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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - Le vent du Liban en vente à l’aéroport de Beyrouth et à l’étranger Hawa Lebnan, un air qui n’a pas de prix Carla HENOUD

Il y a eu l’« Air de Paris », le « Sunshine of Florida », le « Fug of London » le « Aria di Napoli », proposés à de grands nostalgiques vivant loin de leur chère patrie, et mis en bouteilles et en vente dans le monde. Alors pourquoi pas, sur le marché, cet air précieux de notre cher Liban qui étouffe d’enfermement ? Ce Hawa Lebnan que rien ne semble remplacer, pas même le vent des plus belles capitales internationales. L’idée peut amuser ou irriter. Paraître géniale, vendre une abstraction parfaite qui symbolise l’attachement au pays, mettre le Liban dans une boîte de conserve, ou... arrogante, vendre du vent, rien que du vent… Les réactions sont nombreuses, mais les gens sont séduits. Surtout lorsqu’ils savent que les profits des ventes vont directement au reboisement des forêts du Chouf, victimes d’incendies criminels l’été dernier. D’Afrique aux USA, de Dubaï à Oman, en passant par la Jordanie, cet air particulier, parfois accaparent, mais porteur de tant de symboles et de nostalgie, paraît aux yeux de beaucoup la dernière chose, ou la première, à emporter, outre les cadeaux, les objets artisanaux et les nombreux souvenirs… Il fallait y penser, et plus encore, le faire. Rasha Najjar n’a eu aucune hésitation. Férue d’art et de culture, membre auprès d’Henri Zgheib de l’association Odyssée qui a pour objectif de promouvoir les talents, les personnalités et les œuvres locaux, elle s’intéresse activement à tout ce qui parle du Liban. Comme une évidence La dame aux yeux bleus, aussi bleus que le ciel et la mer du Liban, aussi bleus que ces pierres « contre le mauvais œil » qu’elle suspend à son cou, affiche rapidement un grand attachement à sa terre. Chez elle, un bocal avec de la terre prise du Sud, des galets de bord de mer, des pierres de Jeïta sont éparpillés comme des signes extérieurs de son amour presque physique pour ses racines. « J’ai donné mon sang pour ce pays, j’ai perdu ce que j’avais de plus cher, raconte-t-elle pleine de passion. Et je ne partirai jamais. » Rasha Najjar et son époux le Dr Farouk ont en effet été victimes en 1987 de la violence de cette interminable guerre. Elle sera atteinte par 7 balles, il y laissera sa vie. En juillet 2006, alors que son fils, vivant à l’étranger avec sa famille, lui posait l’éternelle question : « Quand pouvons-nous venir ? » et face au refus répété de sa mère de fixer une date, « je lui ai, comme pour calmer sa nostalgie, promis de venir le voir avec un peu de ce précieux air du Liban », l’idée, qui n’était au début qu’un cri du cœur, la réponse d’une mère à son fils impatient de rentrer, prend forme, se précise et s’encadre dans une boîte. « Je n’avais rien inventé, et pourtant, souligne Rasha Najjar, personne n’avait jamais, auparavant, proposé une partie de notre terre. » Un air inodore, incolore et pourtant imbibé d’un parfum particulier. Celui du passé. Mise en application Après avoir enregistré le projet auprès d’un avocat et du ministère de l’Économie, la fameuse boîte s’habille de couleurs et de textes. D’un petit format facile à emporter, elle ressemble à une boîte de conserve locale sur laquelle figurent les symboles qui caractérisent le Liban : le cèdre, le skieur, Baalbeck, la Grotte aux Pigeons et les noms des principaux villages, de Zahlé à Machmouché, en passant par Jeïta, Batroun, Achkout, Baysour, Jabal Niha et Rachaya. La canette qui a « été remplie à Zahlé où se trouvent les usines » est hermétiquement fermée, pour cause de sécurité dans les aéroports. Pas de liquides, de gaz, de produits chimiques, de pression ou d’alcool , comme il y est précisé, mais l’air frais du Liban pour seul ingrédient. Après un lancement officiel autour d’une conférence de presse au ministère du Tourisme le 31 octobre 2007, le flocon magique est à présent sur le marché et vendu à 5 000 livres libanaises. Trop cher ou pas assez ? Hawa Lebnan, 100 % libanais, n’a, c’est sûr, pas de prix...
Il y a eu l’« Air de Paris », le « Sunshine of Florida », le « Fug of London » le « Aria di Napoli », proposés à de grands nostalgiques vivant loin de leur chère patrie, et mis en bouteilles et en vente dans le monde. Alors pourquoi pas, sur le marché, cet air précieux de notre cher Liban qui étouffe d’enfermement ? Ce Hawa Lebnan que rien ne semble remplacer, pas même...