Actualités - ANALYSE
ÉCLAIRAGE - Le fils du raïs égyptien est confronté à la vieille garde du PND dont le congrès s’ouvre demain au Caire Gamal Moubarak contraint à la patience pour prendre les rênes du pouvoir
le 02 novembre 2007 à 00h00
Confronté à la vieille garde du régime, Gamal Moubarak, le fils du raïs égyptien, devra encore patienter avant de recevoir les clefs du parti présidentiel dont le congrès s’ouvre demain au Caire. Mettant fin aux spéculations, le président Hosni Moubarak, qui est dans sa 80e année, sera d’emblée réélu à la tête du Parti national démocrate (PND) sans passer le relais à son fils cadet, âgé de 43 ans.
« Moubarak sera élu à l’unanimité » a déjà titré le quotidien Gouhoumriya avant même l’ouverture de ce 9e congrès quinquennal qui réunira 6 700 délégués du PND dans la salle du stade du Caire. Le chef de la presse pour le PND, Ali el-Din Helal, a noté qu’« il n’y a qu’un candidat, Hosni Moubarak, nul autre ne s’étant présenté » pour briguer la tête du parti. Il n’a pas davantage laissé entendre qu’il y aurait de chambardement dans les hautes sphères du parti où s’affrontent, selon la presse, vieux caciques et jeunes loups proches de Gamal. « Je ne m’attends pas à des changements spectaculaires ou importants, mais à quelques mouvements ici ou là », a indiqué M. Helal.
Figure de proue de la vieille garde, et président du Sénat, Safouat el-Chérif, devrait, selon la presse, rester secrétaire général et n° 2 du PND tandis que Gamal sera conforté chef du puissant comité politique. Un gel de positions au sein du parti pourrait donc prévaloir alors que les observateurs voyaient l’heure venue pour Gamal Moubarak d’assurer son emprise sur le PND dans le cadre d’un hypothétique scénario de succession dynastique. Rumeurs et contre-rumeurs sont incessantes en Égypte sur un tel glissement de pouvoir du père au fils Moubarak, à l’instar des monarchies arabes, comme la Jordanie, ou des régimes non démocratiques, comme la Syrie.
Sans jamais marquer de divergences avec son père, au pouvoir depuis 26 ans, Gamal, un ex-banquier, est entré en politique en 1995, gravissant les échelons du PND en voulant incarner le courant moderniste. C’est lui qui, l’an dernier, avait symboliquement annoncé que l’Égypte envisageait l’option de l’atome pacifique, mais c’est Hosni Moubarak qui a donné le coup d’envoi lundi à la construction de centrales nucléaires. Le président coiffera le haut comité en charge du nucléaire civil, signe, selon les observateurs, qu’il reprend les choses en main estimant que son fils, impopulaire, n’est toujours pas en mesure de le faire.
La presse a relaté les épisodes et les présumés renversements d’alliance impliquant les acteurs du pouvoir, y compris le Premier ministre Ahmad Nazif, sur fond d’incertitudes autour de l’attitude future de l’armée. Les avis concordent sur le fait qu’une figure-clé du clan Gamal, l’industriel Ahmad Ezz, appelé en Égypte le roi de l’acier, s’est peu à peu isolé de l’appareil du parti qu’il entendait bouleverser. Si d’importantes réformes économiques, y compris des privatisations, ont été lancées, assurant une croissance annuelle de 7,2 %, les effets de cette politique ont été jusqu’à présent d’accroître le fossé social. La question sociale va se retrouver au cœur du congrès du PND alors que 43,9 % des Égyptiens vivent avec moins de 2 dollars US par jour, selon la Banque mondiale.
« Ce congrès est un non-événement, Gamal est totalement impopulaire et le PND veut juste montrer qu’il existe alors qu’il n’est qu’une courroie archi-usée du pouvoir », a affirmé Hicham Kassem, un journaliste réputé. Le PND contrôle les 4/5es du Parlement face au mouvement islamiste des Frères musulmans, qui s’est imposé aux législatives de 2005 comme la plus grande force d’opposition tout en restant officiellement interdit.
Alain NAVARRO (AFP)
Confronté à la vieille garde du régime, Gamal Moubarak, le fils du raïs égyptien, devra encore patienter avant de recevoir les clefs du parti présidentiel dont le congrès s’ouvre demain au Caire. Mettant fin aux spéculations, le président Hosni Moubarak, qui est dans sa 80e année, sera d’emblée réélu à la tête du Parti national démocrate (PND) sans passer le relais à son fils...
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