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THÉÂTRE - « Kif Hattemsil Ma3ak » de Camille Salameh au Monnot jusqu’au 2 mars « Je me voyais déjà au haut de l’affiche…»

Une bande de comédiens passent en revue leur passé, leurs rêves et leurs désillusions. Constat de réussite ou d’échec dans un Liban qui ne reconnaît pas ses artistes et ne leur donne pas le statut estimé ? C’est ce qu’offre à voir Camille Salameh dans la pièce « Kif Hattemsil Ma3ak », qu’il présente au Monnot les jeudis, vendredis, samedis et dimanches jusqu’au 2 mars. Une pièce de théâtre peut (si l’on veut) commencer par le salut de la fin, la révérence, les applaudissements du public, le bouquet de fleurs offert. Elle peut également ne pas avoir d’audience. Le metteur en scène peut (s’il le veut) s’adresser à la salle, lui confier ses problèmes, ses soucis. Il peut se retirer dans les coulisses en donnant la parole à ses comédiens qui, à leur tour, opéreront un flash-back sur leurs débuts d’acteurs. Tout cela peut se passer dans une comédie si le maître d’œuvre désire le faire. Le scénariste et réalisateur Camille Salameh l’a fait, tout en passant au crible le théâtre libanais. Avec une troupe de jeunes comédiens, le metteur en scène a monté une pièce d’une heure vingt minutes parodiant la carrière d’acteur en général mais plus spécifiquement au Liban, où le jeune étudiant en voit des vertes et des pas mûres avant de mettre le pied à l’étrier. Ô... scar, ô désespoir En arrière-plan, une grande statuette de M. Oscar trône sur les planches. Mais elle semble tourner le dos (voir le postérieur) à la salle. C’est bien cette posture qui annonce la couleur de la pièce. Absurde. En effet, le trophée symbolisant les honneurs et la consécration et que tout comédien convoite n’est pas toujours au rendez-vous durant une carrière. De Caligula aux pièces d’enfants, de Salomé aux spots publicitaires et de Jean Anouilh aux petits films télévisés, en passant souvent par la « promotion canapé », les élèves en art dramatique, ballottés, bousculés, chahutés ou négligés, vont vivre toutes sortes d’expériences. De castings en promesses de contrat, que de rendez-vous manqués et d’occasions ratées pour ces jeunes étudiants qui se voyaient déjà au haut de l’affiche. Autodérision mais également mélancolie en filigrane dans ce parcours initiatique, illustré par les étapes empruntées par cette bande de comédiens. Un humour caustique, voire abrasif, qui dénonce l’ignorance, le manque de maturité ou l’excès de prétention chez les débutants, qui se prennent aussitôt pour Sarah Bernhardt dès leur entrée en première année de faculté. Témoins de leurs propres échecs, ces élèves-comédiens deviennent au fil de la pièce des juges d’instruction faisant leur propre procès. Qu’ont-ils accompli ? Quelles ont été leurs failles ? Et que leur réserve l’avenir ? Aspirent-ils seulement à la reconnaissance ? Et de la part de qui ? De la rue ? De leurs familles ? Y a-t-il de l’avenir pour un acteur au Liban ? Autant de questions que pose Camille Salameh dans ce dialogue sarcastique, mais néanmoins teinté d’amertume. Cet artiste, qui s’amuse à mixer les genres (comédie, chants et danse), à jongler avec les mots et à emprunter le style décalé pour faire parvenir le message, offre à voir une œuvre au ton à la fois grave et drôle, sérieux mais léger. Kif Hattemsil Ma3ak ? Une comédie délirante, qui épingle la société et ses tocs, servie par de bons interprètes. Un bon moment de plaisir. Colette KHALAF
Une bande de comédiens passent en revue leur passé, leurs rêves et leurs désillusions. Constat de réussite ou d’échec dans un Liban qui ne reconnaît pas ses artistes et ne leur donne pas le statut estimé ? C’est ce qu’offre à voir Camille Salameh dans la pièce « Kif Hattemsil Ma3ak », qu’il présente au Monnot les jeudis, vendredis, samedis et dimanches jusqu’au 2...