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Actualités - CHRONOLOGIE

LU POUR VOUS - Une première et dernière œuvre littéraire qui a déjà des milliers d’adeptes Stieg Larsson et la folie « Millénium »

Un triptyque fracassant au goût de « brûlot » nordique. Un mélange de feu et de glace qui commence par le premier opus au titre caustique de « Les hommes qui n’aimaient pas les femmes » et qui est très vite suivi par deux autres tomes à l’humour non moins décalé : « La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » et « La reine dans le palais des courants d’air ». « Millénium » (éditions Actes Sud)*est signé Stieg Larsson, décédé en 2004 d’une crise cardiaque à l’âge de 50 ans, une fois la trilogie terminée. Un véritable « happening ». Dans le huis clos d’une île, la petite nièce d’Henrik Vanger, un gros industriel, a disparu, probablement assassinée, et quelqu’un se fait un malin plaisir à rappeler sa disparition à ce vieillard octogénaire à chacun de ses anniversaires en lui envoyant des fleurs séchées. Ancien rédacteur de Millénium, revue d’investigations sociales et économiques, Mikael Blomkvist, beau ténébreux au cœur d’artichaut, sera contacté par Vanger pour relancer une enquête abandonnée depuis 40 ans. Cassé par un procès en diffamation contre un grand spéculateur, Wenneström, et qu’il vient de perdre ; ayant par ailleurs quitté de son propre gré sa revue pour ne pas la brûler et pour protéger Erika à la fois rédactrice en chef et amante, le journaliste trouve là une occasion de se venger et de redorer son blason. C’est ainsi que démarre le premier volume des Millénium, intitulé Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Mikael Blomkvist n’est pas seul à enquêter. Lisbeth Salander, jeune foldingue, rebelle et perturbée, placée sous contrôle social, mais fouineuse à loisir, qui, grâce à son enquête, a mis Vanger sur les traces de Blomkvist, va le seconder. Surdouée et écorchée vive, la jeune punk, qui sait se glisser à la manière d’un reptile dans les ordinateurs, cherche de son côté à régler ses comptes avec la société. Sa route croise un jour celle de Mikael Blonkvist (le lecteur ne sait jamais quand, mais il attend cette rencontre). À eux deux, les fins limiers vont essayer de découvrir l’énigme des fleurs séchées. Incessamment bousculés par de nouvelles informations, les deux enquêteurs, aux caractères d’apparence différents mais tellement semblables, se lanceront dans des investigations interminables dans un monde de finances sans foi ni loi et sonderont les méandres des haines familiales. Les aventures à couper le souffle qui les attendent à tout coin de rue s’imbriquent à souhait dans leurs histoires personnelles. Si l’histoire semble avoir déjà été visitée par Agatha Christie ou Gaston Leroux (La chambre jaune) – l’écrivain ne s’en cache pas et avoue ses références avec fierté –, il y a cependant le style de Larsson, novateur et séduisant, qui fait la différence. Toute la différence. Univers élégant et fascinant Depuis Agatha Christie et ses polars noirs, les lecteurs croyaient que le genre policier était le monopole des British. Et voilà qu’un auteur venu des grands froids, de la région des Vikings, renversait la donne. Il allait prouver que les descendants de Bernadotte pouvaient défier le style policier avec brio. Malgré le rythme lent (comme un tempo bergmanien), le roman accroche par ses détails, ses situations et surtout ses personnages atypiques et attachants. Maître de la narration, Stieg Larsson fascine et prend le lecteur dans ses filets. Comme une araignée, il tisse sa toile lentement, mais avec élégance et finesse autour de ce lecteur qui suit en une sorte de circonvolutions les tracas des deux protagonistes. Si la couverture (noire avec liseré rouge) et les titres sont dans la tradition des polars, le format et le contenu, grand et touffu (inhabituels pour le genre), sont une novation sans que l’on ne s’ennuie guère au fil de ces 600 pages par volume. Il est à noter que les histoires sont indépendantes les unes des autres, bien qu’il s’agisse des mêmes personnages qu’on retrouve dans toute la série. Résultat donc, trois ouvrages faisant deux mille pages en tout et des milliers de lecteurs, des situations pesantes et des atmosphères vicieuses où tous les thèmes contemporains sont traités sans vulgarité. Sexe, poursuites, amours, mais aussi magouilles, réseaux de prostitution et bas-fonds d’une vie sociale suédoise d’apparence aseptisée. Autant de thèmes majeurs des sociétés contemporaines (rapports hommes-femmes, racisme, raison d’État et suivi médiatique) traités sans zapping, mais avec un sens de l’observation digne d’un reporter. Bref, des livres devenus culte pour ce journaliste économique et rédacteur en chef d’Expo, qui signait là sa seule œuvre littéraire et qui ne saura jamais l’impact causé par ses incroyables ouvrages. Colette KHALAF * Disponible à la librairie al-Bourj.
Un triptyque fracassant au goût de « brûlot » nordique. Un mélange de feu et de glace qui commence par le premier opus au titre caustique de « Les hommes qui n’aimaient pas les femmes » et qui est très vite suivi par deux autres tomes à l’humour non moins décalé : « La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » et « La reine dans le palais des courants...