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Actualités - OPINION

LA situation - Les projets d’amendement de la Constitution se heurtent à l’écueil de la répartition des portefeuilles ministériels Les chances d’une élection présidentielle rapide semblent s’estomper Fady NOUN

Avec la déclaration du général Michel Aoun, hier, sur la nécessité d’une entente avant tout amendement constitutionnel, les chances d’une élection présidentielle rapide se sont estompées, et la perspective d’un sur-place aussi lassant qu’inutile – inutile comme le sit-in dans le centre-ville, inutile comme tout ce qui nuit à l’économie nationale – recommence à faire surface. L’euphorie d’un consensus rapide a donc cédé la place à une prudente expectative, en attendant de voir ce que les prochains jours cachent aux Libanais. Des milieux diplomatiques cités par notre correspondant au Palais Bustros, Khalil Fleyhane, prévoient le report de l’élection présidentielle à la semaine prochaine, à moins que les démarches de conciliation menées par M. Michel Murr ne soient couronnées de succès. Aux yeux de la majorité, en tout cas, qui rejoint sur ce point la communauté arabe et internationale, l’élection présidentielle revêt une priorité absolue. Le scrutin, par contre, est accueilli en rang dispersé par l’opposition, le mouvement Amal souhaitant un épilogue à la crise, tandis que le général Aoun et le Hezbollah continuent de faire preuve de « résistance passive ». Le patriarche maronite, étroitement impliqué dans le processus électoral, a été gardé au courant des développements en cours par le Premier ministre en personne, qui l’a appelé au téléphone, et par le conseiller de M. Hariri, Daoud Sayegh. L’ambassadeur Jeffrey Feltman, lui, tentait de raisonner Carlos Eddé, hostile à l’amendement constitutionnel, et à travers lui, tous les membres du 14 Mars dont la déconvenue semble aussi grande que l’avaient été leurs espoirs. La prise de position du général Aoun a été précédée d’une rencontre matinale avec le général Michel Sleimane, de laquelle on escomptait beaucoup. Toutefois, la prise de position subséquente est venue rafraîchir ces attentes. En bref, le général Aoun réclame un « rééquilibrage » de la présence chrétienne au sein du gouvernement. Il réclame certes beaucoup plus, mais concrètement, ses demandes se traduisent dans l’immédiat par une meilleure répartition des portefeuilles ministériels. De source informée, toutefois, on assure que le général Sleimane refuse de discuter du gouvernement avant d’être élu, de crainte que ses choix et préférences ne lui valent des inimitiés qui compromettraient ses chances. Sleimane, qu’on surnomme déjà la « force tranquille », fait valoir aussi que la désignation d’un Premier ministre répond à un mécanisme constitutionnel qu’il faut respecter : des consultations parlementaires contraignantes. On pourrait penser, naturellement, dans ce cas, que la présidence du Conseil reviendrait à M. Saad Hariri, le député sunnite le plus en vue de la majorité, ou encore à M. Bahige Tabbarah. Les tractations en cours laissent penser cependant que l’opposition exige que la désignation d’un Premier ministre réponde aux mêmes critères de consensus que celles qui ont présidé au choix de Sleimane. Dans ce cas, c’est M. Nagib Mikati qui semble le mieux placé pour succéder à M. Siniora. La composition du gouvernement se ferait au prorata du nombre des députés de la majorité et de l’opposition. Le plan formel Sur le plan formel, deux projets ont été élaborés pour l’amendement de la Constitution qui permettrait au commandant en chef de l’armée d’accéder à la magistrature suprême : un projet élaboré par le ministre Charles Rizk, qui consiste à amender l’article 49 de la Constitution, et un projet élaboré par le député Robert Ghanem, président de la commission de l’Administration et de la Justice, dont le point de départ serait une proposition de loi présentée par dix députés, appartenant de préférence aussi bien à la majorité qu’à l’opposition. Reste toutefois que les deux projets doivent transiter par le gouvernement, passage obligé de toute proposition de loi ou de tout projet d’amendement. Aux yeux de l’opposition, il n’en est pas question, car ce serait reconnaître la légitimité d’un gouvernement honni. Aux yeux de la majorité, il n’est pas question une seule minute de lâcher un gouvernement qui a assuré le fonctionnement des institutions, aux heures les plus noires de ces deux dernières années, et en particulier après le départ des ministres chiites. Selon des sources au sein de la majorité, la seule procédure qui permettrait de concilier les points de vue contradictoires de la majorité et de l’opposition serait que les députés démissionnaires reviennent sur leur décision, pour entériner un projet de loi d’amendement de la Constitution. Empruntera-t-on cette voie ? Et d’où viendrait la réponse ? Jusqu’où ira le « réalisme » dont veut faire preuve aujourd’hui la majorité ?
Avec la déclaration du général Michel Aoun, hier, sur la nécessité d’une entente avant tout amendement constitutionnel, les chances d’une élection présidentielle rapide se sont estompées, et la perspective d’un sur-place aussi lassant qu’inutile – inutile comme le sit-in dans le centre-ville, inutile comme tout ce qui nuit à l’économie nationale – recommence à faire...