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L’émir du Qatar intervient de nouveau personnellement pour tenter d’arrondir les angles Le dialogue bute sur la loi électorale à Doha

Au quatrième jour de ses travaux, « la diplomatie des étages » s’est poursuivie hier à la conférence de dialogue de Doha, sans donner l’impression de progresser. Tout le monde écarte pour le moment l’idée d’un échec de cette nouvelle médiation. Pour beaucoup d’observateurs, cet échec est proprement « impensable », d’abord pour le coup qu’il porterait au prestige du médiateur, ensuite pour les Libanais eux-mêmes, qui se retrouveraient à nouveau seuls, à la merci de leurs démons. De tous les côtés, on se montre donc déterminés à aboutir. M. Saad Hariri a affirmé hier qu’il ne quittera pas Doha sans parvenir à un règlement. Le député du Hezbollah Hussein Hajj Hassan affirmait même en soirée que son parti était disposé à « rester indéfiniment » à Doha, afin de parvenir à une solution. Le chef du PSP, Walid Joumblatt, avait affirmé en cours de journée que la solution aux différends interlibanais ne saurait être trouvée que dans le dialogue. Oui, mais ces propos ne soulignent que mieux un certain côté absurde de la situation, du moins sur le plan de la forme. Combien de temps les Libanais pourront-ils rester à discuter de l’avenir de leur démocratie, aux frais du Qatar ? Cette question n’est pas vraiment financière. Elle touche aussi à la disponibilité du médiateur, et les Libanais devraient savoir ne pas abuser ni sur le premier plan ni sur le second. En fait, bien qu’aucun délai-limite n’ait été posé pour la fin des pourparlers, les négociateurs sont pressés par le temps. L’émir du Qatar doit quitter aujourd’hui à midi pour Dammam, où il assistera à une réunion du Conseil de coopération du Golfe. Pour sa part, M. Moussa sera aujourd’hui à Bahreïn. Enfin, le président de la commission de la Ligue arabe, le ministre des AE du Qatar, doit entamer demain une visite officielle à Londres. En fin de soirée, l’émir du Qatar s’est à nouveau investi personnellement dans les contacts en cours, rencontrant dans les étages du Sheraton, où les journalistes sont interdits d’accès, les délégations de la majorité et de l’opposition. Dans le lobby de l’hôtel, les journalistes se préparaient à une nouvelle et longue nuit de contacts, réduits à deviner ce qui pouvait sortir de ces tractations difficiles. Selon ces derniers, les tractations portaient sur une formule gouvernementale où l’opposition disposerait d’une minorité de blocage, et une loi électorale pour Beyrouth où la répartition des sièges arméniens serait légèrement modifiée. Parallèlement, des contacts réguliers étaient maintenus par le Qatar avec Washington, Damas et Riyad. Le Qatar agacé Dans la journée, à l’issue d’une réunion formelle de ses ténors, l’opposition avait brutalement rejeté hier une proposition de l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa, d’inverser l’ordre des priorités et d’élire d’abord le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, à la présidence de la République, à charge pour ce dernier de superviser le dialogue sur le gouvernement d’union nationale et la loi électorale. Le rejet a pris la forme d’un communiqué, ce qui a surpris le médiateur qatari, puisque cette façon de faire dérogeait à la règle de discrétion et de confidentialité convenue. Le Qatar avait été agacé une première fois, dimanche, par une conférence de presse tenue par le général Michel Aoun, dans laquelle ce dernier n’avait pas rendu justice à l’impartialité du médiateur arabe. La colère provoquée par le communiqué de l’opposition a failli pousser l’un des membres de la commission ministérielle de la Ligue arabe à protester contre l’obstructionnisme dont faisait preuve une opposition dont les réactions parfois impulsives cadraient mal avec l’image de cohésion qu’elle cherche à donner d’elle-même. Toutefois, l’émir du Qatar a empêché cette démarche d’aboutir. L’opposition assure que son communiqué est conforme au calendrier-programme du dialogue établi à l’hôtel Phoenicia avant le départ pour Doha. Toutefois, la majorité souligne que ce calendrier précise très clairement que toutes les questions inscrites au programme revêtent une importance égale. Dans son communiqué, l’opposition réaffirmait que, pour elle, l’élection d’un nouveau président passe par une entente sur la composition du gouvernement national et une nouvelle loi électorale. Or on sait que, sur ces deux points, le blocage reste total. Le différend sur la loi électorale a éclipsé hier celui qui oppose la majorité et l’opposition au sujet de la composition du gouvernement d’union nationale. Les médiateurs qataris ont proposé un gouvernement d’union nationale de 30 ministres : 13 pour la majorité, 10 pour l’opposition et 7 à choisir par le président élu. Mais cette répartition avait déjà été rejetée dans le passé par l’opposition qui exige plus du tiers des portefeuilles, c’est-à-dire tout simplement une minorité de blocage. On pense toutefois que ce détail reste secondaire par rapport à la nouvelle loi électorale, puisque l’espérance de vie du nouveau gouvernement ne dépassera pas un an, période à la fin de laquelle des élections législatives sont prévues. Le véritable différend Le différend véritable qui bloque la conférence de dialogue de Doha réside donc, selon les observateurs et aux dires du général Michel Aoun lui-même, dans la nouvelle loi électorale. On a l’impression, en fait, que la connaissance du pays réel est telle que le savant découpage des circonscriptions et le dosage des députés dans chaque circonscription ainsi délimitée dessinent d’ores et déjà la physionomie de la prochaine Chambre, et de la majorité qui la dominera. Au cœur de la loi électorale réside le découpage de la capitale (voir par ailleurs). Les divergences entre la majorité et l’opposition portent également sur la question de l’armement du Hezbollah et la nécessité de définir précisément le rapport que ce parti armé, qui se présente comme une résistance, entend entretenir avec l’État et l’institution militaire. Une controverse à ce sujet avait failli remettre en cause la poursuite de la conférence, lorsque des ténors de la majorité ont exigé samedi de débattre de cette question. Le Qatar avait désamorcé la tension en promettant un compromis, bien que le Hezbollah ait exclu tout débat sur son armement. Le député Akram Chehayeb a précisé hier que la majorité voulait seulement parler des armes « utilisées contre les Libanais à Beyrouth et dans la Montagne », ajoutant que « l’armement de la Résistance est une question qui sera débattue dans un dialogue que le (futur) président doit conduire ». Pessimiste sur la possibilité de parvenir à une entente et reflétant le climat de méfiance créé par l’invasion par le Hezbollah de certains quartiers de Beyrouth, M. Samir Geagea a proposé hier le déploiement d’une force de maintien de la paix arabe pour prévenir de nouveaux affrontements.
Au quatrième jour de ses travaux, « la diplomatie des étages » s’est poursuivie hier à la conférence de dialogue de Doha, sans donner l’impression de progresser. Tout le monde écarte pour le moment l’idée d’un échec de cette nouvelle médiation. Pour beaucoup d’observateurs, cet échec est proprement « impensable », d’abord pour le coup qu’il porterait au prestige du...