J’ai souvent entendu dire que personne n’était irremplaçable… J’y ai cru. Et puis Gebran Tuéni est tombé et j’ai réalisé que je m’étais trompée. Trois ans déjà, et le silence de ses mots est toujours aussi cruel et l’injustice de sa mort toujours aussi révoltante. À chaque crime, à chaque atteinte à la presse, je me demande ce que Gebran Tuéni aurait dit et écrit pour répondre aux infamies. Unique est son discours du 14 mars, et c’est d’ailleurs bien le seul dont on se souvienne, peut-être parce qu’il exprimait tout le patriotisme de son orateur, toute sa ferveur pour un Liban uni et en paix avec lui-même. Peut-être parce qu’il n’était pas politicien, mais tout simplement libanais jusqu’au bout des ongles avec pour seul rêve un Liban libre de terre et de pensée qui serait l’exemple à suivre. En passant devant l’immeuble d’an-Nahar, une grande photo m’interpelle, Gebran est là et j’ai juste envie de lui dire : reviens, reviens parce qu’il est des grands hommes tout simplement irremplaçables. Article paru le vendredi 12 décembre 2008