagnerait à évoluer dans cette direction-là, c’est-à-dire utiliser les politiques économiques dans le but d’enrichir tout le monde et faire en sorte que tout le monde s’y retrouve. » Selon M. Laurent, il faudrait se tourner vers des productions agricoles « de niche », avec une forte valeur ajoutée, des produits de qualité plutôt qu’une production de masse. « Ce qui me frappe au Liban, c’est qu’il y a une architecture à construire, constate-t-il. Sans cette architecture, on ne peut rien faire de sérieux, mais seulement des actions ponctuelles. Ce qu’on a fait à travers l’ADP, c’est faire prendre conscience aux gens de leur potentiel réel. » Il ajoute : « Pour moi, tout gouvernement libanais, quelle que soit sa couleur politique, a le choix ; il peut faire une politique économique réelle, ce qui ne veut pas dire de s’opposer à l’économie basée sur les services. Il s’agirait d’utiliser la force acquise par les services financiers bancaires – l’économie bancaire libanaise représente quatre fois le PNB libanais –, un secteur qui peut trouver un rôle substantiel dans la réalisation d’un grand progrès social dans l’économie réelle. » Peut-on intéresser les banques à ce domaine ? « Pour cela, il faut que les PME et les coopératives agricoles se professionnalisent en construisant de bons projets, estime-t-il. C’est là que le système bancaire libanais acceptera d’y rentrer, non pour gagner beaucoup d’argent mais pour faire une politique économique dont il commence à comprendre qu’à terme, elle va atténuer les antagonismes confessionnels. »
Patrick Laurent, chef de la Délégation de la Commission européenne au Liban, a effectué hier une tournée à Zahlé et dans le Hermel, à la veille de la clôture d’un projet sur le développement de l’agriculture (ADP), pour constater les progrès effectués dans plusieurs coopératives. Un bilan positif.
L’agriculture n’est plus une simple question d’habitudes séculaires, héritées de génération en génération. Elle profite aujourd’hui pleinement des nouvelles technologies qui viennent au secours de l’agriculteur, afin de lui permettre de mieux gérer ses terrains et d’exporter (ou vendre sur le marché local) un produit de meilleure qualité. C’est dans cette optique que se place l’ADP, qui arrive à son terme à la fin de ce mois après un périple de plus de trois ans.
Roula Abbas, directrice du...