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Les protagonistes abordent enfin un début de sortie de crise Sleimane d’abord, mais non sans garanties sécuritaires Philippe ABI-AKL

Une résolution courageuse, selon un ministre. Mais il s’en est fallu d’un cheveu pour qu’elle ne soit pas prise. En effet, lors des cinq longues heures de débat nocturne en Conseil des ministres, beaucoup de ministres se montraient ardemment hostiles à la rétractation. Selon eux, remettre Choucair en selle et fermer les yeux, ou se boucher les oreilles sur le réseau hezbollahi de télécoms équivaudrait à une déroute de l’État de droit, mettant le pays en danger de perdition. Il a fallu que Hariri et Joumblatt interviennent par téléphone pour emporter la décision, recommandée, comme on sait, par le commandement militaire. Il y a donc, comme l’indique Berry, un retour au statu quo ante. Avec annulation du mot d’ordre de désobéissance civile. Mais maintien du sit-in des tentes. À cette différence près qu’avec le concours de la mission ministérielle arabe, l’on aborde maintenant, de manière sensible, un début de sortie de crise. Le Hezbollah, réalisant sans doute qu’on a été bien trop près du gouffre, de l’explosion généralisée, participe à la détente sur le terrain comme dans le domaine politique. Il retire ses apparences armées, permet la réouverture de l’aéroport et souscrit derechef à un consensus autour du candidat Sleimane. Mais, méfiance, méfiance, les loyalistes moins que quiconque ne peuvent faire comme si rien ne s’était passé. Aux délégués arabes, ils ont déclaré qu’il leur faut, avant tout, obtenir de solides garanties contre un potentiel deuxième recours à l’intérieur d’un armement du Hezbollah qui se dit résistant. Ajoutant, comme cela va de soi, que les différends ou conflits ne doivent jamais être réglés que par le dialogue politique, dans le cadre des institutions légales. Et reprochant à Nasrallah d’avoir renié ses promesses antérieures sur l’orientation, exclusivement dirigée contre Israël selon ses dires, de son arsenal. Pour eux, la sécurité doit donc être le tout premier point sur l’agenda des négociations qui vont s’ouvrir. Et qui ne peuvent se dérouler sous la menace d’un nouveau raz-de-marée armé. Guerre et paix Répétons-le, le 14 Mars insiste pour que l’on discute sérieusement de l’armement, une fois que le président aura été élu. Non seulement pour prévenir le risque d’une nouvelle razzia. Mais aussi pour que le Hezbollah ne détienne plus le monopole de la décision de guerre et de paix face à Israël. Et qu’il la partage dans le cadre d’un gouvernement d’union, au nom de ce principe de participation dont il se réclame. Les loyalistes ont également fait remarquer aux Arabes que ce qui s’est passé a attisé les extrémismes dans le pays et affaibli les modérés, promoteurs de stabilité équilibrée. Ils ont ajouté leur crainte que cette exacerbation des rancunes ne soit un des objectifs du Hezbollah, qu’ils soupçonnent de chercher à démolir les équilibres nationaux. Ils ont mis en garde, dès lors, contre une montée en puissance de la mentalité milicienne face au concept d’État de droit pondéré. Et contre le danger que le Liban ne devienne une lice d’affrontements entre radicaux chiites et sunnites. Du côté de l’opposition, les concertations internes battent encore leur plein. Une délégation du Hezbollah s’est rendue auprès de Aoun et de Berry, pour les informer que le parti souhaite, même si la pilule est dure à avaler pour Aoun, la confirmation du choix de Sleimane comme candidat de consensus unique. Laissant entendre cependant, ce qui doit mettre Aoun plus à l’aise, qu’il n’est pas question de renoncer au tiers de blocage. Ni au package deal à conclure avant, et non après, la présidentielle. Des cadres du Hezb et des opposants reconnaissent redouter des développements régionaux pouvant changer les donnes sur la scène locale. Ils pressent donc la mission arabe de faire vite. En même temps, ils affirment que Damas soutient les efforts de solution au Liban. Tout en soulignant que le conflit syro-saoudien peut encore tout faire capoter. Modérant ses propos, le tandem Amal-Hezbollah renonce à remettre Taëf en question. Mais il s’accroche au deuxième alinéa de l’initiative arabe, qui édicte que la solution doit être tissée de manière à préserver le droit de toute communauté à jouer un rôle actif dans la composition libanaise. Autrement dit, selon eux, le droit de tous, chiites en tête, de participer au pouvoir. Cela étant, la priorité va non à un dialogue exhaustif sur le fond, qui prendrait des mois, mais à l’élection de Sleimane, suivie de la mise en place d’un cabinet. De préférence d’extraparlementaires, pour préparer les législatives en base de la loi de 1960 revue et corrigée.
Une résolution courageuse, selon un ministre. Mais il s’en est fallu d’un cheveu pour qu’elle ne soit pas prise. En effet, lors des cinq longues heures de débat nocturne en Conseil des ministres, beaucoup de ministres se montraient ardemment hostiles à la rétractation. Selon eux, remettre Choucair en selle et fermer les yeux, ou se boucher les oreilles sur le réseau hezbollahi de télécoms équivaudrait à une déroute de l’État de droit, mettant le pays en danger de perdition. Il a fallu que Hariri et Joumblatt interviennent par téléphone pour emporter la décision, recommandée, comme on sait, par le commandement militaire.
Il y a donc, comme l’indique Berry, un retour au statu quo ante. Avec annulation du mot d’ordre de désobéissance civile. Mais maintien du sit-in des tentes. À cette différence près...