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Actualités - OPINION

« Qui a donné au Hezbollah le droit de se poser en propriétaire de la Résistance ? » s’interroge la majorité Philippe ABI-AKL

Élevé chez les Frères de Gemmayzé, Guy Béart oppose, dans un de ses tubes, les grands principes aux grands sentiments. Conflit toujours d’actualité, dans ce même cher (frère) vieux quartier. Les uns luttent pour un Liban souverain, dans l’indéracinable esprit de la Rencontre de Kornet Chehwane. Les autres n’ont d’yeux, comme Chimène pour Rodrigue, que pour les élections. Et affûtent leurs armes dans cette perspective. En posant derechef des conditions, comme toujours exorbitantes sinon rédhibitoires, pour faire fléchir le 14 Mars. Afin de maximaliser leurs atouts électoraux, confortés dans leurs espérances par le triste fait, indéniable, qu’on a si souvent cédé à leur marchandage, pour ne pas dire à leur chantage. Leurs représentants au sein du comité de rédaction de la déclaration ministérielle ont donc reçu des consignes précises de surenchères en chapelet. Le Hezbollah, soutenu à fond par le CPL, encore plus que par Amal, exige que le gouvernement sacralise son arsenal labellisé Résistance. Et le CPL, que le Hezb appuie pleinement en vertu du grand principe donnant-donnant, veut faire la peau à Paris III, l’enfant chéri de Siniora. Il apparaît donc que l’opposition, contournant, et torpillant, avant même qu’elle ne se mette en place, la table ronde de dialogue national, veut que la déclaration ministérielle trace la trajectoire à suivre pour aboutir à une solution des grands dilemmes locaux. Ce à quoi un ancien ministre avisé répond en rappelant qu’une déclaration ministérielle constitue une feuille de route, un plan d’action, un programme de travail gouvernemental. Et pas du tout une charte politique. Il précise que, du reste, on ne voit pas comment la déclaration peut évoquer l’armement du Hezbollah puisque la question s’inscrit, comme le parti concerné est le premier à en convenir, dans le cadre de cette stratégie de défense nationale dont on n’a pas encore discuté. Fausse surprise De leur côté, des loyalistes s’étonnent que les prosyriens n’hésitent toujours pas à les accuser de vouloir brider, ou briser, la Résistance, sur télécommande extérieure, américaine s’entend. Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire hezbollahi, a de la sorte déclaré que les majoritaires « n’ont ni le droit ni les prérogatives requises pour abolir le droit de la Résistance et de son peuple ». En réponse, Nassib Lahoud a invité Raad à clarifier ou corriger ses dires, qui prennent l’air d’une pression sur le comité de rédaction de la déclaration ministérielle. Plus globalement, les loyalistes rappellent que, d’un point de vue national, intégrer le potentiel de la Résistance à l’État de droit, c’est bien la promouvoir, et non la desservir. Ils se demandent, toujours pour ce qui est des grands principes, qui a bien pu donner au Hezbollah le droit de se poser en parrain, voire en propriétaire de la Résistance en tant que telle. D’en user pour renforcer ses positions, ou ses acquis politiques internes, sous prétexte de libération. Alors que, face à l’ennemi, il est évident que nul, aucun parti et aucune communauté, ne peut prétendre monopoliser le droit et le devoir de lutte. Qui doivent au contraire être canalisés dans les institutions publiques. Sans quoi ils se trouvent détournés, comme c’est encore le cas, au profit d’un projet inadmissible d’État dans l’État. Les loyalistes soulignent enfin que l’armée a prouvé, en se déployant au Sud, après trente ans d’interdiction de séjour édictée par Damas, qu’elle est parfaitement en mesure de protéger le pays. En contrant, malgré la modicité de ses moyens, de nombreuses provocations balistiques israéliennes, terrestres et maritimes. Quoi qu’il en soit, nombre de sages estiment qu’en bonne logique, il faudrait que la question de l’armement soit laissée aux bons soins du dialogue que le président Sleiman va diligenter. Et ils souhaitent, d’ailleurs, que jusqu’aux conclusions de cette table ronde, on s’en tienne au paragraphe que le président a consacré, dans son discours d’investiture, à la double nécessité d’une Résistance bien nationale et d’une autorité d’État bien assise. Mais pour tout dire, l’homme propose et les démiurges disposent. L’épilogue véritable, effectif, s’écrit donc ailleurs, à l’encre de Chine syro-iranienne ou à l’encre sympathique euro-américaine.
Élevé chez les Frères de Gemmayzé, Guy Béart oppose, dans un de ses tubes, les grands principes aux grands sentiments. Conflit toujours d’actualité, dans ce même cher (frère) vieux quartier. Les uns luttent pour un Liban souverain, dans l’indéracinable esprit de la Rencontre de Kornet Chehwane. Les autres n’ont d’yeux, comme Chimène pour Rodrigue, que pour les élections.
Et affûtent leurs armes dans cette perspective. En posant derechef des conditions, comme toujours exorbitantes sinon rédhibitoires, pour faire fléchir le 14 Mars. Afin de maximaliser leurs atouts électoraux, confortés dans leurs espérances par le triste fait, indéniable, qu’on a si souvent cédé à leur marchandage, pour ne pas dire à leur chantage.
Leurs représentants au sein du comité de rédaction de la déclaration ministérielle ont...