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Actualités - CHRONOLOGIE

La séance parlementaire n’a pas été reportée, mais il y a peu d’espoir qu’elle se tienne Les divergences restent entières, en dépit du forcing de Kouchner Fady NOUN

La décision du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de prolonger jusqu’à cet après-midi son séjour au Liban ; celle du président de la Chambre de ne pas reporter la séance prévue pour ce matin et de demander aux députés de son bloc de se rendre ce matin place de l’Étoile ; une réunion nocturne de toutes les fractions de l’opposition à Rabieh ; des remous dans certains segments de l’opposition qui ne sont plus d’accord avec les exigences jugées excessives du général Michel Aoun. Il n’en fallait pas plus pour faire souffler hier soir, sur les milieux politiques, un petit vent d’optimisme. Un optimisme vite retombé en fin de soirée, avec les maigres résultats enregistrés par la réunion nocturne de Rabieh. Selon des sources généralement fiables, M. Kouchner aurait repoussé à aujourd’hui après-midi son départ du Liban à la suite de promesses formulées par Nabih Berry et Saad Hariri, avec lesquels il a tenu une longue réunion, que tous les efforts seront déployés pour faire aboutir le processus électoral aujourd’hui même, ou, au plus tard, lundi. Le fait que M. Berry n’ait pas officiellement reporté la séance de vote aujourd’hui, et qu’il ait demandé aux députés de son bloc de se rendre place de l’Étoile, est venu corroborer cette tendance optimiste. Notons qu’à l’issue de ses entretiens à Aïn el-Tiné, le chef du Quai d’Orsay s’est rendu à la Résidence des Pins, où il a tombé le veston pour suivre heure après heure les derniers développements de la situation interne et se mettre en contact avec Paris, tandis que l’ambassadeur d’Égypte prenait le relais et rencontrait successivement MM. Berry et Hariri. En matinée, le chef du Quai d’Orsay s’était rendu à Yarzé, pour un premier contact avec le commandant en chef de l’armée. La réunion nocturne à Rabieh, précédée d’une nouvelle escalade revendicatrice du général Aoun, semble avoir remis en question les interprétations optimistes de la journée. Y assistaient un représentant de M. Sleimane Frangié, Youssef Fenianos, ainsi que Ahmad Baalbacki et Ali Hassan Khalil du mouvement Amal, Hussein Khalil et Ali Safa, du Hezbollah. Les informations au sujet de cette réunion sont restées fragmentaires. Toutefois, des sources ont affirmé qu’un bloc parlementaire en vue aurait informé le général Aoun que son intransigeance était déplacée en ces heures critiques et que les députés de ce bloc pénétreront dans l’hémicycle pour voter l’amendement constitutionnel et élire un nouveau chef de l’État, sinon aujourd’hui, dans les jours qui viennent. D’autres sources ont même ajouté que, lassées par les surenchères de Aoun, Amal et le Hezbollah seraient prêts à le lâcher pour assurer, au plus tard mardi, une élection présidentielle. Pourtant, ces informations ont été démenties en soirée par une source de l’opposition, présente à la réunion de Rabieh. Divergences sur la forme… Le retour à la case départ s’est confirmé avec les précisions apportées de diverses sources sur la teneur des réunions de la journée. Sur les entretiens Berry-Hariri, en présence de Bernard Kouchner, des sources concordantes de la majorité et de l’opposition ont précisé qu’ils ont porté sur le volet constitutionnel des pourparlers en cours, à savoir la procédure à suivre pour amender l’article 49 de la Constitution. Sur ce point, toutefois, les divergences formelles se sont avérées aussi profondes que toujours. L’opposition exige en effet la démission du gouvernement de M. Siniora avant tout amendement de la Constitution. À la suite de cette démission, les ministres chiites reviendraient sur leur propre démission et redonneraient au gouvernement toute sa représentativité communautaire. Le gouvernement reconstitué entérinerait alors une proposition de loi d’amendement de la Constitution présentée par dix députés. Pour justifier cette demande, M. Berry, invoquant le précédent de 1990, rappelle que le gouvernement d’alors ne jouissait que du pouvoir d’expédier les affaires courantes stricto sensu, et qu’il n’est donc pas question d’accorder au gouvernement Siniora le pouvoir de soumettre à la Chambre une proposition de loi d’amendement. Pour une source de la majorité, toutefois, il n’est pas question d’infliger cette humiliation à Fouad Siniora et de lui faire perdre la face, après de si longs mois de résistance, d’autant plus que l’exigence de l’opposition ne répond à aucune nécessité constitutionnelle, et qu’elle n’est là que pour lui permettre de crier enfin victoire. ...et sur le fond Sur le fond non plus, on reste loin d’un accord. Le général a tonitrué à nouveau, hier, « au nom des droits spoliés des chrétiens » qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle avant une entente politique sur le gouvernement et la loi électorale, s’attirant une réponse en contrepoint de M. Hariri, qui a publié une mise au point disant : « Pour couper court à toutes les interprétations erronées en cours, le service de presse de M. Hariri assure qu’il n’a pas été question du futur Premier ministre ou du gouvernement en place, lors des entretiens d’aujourd’hui et qu’il n’y en aura pas avant l’élection d’un nouveau président de la République. » Les faits, on le voit bien, parlent d’eux-mêmes et la réunion parlementaire de ce matin ressemblera à n’en pas douter à celles qui l’ont précédée : des hommes qui parlementent jusqu’à la nausée et une nation à laquelle ces discours ne disent plus rien.
La décision du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de prolonger jusqu’à cet après-midi son séjour au Liban ; celle du président de la Chambre de ne pas reporter la séance prévue pour ce matin et de demander aux députés de son bloc de se rendre ce matin place de l’Étoile ; une réunion nocturne de toutes les fractions de l’opposition à Rabieh ; des...