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Amr Moussa se rend aujourd’hui à Damas et présidera une nouvelle réunion majorité-opposition, dimanche Le médiateur de la Ligue arabe réunit enfin Hariri et Aoun, en présence d’Amine Gemayel

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, peut enfin se frotter les mains. Pour la première depuis le début de sa médiation, il a pu mettre en présence l’un de l’autre deux représentants de la majorité et de l’opposition, en l’occurence le chef du Courant du futur, Saad Hariri, et le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, en présence du président Amine Gemayel. La réunion s’est tenue à huis clos, dans l’enceinte du Parlement, sans que l’on sache par quelle voie sont arrivés MM. Hariri et Gemayel. Sa durée, trois heures trente, laisse penser que de sérieux et amples échanges ont eu lieu. Sur le plan formel, la réunion a respecté le principe de l’équilibre des forces et n’a offert à aucune des deux personnalités de « victoire » sur l’autre. En effet, le simple fait que la réunion ait eu lieu a été considéré comme un point marqué par l’opposition, qui a désigné le général Aoun comme négociateur incontournable pour son compte, en décembre. La majorité s’était, au départ, refusé à rencontrer le chef du Courant patriotique libre. Toutefois, le fait que la réunion s’est tenue en présence du président Amine Gemayel l’a privée de la valeur symbolique que voulait lui conférer l’opposition, qui érige l’ancien commandant en chef de l’armée en champion incontesté de la communauté chrétienne. Elle a également permis de ménager la susceptibilité de certains milieux chrétiens, qui ne sont pas tout à fait à l’aise avec le fait qu’un leader sunnite négocie en leur nom. Sur le fond, malgré un black-out sévère convenu entre tous les protagonistes, on estime de toute évidence que les discussions ont porté principalement sur le plan adopté par les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe pour mettre fin à la crise politique. La réunion a davantage porté sur la forme que sur les questions de fond, a affirmé une source informée. « Une avancée sur le fond est encore loin », a ajouté cette source. D’autres sources, par contre, assurent que les discussions ont abordé des questions de fond, et particulièrement le verrou de la formation du gouvernement, et que toutes les parties présentes ont pu exposer leur point de vue à ce sujet. Le plan de la Ligue préconise l’élection immédiate du général Michel Sleimane, la formation rapide d’un cabinet d’union nationale où ni la majorité ni l’opposition ne jouirait d’un pouvoir de décision autonome – majorité absolue ou minorité de blocage – et l’adoption d’une nouvelle loi électorale en vue des législatives prévues l’année prochaine. La majorité parlementaire souhaite, naturellement, une majorité de portefeuilles ministériels au sein du futur gouvernement de 30 membres, avec 14 portefeuilles contre 10 à l’opposition, les autres étant choisis par le général Sleimane. Mais l’opposition revendique la parité, chaque camp disposant de 10 portefeuilles, les 10 restants étant pourvus par le président. Elle souhaite aussi obtenir quelque garantie que les ministres nommés par le chef de l’État élu ne passeront pas dans le camp de la majorité, comme cela s’est produit sous le mandat du président sortant, Émile Lahoud, après la prorogation forcée imposée par Damas. Une seconde réunion Le secrétaire général de la Ligue arabe a annoncé, en fin de réunion, qu’il se rendrait aujourd’hui à Damas pour y avoir des entretiens centrés sur la crise libanaise, et qu’une nouvelle rencontre similaire à celle qui s’est tenue hier soir se tiendrait à nouveau dans l’enceinte du Parlement. Cette seconde réunion se tiendra dimanche, assure-t-on de bonne source. D’ici là, les représentants de la majorité et de l’opposition auront eu le temps de se concerter chacun avec son camp. À l’issue de la réunion, M. Moussa a affiché son « optimisme », sans minimiser les difficultés qu’il rencontre. « La crise libanaise est très complexe », a-t-il indiqué. « Nous nous sommes mis d’accord sur un certain nombre de sujets. Nous nous réunirons une seconde fois à mon retour de Damas. J’appuie un règlement arabe de la crise libanaise et mon objectif est l’organisation de l’élection présidentielle lundi prochain », a-t-il affirmé en substance. On rappelle que le Parlement est appelé lundi pour la 13e fois à élire le nouveau président mais un nouveau report est probable si aucun accord n’est trouvé entre les factions rivales garantissant que le quorum des deux tiers des députés sera atteint. Optimisme et scepticisme Auparavant dans la journée, M. Moussa avait poursuivi sa médiation entre la majorité et l’opposition, rencontrant successivement le général Michel Aoun, le ministre Élias Murr et le député Michel Murr, Saad Hariri, le Premier ministre Fouad Siniora et le président de la Chambre des députés, Nabih Berry. La veille au soir, le secrétaire général de la Ligue arabe s’était longuement entretenu, à Koraytem, avec les leaders de la majorité, en présence notamment de MM. Walid Joumblatt, Samir Geagea et Amine Gemayel, de son programme d’action pour le lendemain. Tout au long de la journée, hier, M. Moussa devait faire preuve d’optimisme, affirmant qu’un déblocage est à l’horizon, ce qui s’est concrétisé sur la forme, en attendant une sortie de crise réelle. Le secrétaire général de la Ligue a énergiquement démenti que la crise libanaise soit en voie d’internationalisation, affirmant qu’il avait la ferme intention d’être l’instrument de son règlement, dans le cadre de l’initiative arabe. « Si la rencontre réussit, elle pourra conduire à l’élection d’un président lundi », avait souligné une source proche de la médiation, en cours de journée, en référence à cette séance électorale. Mais les Libanais ont appris à se méfier de ces pronostics que l’actualité a systématiquement démentis au cours de l’année écoulée. Stratégie internationale Prenant la parole après sa réunion avec M. Moussa, le général Aoun avait affirmé que « l’enjeu politique de la crise dépasse les petits électeurs et implique une stratégie internationale », ajoutant que « le salut du Liban n’est pas aux mains de la majorité ». Le général Aoun devait également critiquer l’ONU pour « l’excès d’appui » qu’elle apporte à la majorité. « C’est l’excès d’appui de l’ONU à la majorité qui nous a conduits là, a-t-il dit, peut-on imaginer quelqu’un qui fait le contraire de ce que son peuple souhaite. » Par ailleurs, Aoun a réaffirmé que « tout ce que veut la majorité, c’est s’accrocher au pouvoir », estimant que « nous livrons aujourd’hui la véritable bataille de l’indépendance ». Le chef du CPL a jugé par ailleurs que l’appui apporté par le président Bush au gouvernement de Fouad Siniora reflète clairement la préférence des États-Unis pour le maintien en place du gouvernement actuel, et a affirmé voir se profiler, derrière tout ce qui se passe, le spectre de l’implantation au Liban des Palestiniens. De Berlin, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a affirmé hier que son gouvernement jouerait un rôle constructif dans la recherche d’une solution politique au Liban. Fady NOUN
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, peut enfin se frotter les mains. Pour la première depuis le début de sa médiation, il a pu mettre en présence l’un de l’autre deux représentants de la majorité et de l’opposition, en l’occurence le chef du Courant du futur, Saad Hariri, et le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, en présence du président Amine...