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Actualités - OPINION

Le marasme persiste, alors que le temps presse

Au patriarche qui leur demandait pourquoi ils n’avaient pas établi de liste, les membres du comité quadripartite ont expliqué que leur mission n’allait pas jusque-là. Et que ce qu’ils étaient parvenus à accomplir était déjà bien considérable : un accord sur les principes, les constantes et même les objectifs du prochain régime. Ainsi que sur les qualifications requises du nouveau chef de l’État. L’accent étant mis sur la nécessité d’organiser la présidentielle dans les délais constitutionnels, avec un quorum des deux tiers, à travers la présence de tous les députés chrétiens et plus particulièrement des maronites. Le tout émaillé d’un appel-engagement à éviter tout recours à la rue et à la violence pour régler les différends. Restent les noms. Et l’on comprend, à ce propos, la retenue des membres du comité : si les chefs ne parviennent pas à s’entendre, comment veut-on que leurs délégués y arrivent ? Par voie de conséquence, ces lieutenants dévoués ont souhaité que la sélection s’établisse par le biais de retrouvailles élargies au top niveau. Mais l’organisation d’une telle rencontre bute toujours sur des embûches. Les opposants posent en effet une triple condition préliminaire sine qua non : que les majoritaires renoncent à leur droit d’élire le président à la moitié plus un. Qu’ils lâchent Boutros Harb et Nassib Lahoud. Et qu’ils souscrivent à l’impératif d’un quorum des deux tiers. Sous-entendu, au contre-droit de l’opposition de torpiller l’échéance, au cas où il n’y aurait pas eu entente sur une liste de plausibles. Voire sur un seul nom, celui de Aoun évidemment. Cependant, à dire vrai, devant le patriarche qui s’étonnait de ces exigences, en relevant qu’on ne voit pas ce que la majorité obtiendrait en échange, Sleimane Frangié a déclaré, devant Aoun, qu’il se faisait fort de décrocher le désistement de ce dernier au profit d’un neutre. Mais le leader du Nord est bien le seul, du côté de l’opposition, à s’avancer autant. Les autres pôles, tout en s’abstenant d’officialiser leur appui à la candidature Aoun, refusent catégoriquement qu’elle soit retirée de la course. D’ailleurs, il convient de signaler que les relations entre Frangié et Aoun se sont refroidies ces derniers jours. Parce que le général a rencontré Samir Frangié au domicile du Dr Nabil Tawil, sans en informer son allié. Les amis communs des deux hommes tentent de les rabibocher à Paris où ils se trouvent tous deux. Rejet Quoi qu’il en soit, la majorité rejette, bien entendu, les conditions que l’opposition veut lui imposer. De plus, Geagea refuse que le problème soit tranché en petit comité, entre Gemayel, Aoun, Frangié et lui-même. Il insiste pour que tous les leaderships présents aux précédentes rencontres de Bkerké participent à la décision, sans se voir ignorés ou marginalisés. Bref, alors que le temps presse, le dénouement par le biais d’un conclave des pôles maronites de tout acabit se fait attendre. Les difficultés sont telles que, selon certains observateurs avertis, il faudrait sans doute se résoudre à un palliatif approximatif. Une nouvelle rencontre, la seule qui paraît accessible pour le moment, entre Gemayel et Aoun, Cette fois à Bkerké même et non plus chez un ami commun comme précédemment. Mais cette initiative n’aurait de sens que si Gemayel et Aoun sont dûment mandatés par leurs partenaires respectifs pour négocier une liste de candidats. Pour le moment, le patriarche Sfeir se trouve lui-même forcé, par les contradictions auxquelles il est confronté, de participer au flottement ambiant. Aux visiteurs qui l’interrogent sur son avis quant à une liste réduite, il répond par un vague « Nous verrons… » Ajoutant qu’il se fixera au moment voulu, que ce serait prématuré de le faire maintenant. Il attend que les développements se décantent, que la tension intermaronite se réduise par les contacts en cours, les démarches conciliatrices des évêques qui l’épaulent. Certains de ses proches le pressent cependant de prendre les devants, de proposer une liste comprenant les deux candidats du 14 Mars, Boutros Harb et Nassib Lahoud, ainsi que le général Aoun, en sus de deux ou trois noms dits consensuels. Mais le patriarche répète qu’échaudé par l’expérience décevante de 1989, il ne souhaite pas entrer dans le jeu des noms. De plus, il ne veut pas se substituer à la Chambre qui a pour mission de choisir. Il reste que les grands électeurs étrangers, Damas excepté, font le forcing pour une présidentielle libanaise normale, dans les délais. Washington, indiquent des sources diplomatiques informées, est tout à fait convaincu qu’un vide institutionnel au Liban provoquerait une anarchie qui ne tarderait pas à faire tache d’huile dans la région. En rendant impossible le traitement, déjà plus qu’ardu, du volet irakien et du dossier palestinien. Dès lors, Condoleezza Rice devrait se prononcer dans les prochains jours sur le cas libanais. Pour sa part, la cellule de l’Administration Bush qui se consacre à la crise libanaise penche désormais, pour aller au plus sûr et au plus facile, pour un président de consensus équidistant de toutes les fractions locales. Philippe ABI-AKL
Au patriarche qui leur demandait pourquoi ils n’avaient pas établi de liste, les membres du comité quadripartite ont expliqué que leur mission n’allait pas jusque-là. Et que ce qu’ils étaient parvenus à accomplir était déjà bien considérable : un accord sur les principes, les constantes et même les objectifs du prochain régime. Ainsi que sur les qualifications requises du nouveau chef de l’État. L’accent étant mis sur la nécessité d’organiser la présidentielle dans les délais constitutionnels, avec un quorum des deux tiers, à travers la présence de tous les députés chrétiens et plus particulièrement des maronites. Le tout émaillé d’un appel-engagement à éviter tout recours à la rue et à la violence pour régler les différends.
Restent les noms. Et l’on comprend, à ce propos, la retenue des...