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Actualités - CHRONOLOGIE

PARUTION - «?Merci professeur?!?» aux éditions Bayard Presse Les chroniques savoureuses de Bernard Cerquiglini

Comment accorde-t-on le participe passé d’un verbe pronominal?? Convient-il de dire une ministre?? Quelle est la différence entre second et deuxième?? S’excuse-t-on soi-même?? Doit-on grader le mot allô? Autant de questions de la langue française restées sans réponses et auxquelles Bernard Cerquiglini répond depuis quelques années dans son émission «?Merci professeur?!?», diffusée sur TV5 Monde. Ces chroniques sont rassemblées actuellement dans un ouvrage éponyme paru aux éditions Bayard. À savourer avec retenue. Bernard Cerquiglini porte différentes casquettes qui ont toutes en commun l’amour de la langue française. Professeur de linguistique, il a occupé de prestigieuses fonctions dans les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture. Enseignant à la Louisiana State University de Baton Rouge (États-Unis), où il dirige le Center for French and Francophone Studies, et membre de l’Ouvroir de littérature potentiel (OuLiPo) depuis 1995, il est également l’auteur d’une dizaine d’ouvrages universitaires dont La parole médiévale : discours, syntaxe, texte (1981), ou Une langue orpheline (2007). S’il a été notamment à l’origine de la réforme de l’orthographe en 1991, Bernard Cerquiglini vient aussi d’être nommé recteur de l’Agence universitaire de la francophonie. Mais ce gardien de la langue n’a pas seulement la tête dans les livres. On le voit souvent à l’écran sur la chaîne TV5 Monde où il présente l’émission télévisée à succès Merci professeur ! «??C’est Jean-Jacques Aillagon, alors directeur de TV5 Monde, qui a eu l’idée de cette émission, confie-t-il. Il souhaitait une présence accrue de la langue française sur sa chaîne; il m’a donc proposé ce programme bref mais quotidien.?» Après quelques pilotes pour essayer et des enregistrements, l’émission voyait le jour. Mais auparavant, que de boulot?! De la télé au livre Cerquiglini avait pris le soin de proposer aux téléspectateurs de poser des questions sur le site Internet de TV5 Monde. «?Comme il en arrivait des masses, répond le linguiste, je pouvais choisir à loisir les points de langue que je souhaite traiter. Je me servais ainsi des ouvrages, grammaires, dictionnaires de ma bibliothèque.?» À cette occasion, il se hâte de recommander aux amoureux de la grammaire française la version électronique du Trésor de la langue française (le TLFI/http://atilf.atilf.fr/tlf.htm), en accès libre et gratuit. «?C’est une merveille?», poursuit-il. Ses réponses seront mêlées d’anecdotes croustillantes et savoureuses. Jamais pédantes ni ennuyeuses, elles font découvrir toutes les curiosités et les finesses de la langue de Molière. Cette expérience télévisée, Cerquiglini la compilera dans l’ouvrage paru actuellement chez Bayard. «?Avec l’éditeur, nous avons retenu les sujets les plus demandés par les téléspectateurs, les difficultés les plus connues, les thèmes les moins liés à une actualité précise.?» Et de poursuivre?: «?Mon intention était de faire, d’une façon que j’espérais plaisante, des mises au point nécessaires, d’expliquer des points obscurs et d’éclairer des origines.?» Il s’agissait donc de faire passer un message?: «?Oui, il y a bien une norme qu’il convient de respecter. Mais cette norme est toujours évolutive ; il convient donc de comprendre comment elle s’est établie, de ne pas la vénérer outre mesure et surtout d’admettre son évolution.?» Pour ce linguiste «?éclairé?», qui affirme avoir «?encouragé discrètement, mais fermement, cette évolution, le français tire sa richesse de sa capacité à évoluer tandis que le purisme engendre une insécurité et une intolérance malsaines ». Un libéral du mot En véritable chef d’orchestre, il s’est amusé à éclairer des locutions courantes devenues opaques, notamment «?à tire-larigot, avoir maille à partir ou faire un pied de nez?». Il a approuvé en matière orthographique des formes nouvelles, telles que les mots «?événement?» ou «?chausse-trappe?», et recommandé par ailleurs des normalisations (par exemple l’accentuation et la mise au pluriel des mots empruntés: des scénarios) ou soutenu en matière lexicale la féminisation des noms de métier. «?De même, ajoute-t-il, j’ai souhaité faire mieux connaître des formes ou locutions québécoises, belges, sénégalaises ou autres, car cette langue mondiale tire sa force tout autant de sa diversité, de sa plasticité que de sa rigueur. » Bernard Cerquiglini considère que «?le français se porte bien. On ne l’a jamais autant parlé ni écrit, avoue-t-il. En tant que langue apprise, des millions de non-francophones de par le monde s’y initient. Au plan qualitatif, en tant qu’historien du français, je ne crois pas constater de réelle dégradation : on a toujours “ fait des fautes ” (d’où mon libéralisme, relatif). On a toujours innové et fait bouger les formes et les structures. Après tout, nous ne parlons plus la langue de Racine, ni celle de Villon (et sans doute plus exactement celle de Proust)?».?«?Mais, poursuit-il, mon inquiétude réside dans les fonctions de cette langue qui risque de perdre, au profit de l’anglais, les fonctions de langue scientifique et commerciale, de langue de travail dans certaines entreprises et ceci n’est pas rien !?» Un constat un peu inquiétant, certes, mais Bernard Cerquiglini n’est pas homme à baisser les bras. Perfectionniste mais libéral, cet amoureux de la langue poursuit ses «?forages?» dans ce puits inépuisable et cette langue qu’il considère «?vivante?». «?Je continue à enregistrer, conclut-il. Il y aura bientôt matière à un second volume!?» Et pour cela, les apprentis linguistes ne peuvent que lui répondre?: Merci professeur. Colette KHALAF
Comment accorde-t-on le participe passé d’un verbe pronominal?? Convient-il de dire une ministre?? Quelle est la différence entre second et deuxième?? S’excuse-t-on soi-même?? Doit-on grader le mot allô? Autant de questions de la langue française restées sans réponses et auxquelles Bernard Cerquiglini répond depuis quelques années dans son émission «?Merci professeur?!?»,...