Le jour se lève à peine dans le village sunnite d’al-Awsat, près de Bagdad,...
Actualités - REPORTAGE
Reportage À al-Awsat, les soldats américains frappent avant d’entrer
le 19 novembre 2007 à 00h00
Les temps ont changé en Irak, et les méthodes aussi. Désormais, les soldats américains frappent avant d’entrer dans la maison d’Irakiens, ne défoncent plus les portes et s’inquiètent poliment de la présence d’émules d’el-Qaëda. L’armée la plus puissante du monde s’essaie à la persuasion.
Le jour se lève à peine dans le village sunnite d’al-Awsat, près de Bagdad, lorsqu’un géant en uniforme de l’armée des États-Unis s’arrête devant l’huis d’une ferme traditionnelle. D’autres militaires prennent position autour du mur d’enceinte et sur les toits avoisinants, le doigt sur la gâchette. L’officier lève le poing et frappe à la porte. Des raclements de gorge se font entendre à l’intérieur de la modeste habitation et le battant s’entrouvre prudemment. « Je suis le lieutenant Janis de l’armée des États-Unis », annonce du haut de ses deux mètres le chef de cette unité qui a eu récemment pour mission de prendre al-Awsat et d’en chasser les affiliés d’el-Qaëda en Irak.
Six hommes sont alignés dans la pièce où il vient d’entrer, et se frottent les yeux encore chargés de sommeil, visiblement étonnés. « Je suis votre ami et nous sommes ici à l’invitation de votre cheikh », poursuit Ted Janis, qui utilise les services d’un interprète. « Ahlan wa sahlan », « Soyez les bienvenus », répond un des habitants de la maison, enroulé dans une couverture noire et puisant clairement dans tout son courage pour accueillir ces étranges visiteurs de l’aube. « Je suis ici pour vous aider à vous débarrasser d’el-Qaëda, et assurer votre sécurité et celle de vos familles », poursuit Janis. Ses hommes ont inspecté la maison et lui font savoir que les femmes et les enfants sont dans une autre pièce.
« Nous avons besoin de votre aide pour trouver el-Qaëda. Nous avons besoin de votre aide pour trouver des explosifs, des armes, des bombes. Et pour le moment, nous avons besoin de rester chez vous jusqu’à ce que le soleil soit levé. Etes-vous d’accord ? » poursuit-il. « Ahlan wa salhan », répond de nouveau celui qui l’avait accueilli. « Parfait », approuve le lieutenant, « est-ce que cela vous dérange si je mémorise vos informations personnelles dans notre banque de données ? » « Pas de problème », assure l’homme dans sa couverture noire. Un jeune soldat ployant sous le poids de son paquetage s’avance, ouvre un ordinateur portable et prend les identités des hommes présents dans la pièce.
Le lieutenant Janis se retire, et se prépare à répéter cette très formelle entrée en matière dans d’autres maisons d’al-Awsat. Il est venu dans ce hameau de plus de 3 000 habitants pour y installer un avant-poste américain dans ce secteur longtemps bastion de la résistance antiaméricaine.
Mais les méthodes n’ont plus rien à voir avec la manière forte du début de l’intervention américaine en Irak : fini les portes ouvertes à coups de pied, les femmes et les enfants poussés à la pointe du fusil, où les hommes couchés dans la poussière les yeux bandés et les mains liées dans le dos. Une nouvelle approche plus diplomatique a été adoptée surtout dans les régions sunnites, les plus rétives face à l’invasion américaine de mars 2003 qui a chassé Saddam Hussein et mis au pouvoir la majorité chiite. Le commandement américain use dorénavant de la persuasion et de l’attrait de compensations financières substantielles pour gagner le soutien des tribus sunnites et les inciter à se retourner contre el-Qaëda en Irak.
Pour le lieutenant Janis et ses hommes, obtenir le soutien des habitants d’al-Awsat n’est pas seulement la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie. Ils veulent aussi savoir la vérité sur deux soldats américains, Byron Fouty et Alex Jimenez, disparus depuis le 12 mai dernier. « Nous allons rester ici. Nous allons gagner la confiance des villageois. C’est seulement à ce prix que nous pourrons obtenir des informations sur nos deux camarades », explique le lieutenant Janis.
Jay DESHMUKH/AFP
Les temps ont changé en Irak, et les méthodes aussi. Désormais, les soldats américains frappent avant d’entrer dans la maison d’Irakiens, ne défoncent plus les portes et s’inquiètent poliment de la présence d’émules d’el-Qaëda. L’armée la plus puissante du monde s’essaie à la persuasion.
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