La hausse généralisée des matières premières frappe aussi le marché du chocolat, dont les prix risquent d’augmenter de 10 % en début d’année prochaine, s’inquiètent les Suisses, un des premiers producteurs de chocolat haut de gamme. Avis aux amateurs : Noël sera la dernière occasion de profiter des tablettes, pralines et autres produits chocolatés avant une augmentation des prix, soutenue par la flambée du cacao, du lait et des emballages. « Les tensions politiques en Côte d’Ivoire et des mauvaises récoltes ont fait reculer de 10 % la production de fèves de cacao dans ce pays », premier producteur mondial, selon René Weber, analyste à la banque suisse Vontobel. Au Ghana, deuxième producteur mondial, la récolte de fèves de cacao a reculé de 11 %, a précisé M. Weber, ajoutant qu’au niveau mondial, la baisse a été de 8 %. Conséquence de la raréfaction de la fève, les prix du cacao ont explosé, atteignant en juillet leur plus haut niveau depuis quatre ans. Le prix de la tonne de cacao a ainsi grimpé jusqu’à 1 146 livres à Londres, prenant presque 30 % depuis le début de l’année. Si les prix sont retombés à des niveaux plus raisonnables – autour de 954 livres début novembre –, la fève de cacao se négocie toujours à des tarifs élevés. Non seulement le prix du cacao, mais également la poudre de lait a atteint des sommets et a plus que doublé en passant à 5 500 dollars la tonne actuellement, contre 2 200 dollars en septembre, souligne M. Weber. À la hausse des denrées alimentaires s’ajoute le renchérissement des produits d’emballage, comme le papier et l’aluminium. Conséquence de cette flambée tous azimuts, le prix du chocolat va augmenter de façon significative, mais seulement à partir de l’année prochaine, les entreprises ayant provisionné une grande partie de leurs achats. « La plupart des fabricants suisses de chocolat ont sécurisé leurs achats », note Franz Schmid, directeur de Chocosuisse, l’Union des fabricants suisses de chocolat. « La hausse des prix des matières premières n’influencera que rarement les prix de vente de chocolats pour les fêtes de fin d’année », précise M. Schmid, selon qui cette hausse sera effective « plutôt à partir de début 2008 ». Si la Suisse ne représente qu’environ 1 % des exportations de produits chocolatés dans le monde, principalement vers l’Allemagne et la France, la Confédération est un des leaders dans le chocolat haut de gamme. Le chocolatier Lindt & Sprüngli va ainsi augmenter de 6 % à 10 %, en fonction des pays, le prix de ses pralines et autres chocolats, soit « la première hausse depuis quatre ans », selon une porte-parole du groupe. Le géant alimentaire Nestlé va procéder à des ajustements de prix en fonction des pays. En France, cette hausse sera « de l’ordre de 5 à 6 % » et effective à partir de mi-décembre ou le début d’année, a indiqué un responsable de Nestlé France. Le suisse Barry Callebaut, leader mondial des fabricants de produits à base de cacao et de chocolat, va procéder à une hausse « dans la fourchette basse d’un pourcentage à deux chiffres » à partir de janvier, selon une porte-parole. Le marché des matières premières devrait se détendre courant 2008, estiment les analystes, qui s’interrogent cependant si les fabricants de chocolats vont répercuter ce relâchement sur leurs prix.