Huit militaires sont morts hier dans un nouvel attentat-suicide au Pakistan et 70 insurgés islamistes ont péri dans des combats avec l’armée dans le Nord-Ouest, alors que le pays bruisse de rumeurs sur l’imposition de l’état d’urgence ou de la loi martiale. Depuis la mi-juillet, le Pakistan – puissance nucléaire de 160 millions de musulmans – a été ensanglanté par une vingtaine d’attentats-suicide, ayant tué 420 personnes, perpétrés par des islamistes ou attribués à cette mouvance radicale. Toutes ces attaques sont considérées comme étant des représailles à l’assaut meurtrier donné en juillet par les forces de sécurité à la mosquée Rouge d’Islamabad, un repaire de fondamentalistes. Hier encore, un kamikaze a précipité sa motocyclette chargée d’explosifs sur un autobus qui transportait des soldats de l’armée de l’air dans le Pendjab (centre), a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Javed Cheema. « Huit officiers de l’armée de l’air sont morts dans cette attaque terroriste », a-t-il dit. La tête du kamikaze a été retrouvée sur les lieux. Une quarantaine de personnes ont été blessées, certaines très grièvement. C’est le deuxième attentat-suicide en trois jours au Pakistan. Par ailleurs, l’armée a affirmé hier avoir tué entre 60 et 70 islamistes – dont les chefs ont menacé de commettre d’autres attentats-suicide – en deux jours d’affrontements, dans la vallée de Swat de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (PFNO). Depuis des années, les forces armées pakistanaises se battent contre des combattants islamistes dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan et, depuis une semaine, elles affrontent des extrémistes dans la région de Swat, jadis un haut-lieu touristique du Nord-Ouest. Le pire attentat-suicide de l’histoire du Pakistan a frappé Karachi (Sud) le 18 octobre, fauchant 139 personnes, le jour du retour d’exil de l’ex-Premier ministre Benazir Bhutto. Cette dernière prépare sa participation aux législatives de janvier 2008, sur fond de négociations avec le président Pervez Musharraf pour un partage du pouvoir, Mme Bhutto étant pressentie comme Premier ministre. Mais l’avenir politique du Pakistan est lourd de menaces. M. Musharraf attend un jugement de la Cour suprême sur la validité de sa réélection à la présidentielle du 6 octobre. La Cour suprême ne devrait pas statuer avant le 12 novembre sur la légalité de la réélection, au suffrage indirect, du président Musharraf, à la suite d’un recours de l’opposition contestant sa double casquette de chef de l’État et des armées. Ce n’est qu’en cas de décision favorable au général qu’il pourra être officiellement proclamé vainqueur de la présidentielle. Sinon, son entourage a évoqué l’éventualité d’« une loi martiale chirurgicale », c’est-à-dire des mesures d’exception visant des institutions spécifiques. Mme Bhutto, qui est repartie hier à Dubaï pour voir sa famille, deux semaines après son retour dans son pays, avait dit mercredi redouter l’instauration de « l’état d’urgence », en cas de décision de justice défavorable à M. Musharraf, lequel a pris le pouvoir par un coup d’État en 1999.