En termes de niveau de vie et de croissance économique, les pertes subies par le Liban depuis le 12 juillet 2006 sont irrécupérables. Voici pourquoi.
Une façon simple de mesurer la santé économique d’un pays est d’étudier l’évolution de son PIB (produit intérieur brut). Le PIB sert aussi de jauge au niveau de vie, puisqu’il est la somme de tous les revenus : salaires, bénéfices des entreprises, profits des professions libérales, taxes perçues par l’État. Quand ces revenus sont affectés, les dépenses suivent forcément : les ménages dépensent moins, les entreprises et l’État investissent moins, l’activité économique se ralentit.
Des scénarios de croissance du PIB sont établis régulièrement pour prévoir l’évolution économique et son impact sur le bien-être du citoyen. Des estimations sont également données quant aux pertes qui ont résulté de la guerre de juillet-août 2006, des dix-huit mois de sit-in de l’opposition au centre-ville (décembre 2006-mai 2008) et des nombreux soubresauts sécuritaires qui ne cessent de secouer le pays.
L’état de l’économie fin 2006 comparé au 11 juillet de la même année (la veille de la guerre des 34 jours) suggère que la croissance initialement prévue pour 2006 (+5 %) a fait place à une « décroissance » de 3 %, due aux effets dévastateurs de la guerre et au marasme provoqué par le mouvement de protestation de l’opposition qui culmina le 1er décembre avec l’occupation du centre de Beyrouth. Ce retard de croissance, ce manque à gagner entre ce qui était prévu avant la guerre (un régime de croisière à 5 % de croissance annuelle) et l’amère réalité est estimé à 1,7 milliard de dollars pour 2006. En effet, le PIB, au lieu de passer de 21,67 milliards en 2005 (chiffres officiels) à 22,7 milliards en 2006 (+5 %), se serait établi à 21 milliards (-3 %). Pour 2007, la croissance serait voisine de 2 % d’après certains experts économiques, et ce malgré tous les troubles sécuritaires qui ont jalonné l’année ainsi que l’amplification du mouvement de protestation de l’opposition. Cependant, ce résultat plutôt encourageant creuse encore plus l’écart entre le régime de croisière et la réalité : 2,5 milliards, comme le montre le tableau ci-joint (scénario « réaliste »).
Le tableau fait également état d’un scénario « favorable » sur base des dernières estimations du FMI (Fonds monétaire international) qui propose une croissance zéro pour 2006 et de 4 % pour 2007. Ces chiffres plutôt optimistes laissent sceptiques nombre d’experts dans les milieux économiques locaux.
Quant à 2008, un consensus semble se dégager autour d’un taux de croissance de 3,5 %, et ce malgré le marasme des cinq premiers mois de l’année. Mais ceci ne pourra empêcher une nouvelle perte du PIB par rapport à ce qui était initialement prévu, de 1,8 à 2,9 milliards selon le scénario adopté.
Quoi qu’il en soit, ces pertes sèches en termes de PIB persisteront pour les années à venir. Elles iront même en s’élargissant, si le taux de croissance du PIB n’est pas supérieur à 5 % à partir de 2009. Si ce taux reste de 5 % par exemple, la perte cumulée atteindrait 13,3 milliards (en dollars constants de 2005) pour la période 2006-2010 pour le scénario « réaliste », soit près de 15 000 dollars pour chaque famille libanaise. Pour le scénario « favorable », cette perte serait ramenée à 8 milliards.
Si la croissance dépasse le taux de croisière de 5 %, la perte se résorbera progressivement. Pour qu’elle soit complètement effacée fin 2015 par exemple, il faudrait non moins d’un miracle : une vertigineuse accélération de la croissance à environ 9 % par an, soutenue pendant toute la période 2009-2015 ! (7,3 % par an pour le scénario « favorable », ce qui reste une belle gageure).
* Ancien secrétaire général du CDR.
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