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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - « Ma vie » racontée aux amis Émile Riachi en toute franchise Carla HENOUD

Il écrit comme il parle, sans mâcher ses mots et, souvent, en tapant du poing sur la table !... Le verbe haut, le ton impressionnant, la carrure imposante n’en font pas moins un grand ours au cœur tendre... Le professeur Émile Riachi, père de l’orthopédie au Liban, qui fut chef du département éponyme à l’Hôpital grec-orthodoxe, membre fondateur et premier président de la Société libanaise d’orthopédie et professeur titulaire à la faculté de médecine de l’USJ, a eu envie de revenir sur ses quatre-vingt et une années et ses soixante-cinq ans de carrière pour tout raconter. Tout simplement. Ses mémoires sont réunies dans un ouvrage qu’il a intitulé « Ma vie » et qui n’est pas à vendre. Pour en obtenir une copie, il faut juste être un ami ou... le lui demander... «Je tiens à signaler, précise d’emblée le Dr Riachi, que ce livre n’a aucune prétention littéraire. Il relate à ma façon les différentes étapes de ma vie. C’est mon texte. Les événements qui m’ont marqué depuis mon enfance sont racontés de mémoire, sans aucun document à l’appui. Je n’ai rien oublié, sauf peut-être quelques dates. » Dédié à sa femme, « pour toutes ces années de bonheur », à ses enfants, « pour qu’ils s’en souviennent », et à ses petits-enfants, « pour qu’ils apprennent », l’ouvrage, qui contient certaines corrections faites à la main, a été « imprimé en 1 000 exemplaires par mon fils, en mon absence. Je n’ai pas aimé certains changements, alors... » Alors, ce perfectionniste de vérité de rectifier les erreurs, copie après copie ! « Je n’ai rien caché, je suis trop franc, j’ai tout dit. » Sans rancune, il a parlé des déceptions, sans regret, des occasions manquées et avec beaucoup de nostalgie des escales importantes et des rencontres indélébiles. Itinéraire d’une enfant gâté Tout, vous saurez tout sur l’enfant Émile, le préféré de sa mère Zahia née Yazbeck, atteint d’une infection aux yeux dont il souffrira longtemps. Tout sur son père Jean, le premier pédiatre libanais, qui a bien évidemment joué un grand rôle dans ses choix. « C’est lui qui m’a donné envie de faire mes études en médecine... Tout petit, j’avais déjà cette certitude. Lorsque mon père recevait des blessés, je l’aidais. Mais ce qui m’intéressait le plus, c’était les plaies, les sutures. » Tu seras chirurgien mon fils... C’est son père également qui, visionnaire, l’inscrit en classe de troisième, à l’Université Américaine, sachant l’importance future de la langue anglaise. Le lecteur saura tout sur les études du jeune Émile aux États-Unis, ses rencontres déterminantes avec le grand professeur Callahan et un certain Hamparssoum Kélikian, chirurgien orthopédique, et son stage au Cook County Hospital. « C’est lui qui m’a éclairé et m’a montré que l’orthopédie et la chirurgie sont deux spécialités indépendantes. » Après de longues années vécues à Chicago, c’est le retour au Liban, nous sommes en 1954, la quête d’un hôpital « suffisamment ouvert » pour créer deux spécialités séparées. Ce sera l’hôpital Saint-Georges, qui n’était alors qu’une « ébauche d’hôpital ». « Examiner un malade, consulter, écrira le Dr Riachi, donner un avis, c’était une chose facile, mais opérer, ce n’était pas la même chose. » En dépit de conditions de travail très difficiles, sa carrière professionnelle démarre d’une manière fulgurante. Très vite, il saura que « mon avenir et l’hôpital Saint-Georges resteraient scellés ». Suivront ensuite le mariage avec Andrée Debbani, naissance de ses enfants Zaza, Jean, Philippe et Élisabeth, vie sociale au zénith, vie sportive à son pic (il sera fondateur et président honorifique de la Fédération libanaise de ski)... Mais le bonheur s’arrête net en 1976. « N’empêche que, de 1959, année de mon mariage, jusqu’en 1975, ce furent des années de bonheur et de succès. En 1975, tout a basculé... » La guerre sonne le glas, les patients quittent le pays, l’activité médicale n’est plus la même. Deux sujets d’amertume persistent jusqu’à aujourd’hui : « La soixantaine d’articles médicaux que j’avais rédigés brûlent, ce qui a stoppé mon élan. J’ai alors arrêté d’évoluer internationalement. J’aurai toujours ce regret au fond de moi, de même que celui de ne pas avoir vu mes enfants grandir, puisqu’ils avaient quitté le Liban durant la guerre. » En 34 chapitres écrits comme on raconterait une histoire sans éviter les détails, Émile Riachi s’est livré à un exercice de mémoire, des années 20 à aujourd’hui. Avec les parfums du Liban d’hier à celui du présent. Il s’achève par ces quelques mots : « Et la conclusion : Se contenter de ce qu’on a obtenu et réalisé et ne pas vivre dans les chimères. En principe, je n’ai aucun regret réel. »
Il écrit comme il parle, sans mâcher ses mots et, souvent, en tapant du poing sur la table !... Le verbe haut, le ton impressionnant, la carrure imposante n’en font pas moins un grand ours au cœur tendre... Le professeur Émile Riachi, père de l’orthopédie au Liban, qui fut chef du département éponyme à l’Hôpital grec-orthodoxe, membre fondateur et premier président de la...