Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L’arbre qui cache la forêt Aoun en relief et le Hezb en filigrane Philippe ABI-AKL

Apparemment, Moussa met tous les Libanais dans le même panier. D’addiction à l’obstructionnisme. Mais, en privé, il réserve ses critiques à l’opposition. C’est du moins ce qu’indique une personnalité qui s’est retrouvée à ses côtés vendredi, lors d’un dîner au Phoenicia. Le secrétaire général de la Ligue réprouve les exigences rédhibitoires de certains pôles de la minorité. Et encore plus le droit de veto qu’ils prétendent s’arroger. Il précise que ces entraves sont une transgression de l’accord de Doha. En précisant qu’à son avis, elles ne sont pas une résultante des litiges interarabes, mais bien le fruit des contradictions locales. De fait, et comme de coutume serait-on tenté d’observer, chaque fois que le Premier ministre désigné réussit à lever un obstacle, les prosyriens lui en dressent un autre. Comme s’ils voulaient gagner du temps, en en perdant. Autre manœuvre tactique usuelle : charger Aoun de jouer les fers de lance. Et les chevaux de Troie. En tentant de se poser, de s’imposer, en champion unique de la cause chrétienne. Donc en seul détenteur du droit de la représenter au sein du cabinet. Ce que les calicots parsemés le long des routes en pays chrétien proclament nettement. En indiquant que ce monopole, l’ancien président de Conseil se l’est acquis à Doha. Parce qu’il y aurait « ressuscité le partenariat chrétien, rendant aux siens leur dignité et leurs droits ». Dans ce cadre, et dans cet esprit d’exclusivité comme d’exclusive, Aoun tente de gommer toute rivalité. En allant jusqu’à s’en prendre à Bkerké. Pour soutenir que le cardinal Sfeir ne représente pas les chrétiens. Qu’il n’est qu’un citoyen ordinaire. Ou, au mieux, un recours spirituel sans dimension politique. Et encore moins nationale. Il lui dénie même le droit d’aborder le champ public. Faisant table rase de l’histoire. Marquée par la devise « la gloire du Liban est donnée à Bkerké ». Pour conclure que lui-même, Aoun, se considère comme le seul vrai patriarche de la rue chrétienne. Qui peut le plus, peut le moins. Aoun n’épargne pas ses coreligionnaires du 14 Mars. La paille dans l’œil du voisin, plutôt que la poutre dans le sien propre. Aoun, l’allié du Hezbollah et par ricochet d’Assad, accuse de suivisme Geagea, Gemayel et les autres. D’allégeance extérieure à Bush, et intérieure au tandem Hariri-Joumblatt. Ce qui, affirme-t-il, facilite la marginalisation des chrétiens. Comme nombre de cadres du CPL, il affirme qu’il aurait obtenu bien plus pour les chrétiens, à Doha, si les leaders maronites du camp d’en face s’étaient tenus à ses côtés durant la conférence. Dans ses récriminations, Aoun prend bien garde de ne pas oublier le général Michel Sleiman. Il affirme que ce dernier, se définissant comme pivot neutre de consensus, n’a pas le droit de se voir attribuer la part ministérielle dévolue au camp chrétien. Qui doit revenir, répète-t-il, à l’homme le mieux et le plus représenté au Parlement et le plus populaire. Pour Aoun, si Baabda obtient deux portefeuilles régaliens, l’un doit être confié à un chrétien et l’autre à un musulman. Avec mise sur la touche (là, on voit se profiler le Hezbollah) d’Élias Murr à la Défense. Tandis que lui-même devrait disposer d’un ministère dit de souveraineté, sur les quatre que compte la République. Ombrage En réalité, le président Sleiman est un nouveau et double danger pour Aoun. Non seulement parce qu’il lui a ravi cette présidence qu’il affirmait être de son plein droit. Ou encore parce que avec le chef de l’État émerge un néocentre potentiellement puissant. Mais aussi parce que le président, originaire du fief électoral Jbeil-Kesrouan de Aoun, peut lui y faire lourdement ombrage. Ce qui lui pend sans doute au nez, après l’échec de ses tentatives de conclure dès maintenant une alliance électorale avec le président. Il faut y rajouter la défection de Murr dans le Metn. Ainsi que la perte de popularité provoquée par le pacte avec le Hezb. D’où possibilité de largage par le Tachnag et par Skaff. Ce qui, au bout du compte, risque fort d’abréger son mythe de seul véritable leader chrétien. Bien entendu, les chrétiens de la majorité soulignent qu’à Doha, Aoun n’a rien obtenu pour les chrétiens. Pour la simple raison que ce n’était pas l’objet de la conférence et du débat. Ils ajoutent que, dans le fond, il se contredit. Pour promouvoir le rôle chrétien, il faut, de toute évidence, réhabiliter les pouvoirs de la présidence de la République. Comme lui redonner le droit de dissoudre la Chambre et de renvoyer le gouvernement. Or Aoun ne demande rien de tel. Au contraire même, il s’y oppose. Et s’ingénie à affaiblir Baabda, en soutenant par exemple le veto dont les prosyriens veulent frapper le retour à Yarzé d’Élias Murr, porté sur le quota présidentiel. Ils ajoutent qu’à Doha, l’exigence opposante du tiers de blocage a gommé la formule initiale des trois 10, favorable au renforcement de la présidence, au profit d’une répartition qui ne lui laisse que trois portefeuilles. Les loyalistes soulignent qu’à leur avis, Aoun agit encore une fois en se plaçant dans la mouvance du Hezbollah. Qui lui rend faussement la pareille. En informant Siniora que si Aoun n’obtient pas ce qu’il réclame, l’opposition ne participera pas au gouvernement. En réalité, les revendications obstructionnistes que Aoun avance permettent au parti de Dieu de gagner un temps précieux. En effet, le Hezb s’attend à des développements régionaux qui seraient par eux-mêmes positifs, mais pas pour lui. Comme le lancement d’un processus de paix syro-israélien, doublé d’une éventuelle dislocation du tandem syro-iranien. Demande occidentale à la source du rapprochement, amorcé par la France, avec Damas. Le Hezbollah craint que la menace de son désarmement ne prenne corps, à la faveur de l’évolution régionale, singulièrement syrienne. Pression qu’une normalisation de la vie politique locale pourrait accentuer. Le Hezb, concluent les majoritaires, cherche donc à retarder la solution ministérielle. Pour disposer, le cas échéant, d’une arme de défense suplémentaire.
Apparemment, Moussa met tous les Libanais dans le même panier. D’addiction à l’obstructionnisme. Mais, en privé, il réserve ses critiques à l’opposition. C’est du moins ce qu’indique une personnalité qui s’est retrouvée à ses côtés vendredi, lors d’un dîner au Phoenicia. Le secrétaire général de la Ligue réprouve les exigences rédhibitoires de certains pôles de la minorité. Et encore plus le droit de veto qu’ils prétendent s’arroger. Il précise que ces entraves sont une transgression de l’accord de Doha. En précisant qu’à son avis, elles ne sont pas une résultante des litiges interarabes, mais bien le fruit des contradictions locales.
De fait, et comme de coutume serait-on tenté d’observer, chaque fois que le Premier ministre désigné réussit à lever un obstacle, les prosyriens lui en...