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LA situation Un émissaire qatari pour une déclaration ministérielle au forceps ? Lélia MEZHER

Blocage total ou naissance au forceps ? La déclaration ministérielle oscille entre ces deux destins alors qu’une délégation qatarie serait venue spécialement à Beyrouth pour en hâter la rédaction. Une source informée a indiqué que c’est en fait le chef du bureau du Premier ministre du Qatar, Jaber ben Youssef, qui se serait rendu au Sérail dans le plus grand secret. Interrogé, Tarek Mitri a toutefois dit ne pas être « au courant de cela ». Une fois de plus, Tarek Mitri s’est voulu rationnel lors du point de presse qui s’est tenu à l’issue de la réunion de plus de quatre heures les membres de la commission chargée de la déclaration ministérielle. Il a ainsi tenu à mettre en relief les points positifs qui ont émaillé les discussions de la commission : « Le programme socio-économique » du gouvernement a été examiné et entériné, mais « de nombreuses questions d’ordre politique ont été abordées et nous sommes revenus sur certaines formules et certaines propositions ». Une onzième réunion est prévue aujourd’hui à 11 heures durant laquelle les ministres tenteront - peut-être pour la dernière fois, car pressés par l’émissaire qatari - de tomber d’accord sur une formule médiane qui puisse satisfaire toutes les parties concernées par la déclaration ministérielle. Car un désaccord demeure « sur deux ou trois points », a souligné le ministre, mais « nous tenons à respecter les clauses de l’accord de Doha, y compris l’arrêt des propos accusatoires et menaçants ». Reste à savoir dans quelle mesure cet énième coup de pouce – ingérence ? – qatari sera véritablement de nature à résoudre la problématique des armes de la Résistance, sachant que l’accord de Doha n’a rien pu faire de mieux que de remettre le problème à plus tard. Or « plus tard », c’est maintenant. Est-ce donc pour cela que les Qataris ont choisi de revenir sur le devant de la scène ? Quoi qu’il en soit, la déception des Libanais est grande, surtout si la déclaration ministérielle finit par être rédigée aujourd’hui. Cela voudra dire que les efforts de leurs responsables sont presque toujours vains et que tout déblocage a forcément une origine extérieure à la volonté souveraine de l’État libanais. Se démarquer du Hezbollah À ceux qui l’accusent de s’entêter inutilement, le camp du 14 Mars s’en défend en soutenant l’importance de la déclaration ministérielle et des positions affichées par le gouvernement aux yeux de la communauté internationale. Ainsi, comme le souligne une source parlementaire du 14 Mars, « il est important pour le gouvernement de se démarquer du Hezbollah en n’entérinant pas le concept de résistance armée dans le cadre de la déclaration ministérielle ». Car dans l’hypothèse d’une agression israélienne contre le Liban, c’est l’ensemble de l’État libanais qui apparaîtrait comme « chapeautant » et reconnaissant la légitimité de la Résistance. Le gouvernement ne pourra donc plus se poser en victime – d’Israël et du Hezbollah – aux yeux de la communauté internationale, poursuit le député précité. D’ailleurs, ajoute-t-il, le Hezbollah a aujourd’hui « les yeux braqués sur les négociations américano-iraniennes », dont il semble désormais être tributaire. Comme pour confirmer ces propos, et pas plus tard qu’hier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est demandé, alors qu’il soutenait une fois de plus que son pays ne fabrique pas d’armement nucléaire, si « l’arsenal (nucléaire israélien) » avait « aidé les sionistes à dominer dans le conflit au Liban ». Il s’est ensuite empressé de répondre par la négative, une manière de dire que c’est grâce à l’appui de son pays que la résistance du Hezbollah a pu porter ses fruits face à Israël. Ce lien qui unit l’Iran au Hezbollah a été une nouvelle fois vérifié dimanche dernier lorsque Mohammad Raad a subitement décidé d’adopter un ton menaçant et accusatoire, tout en soutenant : « Pas de Liban sans Résistance. » Moratoire « constitutionnel » Autre mise en garde : celle de Nabih Berry qui a fait valoir hier que le temps presse et que la commission ne dispose plus que de 14 jours avant la fin du délai des 30 jours pour l’élaboration de la déclaration gouvernementale, sinon il faudra procéder, selon lui, à de nouvelles consultations parlementaires afin de désigner un nouveau Premier ministre. Mais ce point de droit – subitement – relevé par M. Berry n’est pas partagé par Samir Geagea qui a rappelé qu’il s’agit d’un usage non mentionné par la Constitution et qu’il fait l’objet d’une jurisprudence étoffée et contradictoire. Toutefois, ce n’est pas tant le débat juridique qu’il convient de souligner que les motivations politiques de cette déclaration du président de la Chambre. Interrogé sur ce point, Tarek Mitri a fermement défendu le sérieux de la commission ministérielle et a affirmé – quoique de manière implicite – à l’adresse de M. Berry : « La commission a pleinement conscience de ce délai, mais tout le monde doit l’aider à mener à bien sa mission. » En attendant l’élaboration de la déclaration, une source de Baabda continue de soutenir que Michel Sleiman ne se rendra pas en Syrie tant qu’il n’y aura pas d’accord sur ce texte. Une fois que cela aura abouti, et même avant le vote de confiance, le président de la République estime qu’il sera en mesure de visiter la capitale syrienne. La source poursuit en soutenant qu’une partie des ministres membres de la commission se sont montrés hier optimistes, alors que d’autres continuaient à exprimer des réserves quant à la possibilité de parvenir à un accord sur la déclaration en gestation. Mais, en tout état de cause, la réunion d’aujourd’hui a été prévue dans la matinée pour que les membres de la commission puissent avoir le temps nécessaire pour discuter de toutes les questions conflictuelles, sachant que 80 % de la déclaration a d’ores et déjà été rédigée. Une source informée a, quant à elle, soutenu que la déclaration serait bouclée aujourd’hui et que le vote de confiance aurait lieu avant le 1er août pour que Michel Sleiman puisse prendre part à la cérémonie prévue à l’occasion de la Fête de l’armée en présence d’un gouvernement uni, du moins en apparence. Et si le miracle qatari continue à opérer.
Blocage total ou naissance au forceps ? La déclaration ministérielle oscille entre ces deux destins alors qu’une délégation qatarie serait venue spécialement à Beyrouth pour en hâter la rédaction. Une source informée a indiqué que c’est en fait le chef du bureau du Premier ministre du Qatar, Jaber ben Youssef, qui se serait rendu au Sérail dans le plus grand secret. Interrogé, Tarek Mitri a toutefois dit ne pas être « au courant de cela ».
Une fois de plus, Tarek Mitri s’est voulu rationnel lors du point de presse qui s’est tenu à l’issue de la réunion de plus de quatre heures les membres de la commission chargée de la déclaration ministérielle. Il a ainsi tenu à mettre en relief les points positifs qui ont émaillé les discussions de la commission : « Le programme socio-économique » du...