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la situation - Le chef de la diplomatie égyptienne au Liban pour aider à régler la crise politique Le temps presse, c’est le moment de vérité, affirme Ahmad Aboul-Gheit

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmad Aboul-Gheit a effectué hier à Beyrouth un marathon diplomatique pour aider à régler la crise politique en cours, apparemment sans résultats. Le « moment de vérité est là et le temps presse » a affirmé Ahmad Aboul-Gheit. « Je visite Beyrouth aujourd’hui pour tenter d’aider à surmonter ces difficultés » qui empêchent les Libanais de se mettre d’accord sur le nom d’un nouveau président, a déclaré M. Aboul-Gheit aux journalistes à son arrivée à Beyrouth. « Nous ne pouvons pas dire que nous sommes porteurs de points de vue ou de directives, mais nous tenterons aujourd’hui d’aider à transmettre la vision égyptienne aux dirigeants » libanais, a ajouté M. Aboul-Gheit. Dès son arrivée, il a été reçu par le président de la République, le général Émile Lahoud, puis par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. Après ces rencontres, le marathon égyptien s’est poursuivi, avec un entretien avec le Premier ministre Fouad Siniora et à deux reprises avec le président du Parlement Nabih Berry. Une rencontre avec le mufti de la République cheikh Mohammad Rachid Kabbani a suivi, puis deux autres avec le chef du Courant du futur, Saad Hariri, le ministre démissionnaire Mohammad Fneich, l’ancien chef de l’État, Amine Gemayel, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Avec Michel Aoun et Walid Joumblatt, le ministre égyptien s’est contenté d’entretiens téléphoniques, mais il a pris la peine de se rendre au Phoenicia, en compagnie de l’ambassadeur de son pays au Liban, Ahmad Fouad Bidiaoui, pour y rencontrer les députés de la majorité qui y sont cloîtrés, par crainte des assassinats. Selon une source informée, le responsable égyptien a demandé à MM. Aoun et Joumblatt de le retrouver au Phoenicia, comme l’avaient fait MM. Gemayel, Geagea et Fneich. À quoi ses interlocuteurs ont fait valoir qu’il s’était bien rendu à Koraytem pour y rencontrer Saad Hariri. Le chef de la diplomatie égyptienne s’est entretenu en fin d’après-midi, pour la deuxième fois, avec le président du Parlement, Nabih Berry, ainsi qu’avec le chef de la majorité parlementaire, Saad Hariri. Cette rencontre a été suivie d’une conférence de presse. En soirée, il regagnait son pays. Supputations et spéculations Les résultats du déplacement du ministre égyptien au Liban ont fait l’objet de nombreuses supputations et spéculations. Ainsi, des milieux ont fait le lien entre la visite de M. Aboul-Gheit et une prochaine visite du Premier ministre, Fouad Siniora, au Caire. Ces milieux ont même fixé à samedi ou dimanche la visite du Premier ministre. En soirée, une mise au point du service de presse de M. Siniora a précisé que la date de la visite au Caire n’avait pas encore été fixée. Pour sa part, harcelé de questions par les journalistes, à chacune des étapes de sa journée marathon, le ministre égyptien n’a à aucun moment livré le fond de sa pensée. Un des leitmotiv de ses réponses a porté sur la nécessité d’une élection sans ingérence étrangère. « Il revient aux Libanais de décider eux-mêmes de leur sort. Il ne faut plus qu’il y ait une mainmise sur leur pays », a-t-il ainsi déclaré, après la rencontre avec le président Émile Lahoud. Aboul-Gheit a démenti que les noms de candidats déterminés à la présidentielle aient été passés en revue avec ses interlocuteurs. Mais les Libanais savent bien que, dans certains cas, il n’est pas nécessaire de citer les noms pour deviner de qui l’on parle, surtout quand il est question d’un amendement de la Constitution. Au demeurant, les journalistes ne se sont pas privés de harceler le ministre égyptien par des questions touchant à l’audience accordée par le président Hosni Moubarak au commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleiman. La raison avancée par le responsable égyptien – l’appui de l’Égypte à l’équipement de l’armée – ne parvenant pas à satisfaire leur curiosité. Pour justifier sa présence au Liban, Aboul-Gheit devait également invoquer la situation volatile dans laquelle se trouve la région (Irak, Darfour, Palestine) et les répercussions qu’une dégradation de la situation au Liban produirait sur le plan régional. Il a parlé aussi du délai de plus en plus réduit dont les Libanais disposent pour s’entendre et prévenir une éventuelle cassure politique, et a considéré que « le moment de vérité » était arrivé pour eux. De ses deux entretiens avec MM. Berry et Hariri réunis, Aboul-Gheit a affirmé avoir constaté « un large espace d’entente » entre les deux hommes. Décrivant la situation comme seulement « quelque peu rassurante », il a exhorté les députés maronites à s’entendre. Il a également mis l’accent sur le fait que l’entente sur le programme était aussi important que l’accord sur un candidat. Contacts secrets Par ailleurs, précisant que certains de ses contacts restent « secrets », le ministre égyptien a affirmé que ces derniers portent notamment sur une tentative de rapprochement entre la Syrie et l’Arabie saoudite, dont les rapports se sont détériorés après la guerre de juillet 2006. L’impression générale laissée à Beyrouth par la visite du ministre égyptien, c’est qu’elle n’a pas été bien préparée et que toutes les parties n’ont pas été testées au préalable, sans compter l’insuffisance des entretiens téléphoniques avec M. Joumblatt et le général Aoun. Certes, le Caire a semblé élargir ses concertations, mais sans résultat palpable à ce stade. Par ailleurs, si véritablement le Caire cherchait, par cette visite, à appuyer une candidature déterminée, Aboul-Gheit a dû se rendre compte combien la majorité semble réfractaire à un amendement constitutionnel que les députés endosseraient à contrecœur. Du reste, notent des cercles diplomatiques, le temps où l’Égypte faisait les présidents au Liban est révolu, et un remake de l’épisode Émile Lahoud, dont l’arrivée au pouvoir avait été annoncée par le président Bachar el-Assad à partir du Caire, ne saurait se reproduire, dans le contexte actuel. Il reste également que la visite du ministre égyptien est intervenue dans un contexte dynamique où les initiatives du président de la Chambre et de Bkerké se recoupent, dans la perspective de l’établissement d’une « liste restreinte » de candidats présidentiels à laquelle se rallierait une majorité confortable de députés. Fady NOUN
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmad Aboul-Gheit a effectué hier à Beyrouth un marathon diplomatique pour aider à régler la crise politique en cours, apparemment sans résultats. Le « moment de vérité est là et le temps presse » a affirmé Ahmad Aboul-Gheit.
« Je visite Beyrouth aujourd’hui pour tenter d’aider à surmonter ces difficultés » qui empêchent les...