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Les derniers espaces verts sacrifiés au profit des centres commerciaux Une grand-mère écolo dans la pollution de Djakarta

Dans la mégalopole ultrapolluée de Djakarta, où les ordures sont brûlées à l’air libre quand elles n’obstruent pas les rivières fétides, une grand-mère atypique enseigne les rudiments de l’écologie. Harini Bambang Wahono, 77 ans, reçoit dans une salle de cours, évidemment peinte en vert, attenante à sa demeure du quartier de Banjarsari. Sur un mur est tendu un poster qui affiche « économisez, recyclez, réutilisez, replantez ». La capitale indonésienne, saturée par les embouteillages, est l’une des villes les plus polluées du monde. Les derniers espaces verts ont été sacrifiés au profit des centres commerciaux et des autoroutes urbaines, et la sensibilisation au respect de l’environnement est pratiquement inexistante. Dans certains quartiers, selon des enquêtes d’ONG, près de 80 % des résidents jettent leurs déchets directement dans les cours d’eau, ce qui, combiné avec le dérèglement climatique, aggrave les menaces d’inondations. En février, des crues dévastatrices ont fait au moins 80 morts et 500 000 sinistrés à Djakarta. En 1980, « Ibu » (grand-mère) Bambang s’installe à Banjarsari avec son mari, qui devient le chef du quartier. Elle commence à s’impliquer pour le voisinage. « Je me suis dit pourquoi ne pas changer notre quartier en ce que j’ai toujours rêvé depuis mon enfance ? Un quartier propre, rempli de plantes. C’est ainsi que cela a commencé », raconte-t-elle. L’enseignante apprend d’abord à lire et à écrire aux femmes des maisons alentour. Puis peu à peu elle leur enseigne à trier les déchets, recycler ce qui peut l’être. Pieds nus, ses lunettes à double focale perchées sur son nez, elle inculque des comportements très simples : sacs en plastique transformables en fleurs d’ornement, déchets organiques pouvant servir d’humus, plantes antimoustiques se substituant aux produits chimiques, etc. À elle seule, Ibu Bambang incarne le slogan « penser globalement, agir localement », un thème qui sera sûrement développé en décembre à la conférence des Nations unies sur le changement climatique, à Bali. Son père était un officier agricole sous l’époque coloniale hollandaise. Il lui a enseigné l’importance de vivre en bonne harmonie avec la nature. « Encore aujourd’hui, je suis conséquente avec ma passion des plantes et du traitement des déchets », explique la quasi-octogénaire. En 1996, les efforts d’Ibu Bambang ont été reconnus par l’Unesco qui l’a recrutée pour qu’elle continue ses cours de sensibilisation à l’écologie. Jan Steffen, un responsable de l’organisation, estime qu’elle a depuis cette date organisé plus d’un millier de sessions, en accueillant des visiteurs de 31 des 33 provinces indonésiennes et de 10 pays de la région. « Elle est, avec sa modestie, une héroïne environnementale », a-t-il déclaré à l’AFP.
Dans la mégalopole ultrapolluée de Djakarta, où les ordures sont brûlées à l’air libre quand elles n’obstruent pas les rivières fétides, une grand-mère atypique enseigne les rudiments de l’écologie.
Harini Bambang Wahono, 77 ans, reçoit dans une salle de cours, évidemment peinte en vert, attenante à sa demeure du quartier de Banjarsari. Sur un mur est tendu un poster qui...