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La Situation Un seul mot d’ordre, l’apaisement Lélia MEZHER

Est-il de circonstance de pousser un « enfin » de soulagement, ou le retrait des portraits et autres banderoles de la place publique vise-t-il uniquement à faire de la place aux photos de la campagne électorale à venir ? Toutefois, malgré le cynisme des uns et la perplexité des autres, il reste vrai que l’initiative qui consiste à retirer les portraits des leaders politiques ou religieux des rues de la capitale est en elle-même louable. Si tout se déroule comme prévu, celle-ci viendra signer de manière concrète tout un climat d’apaisement soigneusement distillé ces dernières semaines par les différents dirigeants sunnites et chiites. Bien sûr, la décision en question ne concerne que la capitale dans ses limites administratives, ce qui signifie que le tronçon menant à l’aéroport et qui est actuellement parsemé de portraits et de slogans politiques n’est pour le moment pas concerné par cette décision. Autre faiblesse qu’il convient de relever : « Les portraits seront retirés par les jeunes de chaque parti ou courant politique », cela en dépit du fait que la réunion ayant abouti à cette décision ait eu lieu dans une caserne des FSI. Cette énième entorse à l’État de droit fait d’autant plus mal qu’elle vient une fois encore valider un état de fait qui ne semble plus choquer personne, sauf peut-être les quelques rares ministres dont notamment Ibrahim Chamseddine et Ziyad Baroud, qui puisent en eux le courage politique nécessaire pour claquer la porte du Sérail lorsque sont prises des décisions contraires à leurs convictions démocratiques profondes. Néanmoins, malgré ces imperfections, l’heure semble résolument à l’apaisement. Le discours du président de la République Michel Sleiman à Washington en atteste, mais aussi celui, hier soir, du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Devant la communauté libanaise des États-Unis, Michel Sleiman a choisi d’opter pour la transparence en dévoilant la teneur des pourparlers qu’il a eus avec son homologue syrien Bachar el-Assad. M. Sleiman a ainsi fait savoir qu’il s’est rendu en Syrie pour une discussion entre frères, empreinte de franchise et d’amitié, mais aussi pour dire qu’il était grand temps de « corriger les fautes commises entre frères ». Hassan Nasrallah, lui, a critiqué – quoique de manière très indirecte – la rencontre de M. Sleiman avec la secrétaire d’État US Condoleezza Rice en indiquant qu’il était inadmissible que le Liban demande « l’autorisation d’Israël et des États-Unis pour équiper l’armée libanaise ». Mais de manière assez surprenante, il a également opté pour l’ouverture en se disant « ouvert et sérieux » pour tout ce qui concerne les réconciliations. « Nous sommes prêts à faire tout ce qui sera de nature à rassurer les gens, surtout les habitants de Beyrouth, cette ville qui nous est chère », a-t-il déclaré en guise de clin d’œil, à peine dissimulé, à Saad Hariri. Ces propos devraient donc en toute logique hâter la rencontre Nasrallah-Hariri, dont plusieurs sources ont prévu la tenue avant la fête du Fitr. Plus étonnant encore, M. Nasrallah a exhorté les ministres à adopter « une décision courageuse tendant à équiper l’armée afin de lui permettre de défendre » le pays. Ces affirmations constituent indéniablement une brèche qu’il sera possible d’exploiter lors des discussions qui auront lieu autour de la table de dialogue, car elles tranchent singulièrement avec l’obstination affichée par les membres du Hezb dès lors qu’il était question, ces dernières semaines, de la stratégie de défense nationale. Toutefois, le chef du Hezb a pris soin de souligner au passage que la Résistance a su « vaincre les dangers qui menaçaient son existence », une manière de dire qu’elle fait désormais partie du système interne. La Résistance est donc une réalité dont il faut tenir compte, mais seules les élections législatives pourront départager les forces en présence, a-t-il également soutenu. À propos d’élections, une source informée a prévu des discussions houleuses autour de la loi électorale, aujourd’hui place de l’Étoile. La majorité semble déterminée à voter l’amendement qui permettra aux présidents de municipalités de se porter candidats aux élections, six mois seulement après avoir présenté leur démission, alors que le délai d’origine est de deux ans. Une modification qui ne plaît pas à Michel Aoun lequel, à plusieurs reprises déjà, a menacé de se retirer de la table de dialogue si les députés continuent de manipuler la loi électorale. S’exprimant d’autre part hier durant un dîner organisé par le Courant patriotique libre, il a affirmé que les élections seront une occasion pour les Libanais de demander des comptes « à ceux qui ont fait en sorte que la dette publique atteigne le seuil des 50 milliards de dollars ». Mais en attendant l’agitation, les portraits de politiciens et les joutes verbales de la campagne électorale – qui iront très certainement crescendo –, l’espace urbain beyrouthin va pour le moment être débarrassé – ne serait-ce que pour quelques mois – d’une pollution visuelle qui n’a que trop duré. Une façon comme une autre de calmer les esprits, avant de les échauffer une nouvelle fois dans quelques mois, mais cette fois-ci à des fins électorales et, en principe, démocratiques.
Est-il de circonstance de pousser un « enfin » de soulagement, ou le retrait des portraits et autres banderoles de la place publique vise-t-il uniquement à faire de la place aux photos de la campagne électorale à venir ? Toutefois, malgré le cynisme des uns et la perplexité des autres, il reste vrai que l’initiative qui consiste à retirer les portraits des leaders politiques ou religieux des rues de la capitale est en elle-même louable. Si tout se déroule comme prévu, celle-ci viendra signer de manière concrète tout un climat d’apaisement soigneusement distillé ces dernières semaines par les différents dirigeants sunnites et chiites. Bien sûr, la décision en question ne concerne que la capitale dans ses limites administratives, ce qui signifie que le tronçon menant à l’aéroport et qui est actuellement...