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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - L’hommage d’un gardien de nuit de Washington à Dieu Une cathédrale en papier aluminium, aujourd’hui pièce de musée

WASHINGTON - Irène MOSALLI «Le trône du troisième ciel de l’assemblée générale du millénium des nations?» trône aujourd’hui en très bonne place au musée d’art américain du Smithsonian, à Washington. Comme on le sait, le Smithsonian regroupe plusieurs musées qui comptent parmi les plus prestigieux au monde. Qu’en est-il de cette œuvre nouvelle?qui suscite tant de remous ? Quelle signature illustre porte-t-elle?? Elle est avant tout un hommage à son créateur qui, s’il est complètement inconnu du grand public, n’en a pas moins mérité de l’État pour son talent hors norme. Son nom?: James Hampton. Sa profession?: gardien de nuit près de l’administration de la ville. Le Trône qu’il a réalisé entre les années 50 et 60 témoigne de la grande dévotion d’un homme à Dieu. Il est le contraire de ceux que Drieu La Rochelle avait appelés «?ces vieux gardiens de musée qui veulent faire comme les camarades et qui se mettent à donner dans l’industrie à tour de bras?». James Hampton a consacré quinze ans de sa vie à la création de cet impressionnant chœur de cathédrale de cinq mètres de haut et cinq mètres de large. Il est composé d’un trône, d’un autel, de chaires de prédicateur et de tables. Le tout est fait de 180 pièces que Hampton avait confectionnées à partir de feuilles d’aluminium dorées et argentées, de papier, de carton, de vieux meubles, de morceaux de matériaux isolants, de fragments de miroir, d’ampoules électriques et autres objets qu’il avait trouvés dans la rue ou dans des magasins d’occasion. Sa création, à laquelle il avait travaillé dans un garage loué à cet effet à Washington, avait été trouvée après sa mort en 1964. Sans aucune note explicative, comme laissée ouverte à toutes les interprétations. Une vision du paradis Le trône est surmonté de cette inscription, «?Ne craignez rien.?» La partie droite de cette sculpture est consacrée au Nouveau Testament et la partie gauche à l’Ancien. Toujours à droite, on retrouve cette phrase?: «?C’est vrai que le grand Moïse, qui a donné les dix commandements, est apparu à Washington le 11 avril 1931.?» Cela parce que le gardien avait noté dans son journal qu’il avait «?été visité?» par plusieurs saints. Outre cette vision, il parle de «?l’apparition de la Vierge Marie et de l’étoile de Bethléem au- dessus du Capitole le 2 octobre 1946?». Né en 1909 d’un père qui s’était ordonné prêtre lui-même et d’une mère choriste dans une église, il était devenu charpentier en servant dans l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale. À Guam, où il avait été envoyé en service, il avait construit un sanctuaire, probablement un avant- projet de son œuvre majeure à laquelle il l’avait d’ailleurs intégrée. À propos du projet de son Trône, il avait dit?: «?Cela est ma vie, je l’achèverai avant de mourir.?» Cette œuvre est sans doute sa vision du paradis. C’est surtout l’hommage d’un gardien de nuit à Dieu. Un hommage devenu pièce de musée. Et James Hampton un bâtisseur de cathédrale dans l’âme. Qu’importent alors les matériaux ordinaires employés.
WASHINGTON - Irène MOSALLI

«Le trône du troisième ciel de l’assemblée générale du millénium des nations?» trône aujourd’hui en très bonne place au musée d’art américain du Smithsonian, à Washington. Comme on le sait, le Smithsonian regroupe plusieurs musées qui comptent parmi les plus prestigieux au monde. Qu’en est-il de cette œuvre nouvelle?qui suscite tant de remous...