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Actualités - CHRONOLOGIE

VERNISSAGE - « Art Kéo » de Frédéric Husseini à la crypte de l’église de l’Université Saint-Joseph jusqu’au 31 mai Une dérive réfléchie

Il a choisi la crypte de l’USJ, écrin idéal qui enveloppe ses œuvres et sa sensibilité, pour exposer des toiles qui parlent de traces, de rythme, de superposition et de structure. Pas étonnant d’avoir opté pour ce lieu à la fois mystique et magique. Frédéric Husseini, architecte de formation, entrepreneur et surtout directeur général des Antiquités au ministère de la Culture depuis 2000, y a sans doute trouvé la discrétion et la spiritualité qu’il recherchait. Le silence des vieilles pierres semble bien se conjuguer avec celui de l’artiste, peu enclin aux confidences. Ses toiles, pourtant, ses formes, couleurs, compositions et impressions, taches disciplinées et fortes sur des murs sereins, se laissent aller à quelques bavardages. L’art, chez ce « peintre à ses heures perdues », comme Frédéric Husseini se définit lui-même, « c’est un peu le travail de l’architecte, mais à l’envers. Le tableau est le sujet principal. Le jeu avec la matière, qui ne représente rien, doit permettre de retrouver toutes les étapes du travail. Un moment de relaxation et d’angoisse à la fois, un détachement du monde réel, » qui devient, plus tard, quand la toile est achevée, un plaisir à partager. Un long processus « J’ai toujours dessiné, confie prudemment Frédéric Husseini. J’ai tout arrêté après avoir été nommé à la direction des Antiquités. » Puis, il y a trois ans, le déclic, l’envie de retrouver ces sensations et ces couleurs revient le secouer et le sortir des bureaux qui l’enferment de longues journées dans des satisfactions, mais aussi des frustrations. L’univers abstrait de Husseini, exposé pour la première fois, « où l’œil n’est pas dérangé par un message, une forme ou un personnage », ses toiles parfaitement contrôlées, proches de la sculpture, que l’on a envie de regarder et puis de toucher, « donnent à voir, précise-t-il, un processus en mouvement. Il s’agit de superposition, de juxtaposition de matières lisses puis plus épaisses. » L’invitation à y pénétrer est également une invitation à partager le jeu, la « dérive contrôlée » dans laquelle il s’est laissé entraîner durant ce processus. Quarante toiles qui ne portent pas de titres pour ne délivrer aucun message, mais des numéros d’inventaires, comme une déformation professionnelle, les acryliques sur panneaux en bois et techniques mixtes et une évidente concentration sur le matériau sont à lire comme autant d’indices menant à une trace humaine, à un équilibre des formes. «Je suis encore en train d’exploiter cette caisse à outil, en fait un vocabulaire qui comporte les mots trace, marque, répétition, permanence, ajout, superposition, grattage, et que j’emmène dans des directions différentes. Un peu comme un piano et ses gammes. J’ai exploité au maximum ce que je me suis donné comme base pour pouvoir présenter ce travail comme un ensemble. » Alors, dans le silence de cette crypte, le peintre, à ses heures perdues, des heures retrouvées, a-t-il sans doute poursuivi cette « conversation silencieuse » qu’il a installée avec ses toiles, ses couleurs, ses instruments de travail et son inspiration. Il nous offre ce dialogue « inutile, gratuit, éphémère parfois, comme les plaisirs de la vie, ou plus fort, d’autres fois, comme un sentiment » à partager et, plus encore, apprécier. Carla HENOUD * Crypte de l’église Saint-Joseph, rue de l’Université Saint-Joseph, Achrafieh, Beyrouth. L’exposition se poursuivra jusqu’au 31 mai, de 15h00 à 20h00. Tél : 01/421814.
Il a choisi la crypte de l’USJ, écrin idéal qui enveloppe ses œuvres et sa sensibilité, pour exposer des toiles qui parlent de traces, de rythme, de superposition et de structure. Pas étonnant d’avoir opté pour ce lieu à la fois mystique et magique. Frédéric Husseini, architecte de formation, entrepreneur et surtout directeur général des Antiquités au ministère de la Culture...