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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉVÉNEMENT - La semaine francophone à Abou Dhabi II- Journées langue française, cinéma et arts plastiques

ABOU DHABI, de Carla HENOUD Après la cérémonie d’inauguration et la table ronde organisée autour du thème «?L’art francophone comme vecteur de la communication?», la semaine de la francophonie s’est poursuivie dans un même souci de qualité, mettant à l’honneur la langue française, le cinéma et la peinture. Mardi 18 mars. Pour sa deuxième journée, Abou Dhabi s’enrobe d’une délicieuse francophonie que tous les invités savourent avec un plaisir partagé. Au programme?: une conférence de Benoît Peeters sur le thème «?Demain la langue française?» et la projection du film Mon Colonel, réalisé par Laurent Herbié, en présence du producteur Salem Brahimi. L’écrivain belge Benoît Peeters, théoricien et critique, qui était intervenu la veille en tant que spécialiste d’Hergé et cocréateur des bandes dessinées Les Cités obscures, a repris le thème de l’exposition «?Tu parles !? Le français dans tous ses états?», dont il fut le commissaire en 2000, la faisant suivre d’un ensemble comprenant un DVD et un livre. «?Nous avions choisi les villes de Lyon, Bruxelles, Québec et Dakar pour confirmer que Paris n’est pas le centre obligé de la francophonie?», a souligné Peeters en guise d’introduction. En projetant l’extrait d’un des films tournés un peu partout dans le monde, intitulé Les francophones du bout du monde, il a tenu à «?faire entendre les couleurs de la langue française?». Roumains, Malgaches, Japonais, Américains, Iraniens, Cambodgiens y témoignent d’une même voix leur attachement à cette langue. Le ton est vite donné, gorgé de clins d’œil et teinté d’humour. Pour illustrer ses réflexions sur la situation actuelle de la francophonie, Benoît Peeters a critiqué le «?pragmatisme mondialisant?», qui tient à mettre la langue anglaise face au français, presque contre. «?On dit que la première est la langue des affaires, de l’informatique, la langue “up to date”, “trendy”, chic. Alors que la seconde est celle de l’Académie et celle du rap?; celle du TGV, de la diplomatie et des droits de l’homme.?» Parce que ce sont les langues qui sont à défendre et pas le français, «?il faut, précise-t-il, arrêter de tenir le discours de la citadelle assiégée et défendre la diversité linguistique, celle des langues oubliées, menacées de disparition, pour aller vers un régime de coexistence linguistique…?» Il serait bon, également, selon l’écrivain, de sortir du purisme de la langue française, cette «?hypertrophie de la langue grammaticale?» qui, se préoccupant trop du juste, a de la difficulté à se forger de nouveaux mots. «?Avant de se demander si on est dans la correction, il faut d’abord le dire !?» Reprenant des mots anglophones liés à l’ère de l’informatique, Peeters, non sans humour, rappelle que, comme l’ont fait les Québécois qui ont accompagné la naissance de ce phénomène, remplacer software par logiciel, walkman par baladeur, e-mail par courriel et spam par pourriel résonne comme une évidence. «?Il faut, conseille-t-il enfin, mélanger pragmatisme, volontarisme et écoute, et garder un rapport ouvert et créatif avec la langue. La réinventer, comme une langue curieuse des autres, ouverte aux autres et désirable.?» Projection Désirable, cette langue francophone le fut, tout au long de ces journées particulières. La projection du film Mon Colonel, écrit par Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg, réalisé par Laurent Herbiet d’après le roman éponyme écrit par Francis Zamponi, avec Robinson Stévenin, Olivier Gourmet, Cécile de France, Bruno Solo et Charles Aznavour, a été introduit par l’un des producteurs, l’Algérien Salem Brahimi. «?Après les mots, a-t-il précisé, parlons de la guerre.?» Et plus précisément la guerre d’Algérie, la torture et les «?pouvoirs spéciaux?». «?Ce film, à la fois thriller et film politique, psychologique et historique, est franco-algérien. Il n’aurait pas été possible sans l’Algérie, sa population, sa communauté artistique, ses autorités civiles et militaires. Il n’aurait pas été possible, non plus, sans la France. Costa Gavras et son épouse Michèle, Pathé, le Centre national du cinéma et l’Île de France… Durant le financement, la préparation et le tournage de ce film, le monde et notre équipe aussi regardaient avec stupéfaction et désolation l’histoire que nous racontions se répéter?: une armée d’occupation envoyée là où elle n’avait aucune raison d’être, laissée à ses propres excès par un pouvoir politique désespéré de “pacifier” par quelque moyen que ce soit et qui commençait à justifier l’injustifiable… L’histoire ne se répète pas… elle avance… et on apprend ensemble… et on impressionne un peu de pellicule… pour ne pas oublier…?», conclut-il. Arts plastiques Le dernier rendez-vous de cette semaine francophone, fixé pour le mercredi 19 mars, s’est organisé autour des arts plastiques. Trois expositions se sont déroulées à l’Alliance française d’Abou Dhabi, en l’honneur de Léopold Sédar Senghor?: «?Gueule de lion et sourire du sage?», réalisée et diffusée par l’Organisation internationale de la francophonie, qui a réuni une série d’affiches illustrant la vie et l’œuvre du grand poète. Et «?La belle histoire de Leuk-le-lièvre?», superbe conte pour enfants imaginé par un Senghor inspiré. Soit 55 planches qui ont illustré le livre et, d’autre part, 20 peintures sur plaques de verre fixées sur bois, inspirées de ce même conte et réalisées par des artistes africains. La semaine francophone s’est ainsi achevée sur une impression de réussite, laissant derrière elle une envie d’encore plus. Encore plus de culture et de rencontres de qualité, tant pour les organisateurs que pour les intervenants et les participants. Cette première édition, qui a semé ses grains, espère récolter, sur le long terme, une francophonie transformée en langage naturel.
ABOU DHABI, de Carla HENOUD

Après la cérémonie d’inauguration et la table ronde organisée autour du thème «?L’art francophone comme vecteur de la communication?», la semaine de la francophonie s’est poursuivie dans un même souci de qualité, mettant à l’honneur la langue française, le cinéma et la peinture.

Mardi 18 mars. Pour sa deuxième journée, Abou Dhabi s’enrobe...