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Actualités - OPINION

LA situation Le dialogue destiné à reprendre dans un climat encore trouble Lélia MEZHER

La table de dialogue sera donc rectangulaire, ce qui empêchera peut-être les discussions de tourner en rond, cette fois. La fameuse table sera installée dans la salle du 22 Novembre, la salle dite de l’indépendance – tout un symbole – et sera présidée par le président de la République, Michel Sleiman. Seront présents pour ce premier nouveau round le Premier ministre Fouad Siniora, le président de la Chambre Nabih Berry ainsi que les 14 personnalités politiques qui avaient déjà pris part au dialogue place de l’Étoile. Les invitations ont d’ores et déjà été lancées et, selon une source proche de Baabda, le nombre de participants ne sera pas élargi, tout simplement parce que l’accord de Doha stipule que le dialogue « reprendra » à partir du dernier point abordé avant son interruption et qu’il n’est par conséquent nullement question d’un retour au point zéro. Michel Sleiman s’est d’ailleurs contenté d’inviter les parties concernées, lors du iftar organisé à Baabda, à revenir au dialogue le 16 septembre à 11 heures, sans plus de précisions. Les quatorze membres de cette table, y compris MM. Siniora et Berry, sont impliqués dans le conflit politique actuel, et c’est pour cela que seul M. Sleiman présidera la table et qu’elle sera rectangulaire car, en tant qu’arbitre, il ne se situe pas au même niveau que les autres personnalités conviées. Le président prononcera une allocution en début de séance durant laquelle il exposera les « constantes générales de son mandat » ainsi que le climat qui doit « régner dans les jours qui viennent », surtout que pour le chef de l’État, « le dialogue ne doit pas remplacer les institutions étatiques », souligne la source précitée. Cette séance servira donc de toute évidence à remettre les pendules du dialogue à l’heure, à faire le tri et à décider si oui ou non la table est destinée à être élargie. Mais, faut-il encore le rappeler, le règlement interne de la table de dialogue stipule que toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité. L’élargissement, s’il est de mise, devra être validé par chaque personne présente. Or, vu le taux actuel de désaccord entre les différentes parties, une telle unanimité reste, pour l’heure du moins, difficile à obtenir. Une chaise, située près du président de la République, sera en outre destinée au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui y siégera en tant qu’observateur. Malgré ces efforts et l’indéniable détermination de Michel Sleiman – qui se rendra le 25 septembre à Washington pour rencontrer George Bush –, difficile de ne pas percevoir la violence verbale qui demeure au rendez-vous. Les conditions réciproques qui devront entourer la reprise du dialogue, telles qu’elles sont posées par les différents responsables, par médias interposés, témoignent en effet d’une violence morale sous-jacente qu’il sera difficile de transformer en énergie positive une fois à Baabda. Cela sera d’autant plus ardu à réaliser que la priorité « numéro un » du dialogue sera « la stratégie de défense », comme l’a affirmé hier le Premier ministre Fouad Siniora. Le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, a dans ce contexte fait connaître « les trois conditions » qui conduiront au succès de ces séances, puisque « chacun a sa propre approche de la table de dialogue ». « Si nous voulons que le dialogue aboutisse rapidement sans un grand nombre de séances, trois règles doivent être appliquées : que les personnes réunies soient d’accord que nous n’avons qu’un ennemi, Israël ; qu’elles soient convaincues qu’il est temps de construire un État fort, équilibré et propre », mais surtout « que le but soit de garantir les ressources nécessaires à la libération de la terre et à la défense du Liban par le biais de la stratégie de défense ». Saad Hariri, probablement en guise de réponse, a affirmé hier soir, lors d’un iftar donné dans la Békaa, qu’il est temps « de prendre conscience que les armes détenues par l’État sont seules responsables de la paix et de la sécurité », et que « c’est ce qu’il faut examiner lors du dialogue national ». L’harmonie semble loin, et une rencontre Saad Hariri-Hassan Nasrallah des plus improbables, contrairement au vœu pieux formulé par Naïm Kassem : « Une rencontre Nasrallah-Hariri réglerait 90% du problème. » Encore faut-il que le problème en question puisse être défini… à moins qu’il se résume à l’arsenal du Hezbollah. Pendant ce temps, une source proche du 14 Mars insistait hier pour que Hassan Nasrallah en personne soit présent lors des séances de Baabda, vu qu’il est « directement concerné par la stratégie de défense ». Le Parti national libéral (PNL) a d’autre part affiché sa surprise face à certaines parties qui ont d’ores et déjà tiré les conclusions du dialogue à venir en estimant qu’elles « conserveront leurs armes illégales ». Chose qui « viderait » inévitablement « le dialogue de son essence », notait encore le PNL. Walid Joumblatt a quant à lui relevé que l’État devrait « profiter de l’expertise de la Résistance » quoique « de manière très progressive »… Une source politique affirmait toutefois hier à notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane que « la différence entre l’accord de Doha et celui de Taëf », c’est que le premier a conduit à la remise des armes à l’armée libanaise, quoique à l’amiable, tandis que le document de Doha se contente de prohiber « l’usage des armes en vue de réaliser des gains politiques ». Ce qui signifie en pratique que l’usage des armes reste autorisé à tout moment, poursuit la source précitée qui ajoute que Doha a « eu un impact important dans certaines zones sensibles », mais n’a pas réussi à mettre un terme à l’assassinat politique.
La table de dialogue sera donc rectangulaire, ce qui empêchera peut-être les discussions de tourner en rond, cette fois. La fameuse table sera installée dans la salle du 22 Novembre, la salle dite de l’indépendance – tout un symbole – et sera présidée par le président de la République, Michel Sleiman. Seront présents pour ce premier nouveau round le Premier ministre Fouad Siniora, le président de la Chambre Nabih Berry ainsi que les 14 personnalités politiques qui avaient déjà pris part au dialogue place de l’Étoile. Les invitations ont d’ores et déjà été lancées et, selon une source proche de Baabda, le nombre de participants ne sera pas élargi, tout simplement parce que l’accord de Doha stipule que le dialogue « reprendra » à partir du dernier point abordé avant son interruption et qu’il n’est...