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Rencontre Walid Khoury : « Je suis membre du Bloc du changement et proche du président » Scarlett HADDAD

Dans l’atmosphère trouble qui précède les élections et alors que les rumeurs sur la création d’un bloc parlementaire rattaché au président de la République se multiplient, Walid Khoury vit avec sérénité sa dualité... Walid Khoury est un cas à part. Membre du Bloc parlementaire du changement et de la réforme, il est aussi proche du président de la République et il ne voit aucune contradiction dans cette dualité. Ce député, né pratiquement dans une marmite politique – sa famille s’étant lancée dans le domaine depuis les années 40 du siècle dernier –, plaisante sur le soudain intérêt que lui portent les médias, conscient que ceux-ci cherchent surtout à trouver la faille dans cette belle harmonie apparente. Mais avec calme et sérénité, le chirurgien Walid Khoury explique qu’il assume totalement sa situation. « Je suis membre du Bloc du changement et de la réforme et je suis proche du président », répète-t-il, « et je suis aussi cartésien », ajoute-t-il. Ses relations avec le général Michel Sleiman remontent à l’enfance étant tous les deux originaires de la même localité, Amchit. Il dresse d’ailleurs du président de la République un portrait élogieux, mettant en évidence sa volonté sincère de réforme, son intégrité et sa sagesse. « C’est un homme, dit-il, qui réfléchit beaucoup et pèse soigneusement le pour et le contre avant de prendre la moindre décision. Il ne se lance pas dans une aventure sur un coup de tête et il est très conscient de ses responsabilités. Il est naturellement consensuel. Il écoute tout le monde, mais il ne se laisse pas facilement influencer. » Ses relations avec le général Michel Aoun sont plus récentes, même, avec ses deux frères, médecins eux aussi, il avait beaucoup travaillé sur le plan social en faveur du général dans les années 89 et 90. Ce dernier a fait appel à lui, lorsqu’il a voulu former ses listes électorales pour les élections de 2005. Walid Khoury a préféré attendre avant de donner sa réponse, pour consulter son cousin Nazem Khoury qui s’était présenté en 1996 et en 2000. L’histoire des relations entre les deux cousins mérite d’ailleurs d’être racontée. Déjà, leurs pères, Nagib (pour Walid) et Chahid (pour Nazem) s’étaient partagé la députation. C’est Chahid qui a commencé par se faire élire dans les années 40. Il est d’ailleurs décédé durant l’un de ses mandats et c’est Nagib qui a pris la relève, parvenant à percer la liste du « Helf » en 1968. La guerre et le règne des milices aidant, la famille est restée en retrait, s’activant sur le plan social. Mais dès que la situation s’est stabilisée, Nazem Koury a décidé de se présenter aux élections de 1996. Walid Khoury, lui, est resté en retrait, n’étant d’ailleurs pas très chaud pour faire de la politique sous la tutelle syrienne. En 2005, Nazem a d’abord voulu tenter sa chance une nouvelle fois, mais avec les nombreux bouleversements survenus sur la scène libanaise et la sollicitation du général Aoun, il a été convenu de laisser Walid mener la bataille. Aujourd’hui, Nazem est le conseiller du président et Walid fait partie de ses proches. En raison de son titre officiel, le premier ne devrait pas se présenter aux élections. Ce sera donc, en principe, Walid, même si ce dernier insiste sur sa détermination à ne pas diviser la famille. L’esprit de révolte Walid Khoury est donc candidat aux législatives de 2009. Mais sera-t-il sur la liste du président ou sur celle du général Aoun ? Le député sourit finement. Il rappelle que s’il est membre du Bloc du changement et de la réforme, c’est parce qu’il partage la vision politique du général Aoun et son esprit de révolte contre une situation pourrie et des institutions paralysées. Il précise d’ailleurs qu’il ne s’est jamais senti embarrassé au sein du bloc, ajoutant que c’est l’un des seuls blocs parlementaires à tenir une réunion hebdomadaire où tous les sujets sont débattus. Il ajoute que le président n’a jamais dit qu’il compte former un bloc parlementaire. S’il le souhaite, il devra, selon lui, le proclamer publiquement et préciser quels seront la vision et le programme de ce bloc. Pour l’instant, seuls les journaux évoquent un tel cas de figure ; le président, lui, étudiera soigneusement la situation et pèsera le pour et le contre, avant de prendre une décision, qui, selon Khoury toujours, n’ira certainement pas dans le sens de la confrontation. Walid Khoury explique ensuite que les scènes chiite et sunnite étant pratiquement sous contrôle, c’est sur les chrétiens que se porte l’attention générale, et de nombreuses forces locales, régionales et peut-être internationales souhaitent provoquer une confrontation entre le président et le général. Mais, selon le député, les deux hommes sont conscients des dangers d’un tel scénario, pour eux, pour les chrétiens et pour le Liban. Il raconte d’ailleurs comment, l’an dernier, Michel Aoun l’avait envoyé parler avec les députés de la majorité installés à l’hôtel Phoenicia pour leur proposer Michel Sleiman comme président de la République. Il en avait donc parlé avec les députés Atef Majdalani et Bassem Chab. Ces derniers avaient informé Saad Hariri qui avait réclamé une proposition officielle de la part du général. Le député Ghassan Moukheiber présente cette proposition au vice-président de la Chambre Farid Makari et l’affaire en reste là. Pourtant, Walid Khoury avait même rencontré l’évêque Samir Mazloum pour l’informer de sa démarche. Il raconte cette histoire pour dire que le général Aoun avait choisi le général Sleiman comme candidat avant même que la majorité n’accepte sa candidature. Il précise aussi qu’il voit une complémentarité entre les rôles des deux hommes. Et il estime que le général Aoun est devenu un « pivot régional » où il s’est taillé un rôle à sa mesure. Concernant les rumeurs sur le fait que le général Aoun pourrait ne pas le prendre sur sa liste et lui préférer Jean Hawat, Walid Khoury affirme que, pour l’instant, le général Aoun n’a posé que deux conditions pour les candidatures : un engagement dans sa ligne politique et un apport en voix, selon les sondages qu’il fait faire en permanence. Il ajoute que, le moment venu, il fera son choix, sur la base de ces données. Mais Walid Khoury se considère dans la course, au service de sa région et des habitants, avec lesquels il a, dit-il, un lien viscéral.
Dans l’atmosphère trouble qui précède les élections et alors que les rumeurs sur la création d’un bloc parlementaire rattaché au président de la République se multiplient, Walid Khoury vit avec sérénité sa dualité...
Walid Khoury est un cas à part. Membre du Bloc parlementaire du changement et de la réforme, il est aussi proche du président de la République et il ne voit...