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Jour I des concertations de Aoun avec des personnalités chrétiennes Mikhaël Daher : Taëf a été détourné et le gouvernement actuel ne doit pas exercer les prérogatives du président

Les consultations avec les personnalités chrétiennes fixées par Michel Aoun aux trois premiers jours de la semaine ont été lancées hier. Pour le chef du CPL, il s’agit en fait de resserrer les rangs chrétiens et de voir ce qui peut être accompli pour aboutir à l’élection d’un nouveau président de la République le plus rapidement possible et tous ses visiteurs ont insisté sur le fait que c’est le rôle des chrétiens et leur participation au pouvoir qui sont remis en cause à travers la non-élection d’un successeur au président Émile Lahoud. Le chef du CPL a ainsi reçu l’ancien député et ministre Mikhaël Daher, l’ancien député Gebrane Tok, l’ancien ministre Béchara Merhej, l’ancien vice-président de la Chambre Élie Ferzli, le ministre démissionnaire Yaacoub Sarraf, l’ancien ministre Naji Boustany, ainsi qu’une délégation de la Ligue maronite, une autre des Ligues chrétiennes et une troisième de l’Union pour le Liban. Les rencontres se sont déroulées en présence des cadres du CPL, Gebrane Bassil et Ziad Abs. En tant qu’expert en droit constitutionnel, Mikhaël Daher a précisé que l’amendement de l’article 62 effectué en 1990, et sur lequel se base le gouvernement actuel pour prendre les prérogatives du président en cas de vacance à la tête de la République, a été adopté dans un moment d’inattention des députés et l’accord de Taëf a été détourné. Selon lui, en cas de vacance à la tête de l’État, c’est le Conseil des ministres réuni qui devient le pouvoir exécutif. Mais le président de la République, en sa qualité d’un des trois piliers du régime, a d’autres prérogatives personnelles qui ne devraient pas être attribuées au Conseil des ministres. Pour l’ancien ministre, deux graves erreurs ont été ainsi commises dans l’amendement de 1990, lorsqu’il a été dit que les prérogatives du président vont au Conseil des ministres en cas de vacance à la tête de la République. D’abord donc parce que le président détient des prérogatives personnelles qui ne doivent pas faire partie du lot, ensuite parce que le président ne peut exercer ses fonctions avant d’avoir prêté le serment constitutionnel, alors que le Conseil des ministres ne le fait pas. Mikhaël Daher a poursuivi son exposé en précisant que si le délai constitutionnel prévu pour l’élection d’un président expire sans que l’élection ait eu lieu, c’est l’article 74 de la Constitution qui doit s’appliquer et il prévoit que le Parlement se réunit d’office pour élire un président et se considère en session ouverte. Selon lui, le législateur n’a pas imaginé un seul instant que le pays puisse rester sans président et que l’un des trois piliers du régime soit neutralisé. Pour M. Daher, le gouvernement actuel est bel et bien illégal, anticonsensuel et anticonstitutionnel, mais il est là et peut exercer ses prérogatives, mais pas celles du chef de l’État. M. Daher a toutefois précisé que c’est aux députés de déclarer l’illégalité du gouvernement. C’est le Parlement qui lui demande des comptes et c’est le Conseil constitutionnel qui vérifie la constitutionnalité des lois, mais il est malheureusement paralysé. Signalons que M. Daher s’est aussi entretenu avec Samir Geagea et avec l’ancien président Amine Gemayel dans le cadre de sa tournée auprès des leaderships chrétiens. Achkar : La « normalisation du vide présidentiel » Michel Aoun a ensuite reçu l’ancien député Gebrane Tok qui a estimé que les concertations devraient être élargies à certaines personnalités chrétiennes du 14 Mars pour parvenir à une vision commune sur les moyens de sortir de cette impasse. M. Tok a affirmé que les chrétiens éprouvent aujourd’hui une grande tristesse à cause de la vacance à la tête de la République. Il a rappelé que la vacance à la présidence en 1988 a abouti à l’accord de Taëf, ajoutant que la vacance actuelle pourrait bien aboutir à un accord nouveau. C’est pourquoi, selon lui, les chrétiens doivent resserrer les rangs et se mettre d’accord sur une vision commune. De son côté, le secrétaire général de l’Union pour le Liban, Massoud Achkar, a affirmé que le grand danger serait que l’on s’habitue à la vacance à la tête de la République et qu’une telle situation se normalise. Achkar a rappelé la marginalisation systématique des chrétiens pendant l’époque de la tutelle syrienne, à travers les lois électorales et les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir. Mais il a ajouté que cette marginalisation aurait dû cesser avec le retrait des troupes syriennes en avril 2005. Or, elle se poursuit et elle a atteint son apogée avec la non-élection d’un président de la République. « Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un président qui redonne confiance aux Libanais et qui les rassemble, tout en exposant la position du pays dans les congrès, les sommets et les conférences », a-t-il déclaré, précisant que si un compromis est conclu à Annapolis, il se fera aux dépens du Liban. Le général Aoun a aussi reçu une délégation de la Ligue maronite présidée par Joseph Torbey, qui a précisé que la Ligue publiera un communiqué sur la situation au cours des prochains jours. Le ministre démissionnaire Yaacoub Sarraf a affirmé que le système ne peut pas fonctionner sans la participation des chrétiens à travers la présidence de la République. Il a relevé le fait que les sunnites prennent des instructions de l’Arabie saoudite, les chiites de l’Iran alors que les chrétiens se contentent de consulter les ambassades. Tout en souhaitant une action rapide pour réparer le tort fait au Liban et aux chrétiens, Sarraf a considéré que Rabieh est devenue un recours pour cette communauté. L’ancien vice-président de la Chambre Élie Ferzli a expliqué que la vacance à la tête de la République signifie l’exclusion des chrétiens de la participation au pouvoir, en contradiction totale avec les dispositions de l’accord de Taëf. Le député Aoun poursuivra ses concertations avec les personnalités chrétiennes aujourd’hui et demain.
Les consultations avec les personnalités chrétiennes fixées par Michel Aoun aux trois premiers jours de la semaine ont été lancées hier. Pour le chef du CPL, il s’agit en fait de resserrer les rangs chrétiens et de voir ce qui peut être accompli pour aboutir à l’élection d’un nouveau président de la République le plus rapidement possible et tous ses visiteurs ont insisté sur le...