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les journalistes inquiets pour l’avenir de leur profession George ACHI

L’absence d’une poignée de journalistes au 3e Forum de la presse arabe indépendante, qui s’est ouvert hier à Beyrouth, a immédiatement montré tout l’enjeu de cet événement. Les écrivains tunisiens Litfi Hidouri et Mohammad Abbou, le Saoudien Fouad al-Farhan, auteur d’un blog sur Internet, et le journaliste syrien Mazen Darwish n’ont pas pu embarquer à bord de leur avion à destination du Liban : les autorités de leurs pays respectifs ont voulu les empêcher de participer à cette rencontre, qui dénonce les atteintes à la liberté de la presse dans le monde arabe. Dans ces pays, semble-t-il, les journalistes ne sont pas agressés par de jeunes militants déboussolés, mais par les États eux-mêmes. Les thèmes abordés lors du Forum, organisé par l’Association mondiale des journaux et an-Nahar, ont en effet de quoi déranger les dirigeants syriens, saoudiens, tunisiens et d’autres régimes autoritaires qui souhaitent garder le contrôle de leur presse nationale. La première conférence, hier matin, visait à faire la lumière sur « les tactiques gouvernementales qui entravent la presse arabe indépendante ». Ibrahim Essa, rédacteur en chef du journal égyptien al-Dostour, y a participé en décrivant le sort scandaleux réservé aux médias de son pays – M. Essa dénonce cette situation depuis plusieurs années déjà, et a évidemment écopé de plusieurs peines de prison en Égypte pour son manque de complaisance à l’égard du gouvernement. La constatation qui fait l’unanimité des débats depuis hier est la suivante : la situation de la presse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord continue de se détériorer, malgré les quelques mouvements de « libération » des journalistes qui voient régulièrement le jour avant d’être rapidement étouffés. Il est difficile de résumer l’ensemble des problèmes auxquels la presse est confrontée : absence de lois qui protègent explicitement les journalistes, monopole de l’information par le pouvoir, manque de moyens financiers, faiblesse de la diffusion – un ensemble de facteurs qui contribuent à ce malaise. Les journalistes sont souvent accusés par les gouvernements de complicité avec des groupes anarchistes ou terroristes ; ce prétexte permet de les jeter en prison sans plus de manières, au nom de la sûreté de l’État. Le développement d’Internet est un moyen parmi d’autres de contourner les atteintes faites à la liberté d’expression : des citoyens de plusieurs pays arabes ont trouvé dans les blogs un moyen de s’informer et d’exprimer librement leurs opinions politiques. Ce phénomène pose certes le problème de la légitimité des auteurs, qui revendiquent parfois le titre de journaliste sans satisfaire toutes les exigences de la profession, mais il constitue un espoir de survie pour le débat politique dans les dictatures. « Le nouveau visage du blogging arabe » était le thème du second débat d’hier – l’Arabie saoudite s’est empressée d’empêcher son ressortissant Fouad al-Farhan, l’un des rares bloggueurs à avoir eu l’audace de publier sous son propre nom, d’y participer.
L’absence d’une poignée de journalistes au 3e Forum de la presse arabe indépendante, qui s’est ouvert hier à Beyrouth, a immédiatement montré tout l’enjeu de cet événement. Les écrivains tunisiens Litfi Hidouri et Mohammad Abbou, le Saoudien Fouad al-Farhan, auteur d’un blog sur Internet, et le journaliste syrien Mazen Darwish n’ont pas pu embarquer à bord de leur avion à destination du Liban : les autorités de leurs pays respectifs ont voulu les empêcher de participer à cette rencontre, qui dénonce les atteintes à la liberté de la presse dans le monde arabe.
Dans ces pays, semble-t-il, les journalistes ne sont pas agressés par de jeunes militants déboussolés, mais par les États eux-mêmes. Les thèmes abordés lors du Forum, organisé par l’Association mondiale des journaux et an-Nahar, ont en effet...