Nous avons parlé de la réémergence d’un monde multipolaire où les États-Unis,...
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Tremblement d’histoire Fady NOUN
le 13 novembre 2007 à 00h00
Comme la terre, l’histoire tremble parfois. Nous vivons en ce moment en plein tremblement d’histoire. Notre pays est situé au point d’intersection de deux plaques culturelles et politiques qui se mettent provisoirement en place, et dont les frictions produisent cette instabilité dont nous souffrons.
Nous avons parlé de la réémergence d’un monde multipolaire où les États-Unis, unique superpuissance du monde, sont mis au défi par des forces anti-impérialistes objectivement coalisées avec un réveil islamiste. Et comme dans le monde bipolaire défunt avec l’effondrement de l’URSS en 1989, ce nouveau monde multipolaire provoque l’éclatement des pays affectés par les tensions qu’il engendre.
Ne soyons pas impressionnés outre mesure. Les voix qui s’élèvent ne sont pas les nôtres, ce sont les grincements, ou si l’on veut les répliques du grand tremblement de terre qui nous secoue ; de toute évidence, ce n’est pas nous qui écrivons notre histoire, mais on l’écrit pour nous. On l’écrit à Washington et Paris, à Damas et Téhéran, à Ryad et au Caire par des acteurs eux-mêmes dépassés par ce qui arrive.
Mais le Liban peut-il éclater comme, par exemple, la Palestine a éclaté ? Aussi bien géographiquement qu’institutionnellement, cet éclatement est difficile. Où donc le général Michel Aoun se taillera-t-il une superficie autonome, dans l’hypothèse d’un éclatement géographique ? À quels fonds puiserait un second gouvernement, reconnu uniquement par Damas et Téhéran, et peut-être La Havane et Caracas ?
Où allons-nous donc ? Comment défendre l’indépendance du Liban ? Paradoxalement, l’indépendance dépend de notre habilité à préserver nos institutions, à l’heure même où tout le monde parle de leur éclatement. Dans l’épreuve de force interne, la ligne rouge à ne pas franchir, c’est l’unité des institutions, et en particulier celle de l’armée, symbole de l’unité du Liban. Nous résisterons à toutes les formes d’éclatement dans la mesure où nous réussirons à empêcher l’éclatement de l’armée. C’est à ce repère institutionnel qu’il faut regarder pour juger si les menaces brandies par le Hezbollah, et accessoirement le Courant patriotique libre, sont crédibles ou pas.
Est-ce à dire que le seul choix qui nous reste c’est d’élire le commandant en chef de l’armée ? Pas nécessairement. Ce qu’il nous faut surtout, c’est choisir une dose de neutralité suffisante pour nous tenir à l’écart de la politique des axes, de la nouvelle guerre froide qui divise le monde en blocs.
En termes concrets, si une élection doit avoir lieu, ce devrait être celle d’un homme de consensus. Le consensus, c’est l’esprit même de la Constitution. Les piliers du Liban sont la modération, l’équilibre, l’entente, la convivialité. Toute autre façon de faire reviendrait à détruire le Liban. En outre, quoi qu’en dise le Conseil des évêques maronites, en démocratie, il n’y a pas de mandat impératif d’assister à la séance de vote. Il n’y en a même pas sur le plan moral, si en conscience, la conviction de servir l’intérêt du Liban est absente.
Mais si les conditions posées de part et d’autre par la majorité et l’opposition ne se recoupent sur aucun point, comme le laisse entendre sayyed Hassan Nasrallah, mieux vaudra transférer au gouvernement de Fouad Siniora les prérogatives présidentielles, que d’élire un président à la majorité absolue. Ou alors, force sera de recourir à une sorte d’état d’urgence pour prévenir tout éclatement institutionnel. C’est à cela que se réfère, sans doute, le secrétaire général du Hezbollah, dans son appel au président Lahoud.
Par ailleurs, outre le consensus, et paradoxalement, ce dont nous avons besoin, c’est que les hommes répondent de leurs actions devant les électeurs. Selon des termes chers à Sélim Hoss, au Liban, il y a trop de liberté et trop peu de démocratie. Il nous faut assumer la responsabilité de nos actes. La démocratie doit rester notre horizon. Une nouvelle loi électorale doit rapidement voir le jour et les électeurs appelés à se prononcer sur le drame qui se joue.
C’est à ces deux conditions que le Liban survivra au tremblement d’histoire qui nous secoue. Et, Dieu aidant, il y survivra.
Comme la terre, l’histoire tremble parfois. Nous vivons en ce moment en plein tremblement d’histoire. Notre pays est situé au point d’intersection de deux plaques culturelles et politiques qui se mettent provisoirement en place, et dont les frictions produisent cette instabilité dont nous souffrons.
Nous avons parlé de la réémergence d’un monde multipolaire où les États-Unis,...
Nous avons parlé de la réémergence d’un monde multipolaire où les États-Unis,...
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