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Les prosyriens farouchement opposés à l’émergence d’une troisième force L’éclairage de Philippe Abi-Akl

Le pays politique baigne déjà dans un climat électoral. Bien qu’en principe l’échéance n’est pas prévue avant le premier dimanche de juin. Et bien que les protagonistes ne doivent abattre leurs cartes, annoncer leurs listes, qu’en février. Le premier round actuel ne se limite pas à tourner autour de l’adversaire pour l’observer, comme cela se voit sur un ring de boxe, mais il s’accompagne de vives escarmouches. Surtout de la part des prosyriens, qui luttent sur deux fronts : contrer les loyalistes, bien sûr, mais également tenter d’empêcher l’émergence d’une troisième force, d’un bloc centriste consistant, rassemblé derrière le régime. L’opposition affirme déceler des tensions au sein du 14 Mars. Un ancien député soutient, à ce propos, que les loyalistes, certains de courir à la défaite, commencent à s’accuser les uns les autres. Il y voit une preuve dans les récentes déclarations réticentes de Joumblatt. Mais les majoritaires rendent à leurs vis-à-vis la monnaie de leur pièce en relevant qu’en se référant aux sondages, les prosyriens ont tout lieu de craindre d’avoir à payer le prix de la guerre de juillet, comme de l’invasion de Beyrouth en mai et, encore plus, de la crise prolongée qu’ils ont fait subir au pays avant Doha, à travers le retrait de leurs ministres, pour faire plaisir aux Syriens affolés par le tribunal international. Puis à travers l’occupation du centre-ville, les incidents sanglants, les grèves, les manifestations, le blocage de la présidentielle, etc. Cette passe d’armes préoccupe cependant moins les prosyriens que la menace, selon leurs termes, d’un fort bloc indépendant, ou centriste, animé de l’esprit du régime. Car, à leurs yeux, cette assiette parlementaire ne peut se constituer qu’à leurs dépens, Aoun étant évidemment le plus ciblé. Ils s’inquiètent, de plus, de l’identité de vues idéologique entre souverainistes du 14 Mars et étatistes républicains proches du régime, tous restant proches des constantes défendues par Bkerké. Et pensent que, par la suite, ce centre-arbitre se rangerait fréquemment aux côtés de l’actuelle majorité. Un cadre du 8 Mars confirme que l’émergence d’un courant présidentiel républicain affecterait ipso facto le potentiel populaire de la contestation. Notamment du côté de Michel Aoun, en pays chrétien. Ce pôle reconnaît que la ligne suivie par le CPL peut lui valoir l’incompréhension, sinon le ressentiment, de beaucoup de sympathisants initiaux. Surtout face à la puissance d’attraction du seul terme d’État de droit souverain, apanage premier de la présidence. Il reconnaît qu’il va être difficile au général Aoun, confronté à un refus de Berry, de récupérer, pour compenser, quelques sièges chrétiens extra-zone, du côté de Jezzine, du Zahrani ou de la Békaa-Nord. Les loyalistes, pour leur part, n’ont rien contre un bloc centriste potentiel. Ils jugent qu’en démocratie, il a toute sa place. Parce que les valeurs nationales seraient mieux, et plus diversement, défendues. Mais aussi parce qu’il servirait de force d’interposition, de tampon protecteur, de facteur d’apaisement, dans les conflits. Ils ajoutent que la présidence ne serait plus affaiblie et serait en mesure non seulement d’arbitrer mais encore de corriger les dérives. Les majoritaires, se référant à Carter que le Hezbollah a débouté, s’étonnent enfin du rejet par les prosyriens de toute idée d’observateurs extérieurs pour les élections. Ils soulignent que ces missions objectives existent en saine démocratie partout, même dans les pays les plus évolués. Pour eux, il est clair que ce refus opposant cache une intention de truquer le jeu, ou de s’imposer par l’intimidation armée.
Le pays politique baigne déjà dans un climat électoral. Bien qu’en principe l’échéance n’est pas prévue avant le premier dimanche de juin. Et bien que les protagonistes ne doivent abattre leurs cartes, annoncer leurs listes, qu’en février. Le premier round actuel ne se limite pas à tourner autour de l’adversaire pour l’observer, comme cela se voit sur un ring de boxe, mais il s’accompagne de vives escarmouches. Surtout de la part des prosyriens, qui luttent sur deux fronts : contrer les loyalistes, bien sûr, mais également tenter d’empêcher l’émergence d’une troisième force, d’un bloc centriste consistant, rassemblé derrière le régime.
L’opposition affirme déceler des tensions au sein du 14 Mars. Un ancien député soutient, à ce propos, que les loyalistes, certains de courir à la défaite,...