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Il y a presque 50 ans L’appel de Charles Hélou à la réconciliation nationale

La nécessité de la réconciliation nationale pour « en sortir » : il y a un peu moins d’un demi-siècle déjà, elle se faisait sentir. Et la presse se mobilisait pour publier le même jour, à la une, le 5 octobre 1958 plus précisément, un éditorial sur le sujet, portant la signature du ministre de l’Information de l’époque, Charles Hélou. Celui qui allait devenir, six ans plus tard, président de la République plaidait pour la fraternité et le consensus. Depuis, les noms ont pu changer, les circonstances aussi, peut-être même quelques-uns de nos problèmes. L’essentiel est toujours là : le besoin du compromis et de la réconciliation nationale. Ci-après, le texte de l’éditorial signé Charles Hélou : « La gravité de la situation ? Chacun de nous s’en rend compte. Chacun de nous sait que ce qui est en cause, c’est le destin du Liban, c’est le “vouloir vivre en commun” des Libanais et un ensemble de valeurs qui font que la vie mérite d’être vécue. Les origines du drame et les responsabilités qu’il met en cause ? Ce n’est pas ce problème que je vais maintenant aborder puisque c’est ce problème-là qui ajoute à nos divisions – et, puisqu’à tour de rôle chaque moitié de la population a cru pouvoir s’insurger pour ce qu’elle a considéré comme la défense du Liban. » Les moyens “d’en sortir”, voilà ce qui doit préoccuper chaque Libanais en ce moment. “En sortir” dignement, équitablement, sans amertume de part ni d’autre, sans esprit ni besoin de revanche. Retrouver la paix comme avant, le travail comme avant, se retrouver comme avant unis et fraternels. Pour “en sortir”, les ressources de ce pays sont immenses. Non point seulement ses ressources économiques (qui s’épuisent moins facilement que ne l’auraient cru bien des experts), mais d’abord et essentiellement ses ressources morales. Malgré les tristesses et les deuils, malgré les excès et les violences, une même volonté de durer et de faire durer cette commune patrie, une volonté de survivre ensemble, venue du plus profond de tous les citoyens, renouvelle chaque matin son œuvre opiniâtre de rapprochement, de conciliation, d’unité. * * * De cette sagesse et de cet élan qui sont l’élan et la sagesse de la vie elle-même, en face de tous les risques de désagrégation, nous avons chaque jour quelque preuve nouvelle. L’une des plus éloquentes, à mes yeux, est bien celle que viennent de nous donner spontanément les journalistes de toutes tendances en décidant de se rencontrer pour un engagement d’honneur, pour un essai et pour un exemple de réconciliation nationale. On verra, par ailleurs, les modalités de leur accord. Qu’ils aient eu, en même temps, l’idée de laisser l’un de leurs plus anciens confrères, maintenant ministre de l’Information, publier un même éditorial dans tous les journaux d’aujourd’hui montre aussi à quel point, dans les circonstances les plus dramatiques, l’esprit d’abnégation et la plus grande délicatesse peuvent s’épanouir. Je ne voudrais pas abuser de cette liberté qui m’est laissée. Je voudrais seulement dire que ce que les journalistes, en dépit de leurs divergences d’opinion, ont pu réaliser aujourd’hui, le pays tout entier peut le réussir merveilleusement demain. * * * De part et d’autre, la presse a eu ses martyrs. La rencontre des journalistes n’en est que plus méritoire, plus significative, plus émouvante. Entre Dikran Tosbath et Abdallah Machnouk, entre Georges Ameira du Amal et Assad Mokaddem du Siassat et même, parmi les modérés, entre Ghassan Tuéni, René Aggiouri, Toufic Metni et tous les autres, les représentants du Hayat et du Yom, le pacte qui s’est conclu en présence des présidents des deux syndicats de la presse n’est pas un pacte d’abdication des principes, mais de conciliation et d’apaisement. Une réunion comme celle des journalistes, aujourd’hui, ce sont toutes les fractions du pays qui peuvent, qui doivent la tenir à brève échéance. Nous sommes, de par notre structure, le pays des divergences inévitables et de l’union nécessaire. Nous n’avons le choix qu’entre la fraternité ou la mort. C’est bien cette conviction commune à tous les Libanais qui explique la dernière élection présidentielle et le choix de l’homme devenu, pour nous tous, le symbole même de l’unité nationale et l’arbitre naturel de nos difficultés et de nos conflits. La réconciliation nationale, qui doit intervenir dans l’ordre, dans la justice et le respect de l’autorité, ne peut être que l’œuvre du compromis politique et de l’arbitrage. »
La nécessité de la réconciliation nationale pour « en sortir » : il y a un peu moins d’un demi-siècle déjà, elle se faisait sentir. Et la presse se mobilisait pour publier le même jour, à la une, le 5 octobre 1958 plus précisément, un éditorial sur le sujet, portant la signature du ministre de l’Information de l’époque, Charles Hélou. Celui qui allait devenir, six ans plus tard, président de la République plaidait pour la fraternité et le consensus. Depuis, les noms ont pu changer, les circonstances aussi, peut-être même quelques-uns de nos problèmes. L’essentiel est toujours là : le besoin du compromis et de la réconciliation nationale. Ci-après, le texte de l’éditorial signé Charles Hélou :
« La gravité de la situation ? Chacun de nous s’en rend compte. Chacun de nous sait que ce qui est en...