Le temps est donc au dialogue, même si la tenue de la table ronde le 16 septembre et la détermination du président de la République en ont surpris plus d’un, qui avait prédit que le retour à la table de dialogue se ferait en octobre, après la fête du Fitr.
Maintenant que la date est fixée, il est fort à parier qu’avant cette fameuse réunion du 16, une virulente polémique va probablement éclater sur la nature de ce dialogue, les sujets à aborder et surtout le nombre de participants. Le Liban n’est-il pas un de ces pays où tout et n’importe quoi peut être sujet à débat ?
Concernant le format dudit dialogue, une source autorisée souligne que « cette fois ce sera différent » parce qu’il sera chapeauté par le président de la République Michel Sleiman. À sa droite se tiendra la majorité tandis qu’à sa gauche prendra place la minorité, chacune respectivement chapeautée par le Premier ministre Fouad Siniora et le président de la Chambre Nabih Berry.
Mais tout cela, c’était avant l’attentat de Baysour...
En effet, et même si toutes les forces politiques louaient publiquement la tenue du dialogue national, il y avait déjà quelques nuances discordantes qui commençaient à s’élever. Si Saad Hariri a annoncé depuis Chtaura, et après s’être rendu – probablement au péril de sa vie – à Taalabaya et Saadnayel, qu’il ira au dialogue « avec, comme seule force, nos positions », et qu’il ne faudra pas dilapider cette chance à cause de « comptes d’épicier », les propos de Walid Joumblatt ont sonné comme un avertissement plus clair, moins implicite. Il avait ainsi déclaré sans ambages – quelques heures seulement avant l’attentat qui a coûté la vie à l’un des conseillers politiques de Talal Arslane à Baysour, Saleh Aridi – que tout élargissement de « la table de dialogue la transformerait en tour de Babel ».
Baysour, un triple message
par télécommande
Quelques heures donc après cette déclaration, le village de Baysour était secoué par une explosion qui coûtait la vie à Saleh Aridi. Cousin germain de Ghazi Aridi et artisan de la réconciliation dans la Montagne, l’homme était membre du bureau politique du Parti démocratique, présidé par Talal Arslane. Contacté par L’Orient-Le Jour, le directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, a affirmé que « l’engin explosif se trouvait à l’intérieur de la voiture de Saleh Aridi. Il y a eu 5 autres personnes blessées ».
Une source sécuritaire a affirmé à l’AFP que Saleh Aridi, qui sortait de sa maison, se trouvait seul à bord de sa Mercedes au moment de l’explosion. « Lorsqu’il a démarré sa voiture à 21h30, celle-ci a explosé », a-t-elle aussi ajouté. Les blessés sont : Sélim Wassim Aridi, Ibrahim Riad Aridi, Ghassan Zein, Bassem Ayman Malaeb, Rami Fadi Khaddage et Nawal Hamad Sobh. Une source informée a ajouté que le modus operandi de l’attentat ressemble beaucoup à ceux qui ont visé Georges Haoui et Samir Kassir, en ce sens que la charge explosive aurait été activée à distance, par télécommande. Résultat : la voiture de Saleh Aridi a été littéralement carbonisée.
Passé les premiers moments de désarroi et d’incompréhension – le goût amer de la violence n’est finalement jamais très loin –, les langues ont commencé à se délier. Ainsi, pour une source proche de Koraytem, l’auteur de cet attentat serait quelqu’un qui considère que « la réconciliation est en train de se faire à son détriment ». Une source ministérielle proche de M. Joumblatt a affirmé de son côté que cet acte « est un acte de violence adressé précisément à Walid Joumblatt. Chaque fois qu’on s’approche du dialogue, il se passe quelque chose ». « C’est comme s’ils avaient perdu la carte Arslane à cause de son alliance avec Joumblatt », précise également une source proche de Baabda. Celle-ci a d’autre part tenu à souligner le profil de Saleh Aridi, principal artisan de la réconciliation Joumblatt-Arslane et donc de l’apaisement des tensions dans la Montagne. Au lendemain de l’annonce de la tenue du dialogue par Michel Sleiman et la réponse adressée à Bachar el-Assad, force est de relever la coïncidence que représente l’attentat de Baysour. Une manière de pousser les acteurs politiques à se demander quel genre de dialogue pourrait bien être amorcé alors que la violence recommence à s’exprimer sur le terrain. Une manière également de discréditer les propos tenus par Michel Sleiman pas plus tard qu’hier lorsqu’il a appelé « les braves et les entreprenants » à reprendre le dialogue au sein de « la maison du peuple qui attend avec impatience de les accueillir ».
Le président Sleiman s’est immédiatement penché sur les circonstances de l’attentat avec M. Joumblatt et le chef des RG, Edmond Fadel.
Toutefois, la source ministérielle proche de M. Joumblatt précitée insiste sur le fait qu’aussi bien le chef du PSP que Talal Arslane vont aller dans le sens du renforcement de leur alliance, « dans un seul souci, celui de préserver l’unité », et vont chercher à se rendre le plus rapidement possible à la table de dialogue, « car ce serait là une des meilleures réponses à cet acte de barbarie ». À titre de rappel, M. Arslane avait récemment affirmé qu’il se fera représenter par M. Joumblatt lorsqu’il commençait à être question d’élargissement de la table de dialogue.
Le chef du PSP, qui s’est rendu sur les lieux de l’attentat, a affirmé que cet acte visait « la paix civile » et que la réconciliation « porte préjudice à certains ». Il convient dans ce cadre également de garder à l’esprit les propos tenus par l’ancien ministre Wi’am Wahhab et dans lesquels il affirmait qu’il était étonnant que « le dialogue soit amorcé avant le vote de la loi électorale car cela pourrait renvoyer aux calendes grecques le vote de cette loi ».
Le cheikh Akl de la communauté druze a de son côté fermement condamné l’attentat et appelé les membres de la communauté à la « retenue ». Méfiance également, mais certainement pour d’autres motifs, du côté de Samir Geagea qui a relevé que « certains doutent de l’efficacité du dialogue et ne croient pas qu’il mènera à des résultats concrets ».
Reste à formuler un vœu – pieux s’il en est – : que la réconciliation toute fraîche, toute frêle, de Tripoli, réalisée grâce aux contacts intensifs effectués entre notables et responsables de la deuxième ville du pays, ne réveille la haine de ceux qui ne voudront jamais que le Liban devienne un pays pacifié, un lieu de paix et d’entente. Un creuset du dialogue, mais surtout, de l’écoute de l’autre. Dans toutes ses différences.
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Maintenant que la date est fixée, il est fort à parier qu’avant cette fameuse réunion du 16, une virulente polémique va probablement éclater sur la nature de ce dialogue, les sujets à aborder et surtout le nombre de participants. Le Liban n’est-il pas un de ces pays où tout et n’importe quoi peut être sujet à débat ?
Concernant le format dudit dialogue, une source autorisée souligne que « cette fois ce sera différent » parce qu’il sera chapeauté par le président de la République Michel Sleiman. À sa droite se tiendra la majorité tandis qu’à...