« La connaissance de Dieu passe par le cœur » De nombreuses écoles privées et publiques ont déjà adopté le catéchisme œcuménique

À l’heure où les chrétiens sont invités à « prier sans cesse » pour leur unité, quel plus beau cadeau peut-on faire à celle-ci qu’un catéchisme œcuménique dans lequel catholiques, orthodoxes et protestants apprennent à répondre ensemble à l’appel de Dieu ? Ce catéchisme existe. Il a vu le jour grâce à la décision des patriarches des Églises catholiques et orthodoxes d’Orient, et à l’approbation de l’Église évangélique. C’est le premier catéchisme du genre en Orient et, sans doute, dans le monde. Six livres de ce programme de formation chrétienne œcuménique sont déjà parus en arabe. Deux d’entre eux, pour les classes de 11e et de 12e, ont été traduits en français. C’est le père Jean Corban, l’une des grandes figures de l’œcuménisme au Liban, qui fut le pionnier de cette catéchèse commune. Dès le début des années 90, un aréopage d’évêques, formé de NN.SS. Boulos Matar, Georges Khodr, Élias Audeh, Youssef Kallas, Jean Tayrouz et Habib Badr (évangéliste), lui donne sa caution. La commission de rédaction de l’ouvrage, qui a entamé son travail en 1994, comprend, elle, 14 noms, dont ceux de trois laïcs. « L’ouvrage est utilisé dans la plupart des écoles publiques et dans certaines écoles privées », précise l’une des chevilles ouvrières du projet, sœur Marie de Nazareth, que nous rencontrons au Collège de Nazareth. Enthousiaste, l’une des catéchètes de l’école, formée à l’Institut supérieur des sciences religieuses de l’USJ, assure : « C’est la première année que je peux prier avec les enfants ! » Et de préciser qu’elle commence souvent ses classes « en demandant à ses enfants le silence du cœur », expression qu’elle n’a aucun mal à faire comprendre. La catéchèse mise au point progresse d’un émerveillement premier de l’amour du père, révélé par Jésus, vers une meilleure connaissance de Jésus, de sa parole, des sacrements qu’il a déposés dans l’Église. La catéchèse s’oriente ensuite vers quelques épisodes de l’Ancien Testament, ce qui permet aux jeunes de mesurer les liens qui unissent l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Le dernier ouvrage, de façon plus claire, tente de communiquer aux jeunes le sens véritable de leur existence : connaître l’amour du père, la valeur du salut apporté par Jésus-Christ, la puissance de l’esprit qui les transforme et les conduit à la maturité spirituelle. Pour sa part, sœur Marie de Nazareth souligne les deux aspects les plus profonds de cette catéchèse œcuménique, ceux qui les différencient d’autres manuels en usage dans le monde scolaire. « Ce programme forme à la vie spirituelle et à la prière du cœur », explique-t-elle, affirmant que la vie spirituelle est distincte de la vie morale, dans la mesure où cette dernière peut se vivre à la force de la volonté, tandis que la vie spirituelle, en tant que telle, est la vie sous la conduite de l’Esprit-Saint. « Dans ce programme, on forme à la prière du cœur, qui est le lieu où on est attendu, désiré par Dieu, le lieu de la rencontre avec Dieu, dans l’Esprit-Saint », dit encore sœur Marie de Nazareth. « Le cœur, ajoute la religieuse, qui enseigne à l’ISSR ainsi que dans certaines écoles, c’est notre petit autel intérieur, celui sur lequel nous déposons les offrandes de nos joies et nos peines, de notre découragement ou de notre fatigue, et où tout est transformé par l’Esprit-Saint, tout comme sur l’autel des Églises on dépose le pain et le vin, qui deviendront corps et sang du Christ. C’est le lieu de la transfiguration. » L’importance de l’ouvrage n’a pas échappé au Vatican, qui a demandé à en prendre connaissance et songe à le proposer comme modèle dans d’autres régions du monde où catholiques, orthodoxes et protestants vivent côte à côte. Les livres sont abondamment illustrés et les pages sont volontairement très aérées, ce qui les rapproche de l’album illustré. Pour chaque classe, il existe deux livres, celui de l’élève et celui du maître. Un point noir dans ce tableau : le livre est mal connu des vendeurs et vendeuses et il n’est pas rare que l’acheteur éventuel soit renvoyé les mains vides, alors même que l’ouvrage est bien disponible. Fady NOUN