Ailleurs, les vieux immeubles, on les bichonne, on les retape, on les rénove, on ravale leurs façades, on restaure leurs vitraux. On les met en valeur, pour en faire des monuments historiques. On les inscrit aussi sur des listes de patrimoine national et mondial. Car on est fier de les montrer, de les exhiber à l’admiration du public, de les faire visiter aussi. On raconte alors leur histoire. On leur invente parfois une légende, pour les rendre encore plus fascinants.
Dans les pays les plus civilisés, on lance même des concours pour récompenser les plus belles rénovations, les mises en valeur les plus imaginatives, pour honorer les plus vieilles pierres, datant d’époques révolues, victoriennes, napoléoniennes, ottomanes, mameloukes, mongoles....
Ici, c’est à coup de massues et de marteaux piqueurs qu’on les traite, les vieux immeubles aux pierres centenaires, aux balcons festonnés comme de la dentelle, aux vitraux délicatement décorés, aux colonnades savamment ciselées.
Quartier Kantari, à quelques mètres de la tristement célèbre tour Murr, c’est tout un pâté de vieilles demeures que l’on abat depuis quelques jours.
En un tournemain, on en a ceint les environs, interdit l’accès aux voitures et aux passants, alors qu’ouvriers, grues, marteaux piqueurs, pelleteuses, massues, s’acharnent avec hargne sur ces témoins de l’ère révolue de l’avant-guerre.
Dans l’indifférence générale. Alors que juste quelques curieux suivent avec intérêt, commentaires à l’appui, l’évolution des manœuvres.
Personne pour réagir, pour crier au sacrilège. Personne pour venir s’apitoyer sur le sort de ces demeures au passé glorieux. Personne pour s’opposer aux outrages du temps, alors que retentit dans le quartier le vrombissement des machines, et que la poussière rend l’air irrespirable.
Jusqu’à quand se poursuivra cette insulte à l’histoire alors que continue de disparaître, comme peau de chagrin, le vieux Beyrouth de notre enfance ?
Anne-Marie EL-HAGE
Ailleurs, les vieux immeubles, on les bichonne, on les retape, on les rénove, on ravale leurs façades, on restaure leurs vitraux. On les met en valeur, pour en faire des monuments historiques. On les inscrit aussi sur des listes de patrimoine national et mondial. Car on est fier de les montrer, de les exhiber à l’admiration du public, de les faire visiter aussi. On raconte alors leur histoire. On leur invente parfois une légende, pour les rendre encore plus fascinants.
Dans les pays les plus civilisés, on lance même des concours pour récompenser les plus belles rénovations, les mises en valeur les plus imaginatives, pour honorer les plus vieilles pierres, datant d’époques révolues, victoriennes, napoléoniennes, ottomanes, mameloukes, mongoles....
Ici, c’est à coup de massues et de marteaux piqueurs qu’on les...
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