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Actualités - OPINION

Une déclaration d’intentions ? Hariri en fournit déjà une Philippe ABI-AKL

On attendait Hariri. Le voilà de retour. Et la pause d’attente qui avait suivi la proposition Berry prend maintenant fin. En même temps que la trêve des confiseurs marquant les fêtes pascales dans les communautés orientales. Mais ce n’est pas pour autant que l’on a déjà réponses aux questions qui se posent. La première, assez prosaïque, est de savoir si durant les deux mois de son séjour en Arabie saoudite, Hariri a pu obtenir un visa pour Berry. Qui attend toujours que le royaume wahhabite, qu’il entend visiter après avoir démarché la Syrie et l’Égypte, lui fixe rendez-vous. On veut également être fixé sur la position de l’opposition par rapport à la proposition Berry d’initier un nouveau dialogue. Assorti d’une déclaration d’intentions induisant la présidentielle, accompagnée d’un accord de principe sur un cabinet d’entente et sur une quelconque formule de loi électorale. La majorité n’a rien contre le dialogue. Mais se demande si Berry agit au nom du 8 Mars et de ses alliés. Ou si Aoun, bien plus radical, reste mandaté par ce front. Hariri pour sa part, sans encore se prononcer franchement, comme Joumblatt, pour l’initiative Berry, étale manifestement des dispositions favorables à cet égard. En pôle principal de la majorité, en catalyseur pour ainsi dire, il entreprend une large tournée de concertations. Avec le patriarche Sfeir d’abord, comme avec ses partenaires du 14 Mars. Mais il projette de relancer, une fois qu’il se trouverait dépositaire d’une position majoritaire unifiée, aussi bien Nasrallah et Aoun que Berry. Un programme, un agenda d’ouverture qui est en soi une déclaration de bonnes intentions. Faisant écho à l’appel de Joumblatt pour des concessions mutuelles entre parties libanaises en conflit. Il précise d’ailleurs qu’il n’est ni contre un gouvernement d’union ni contre le caza. Ni, surtout, contre la division de la capitale, son fief électoral principal, en plusieurs circonscriptions. Faisant un sort aux sempiternelles accusations opposantes de monopole abusif. À propos du découpage électoral, le patriarche Sfeir précise de son côté n’avoir pas d’objection à ce que l’on retienne le caza comme cadre général. À condition que le principe d’égalité soit respecté. C’est-à-dire que l’on détermine 32 circonscriptions de 4 sièges chacune. Primauté Le 14 Mars, qui doit tenir assises sous peu, répète donc à l’envi qu’il n’a rien contre le dialogue. Pour peu qu’il soit sérieux et qu’on ne se contente pas d’y brasser du vent, à seule fin de gagner du temps. Et de retarder encore cette présidentielle qui reste pour lui la mère des priorités. Échaudée par la précédente expérience d’une table ronde dont les résolutions sont restées lettre morte, la majorité présente cette fois une triple exigence complémentaire. D’abord, que la présidentielle ne soit pas conditionnée par le dialogue et encore moins par ses résultats. L’élection devant avoir lieu le 13 mai. Ensuite, une convention préalable sur un ordre du jour précis. Qui ne serait donc pas imposé par Berry, si tant est qu’il doive diriger les débats. Ce qui n’est pas encore tout à fait acquis, nombre de loyalistes pensant préférable d’en laisser le soin au prochain chef de l’État. Enfin, et en tout cas, des mécanismes d’application serrés. Selon les prosyriens, le climat extérieur se ferait encourageant. Des professionnels de retour de Damas affirment que les Syriens sont maintenant pour la présidentielle. Et qu’ils recommandent à leurs alliés de la faciliter. Sans plus mettre des bâtons dans les roues du candidat unique de consensus, le général Sleimane. Un cap nouveau qui serait en rapport avec la médiation turque en vue d’une reprise des négociations syro-israéliennes au sujet du Golan. Ou encore en relation avec les efforts égyptiens, qataris et koweïtiens pour un règlement rapproché du conflit syro-saoudien, articulé sur la crise libanaise. Mais les loyalistes restent sceptiques quant aux intentions syriennes. Ils relèvent que, selon des sources diplomatiques fiables, les Syriens étaient encore contre la présidentielle au Liban au moment où ils recevaient Berry. Ils lui auraient en outre reproché d’avoir déclaré qu’à son avis, la crise libanaise n’est qu’une résultante du conflit syro-saoudien. On sait en effet qu’ils prétendent, pour leur part, qu’elle est de nature entièrement locale et que c’est aux seuls Libanais de la dénouer entre eux. Ce que les loyalistes réfutent en remarquant que le conflit tourne non pas sur la composition du cabinet à venir ou sur la loi électorale, mais sur deux projets opposés. Dont l’un affirme qu’il est indispensable de se ranger aux côtés de l’axe syro-iranien, la raison de vivre du Liban étant de lutter contre Israël et les USA. Tandis que le deuxième veut un Liban à l’abri des luttes étrangères, quelles qu’elles soient, et qui cesse de leur servir de soupape, de bouc émissaire. Ou de seul exécutant militaire, sur le terrain, de leurs desseins. Tout en restant solidaire, dans la mesure de ses moyens diplomatiques, de la cause arabe. En d’autres termes, résument les loyalistes, ce qui est en question, dans l’ordre pratique des choses, c’est l’arsenal du Hezbollah. Et, de l’aveu de ce parti lui-même, cet armement ne se justifie que dans le cadre d’un tableau, d’un combat, extranational. En somme, concluent ces majoritaires, il s’agit de savoir si le Liban doit être Singapour ou Hanoi. Indépendant, ou fer de lance d’une coalition comme d’une idéologie régionale déterminée.
On attendait Hariri. Le voilà de retour. Et la pause d’attente qui avait suivi la proposition Berry prend maintenant fin. En même temps que la trêve des confiseurs marquant les fêtes pascales dans les communautés orientales.
Mais ce n’est pas pour autant que l’on a déjà réponses aux questions qui se posent. La première, assez prosaïque, est de savoir si durant les deux mois de son séjour en Arabie saoudite, Hariri a pu obtenir un visa pour Berry. Qui attend toujours que le royaume wahhabite, qu’il entend visiter après avoir démarché la Syrie et l’Égypte, lui fixe rendez-vous.
On veut également être fixé sur la position de l’opposition par rapport à la proposition Berry d’initier un nouveau dialogue. Assorti d’une déclaration d’intentions induisant la présidentielle, accompagnée d’un accord de...