Une quarantaine de députés du 14 Mars sont cloîtrés depuis plus d’un mois au Phoenicia, par crainte d’allonger la liste des six députés antisyriens assassinés depuis 2005.
« C’est une prison, elle peut être dorée, mais c’est quand même une prison », déclare le député Henri Hélou.
Il y a un mois, il a été amené à l’hôtel Phoenicia en catimini, au beau milieu de la nuit, laissant derrière lui femme et enfants, rapporte Jocelyne Zablit de l’AFP.
« Les 68 députés de la majorité sont visés. C’est aberrant que nous soyons confinés dans cet hôtel parce qu’il y a un régime mafieux qui veut systématiquement nous tuer », s’indigne M. Hélou. « C’est un cacul froid et horrible », ajoute-t-il.
Plusieurs députés ont raconté leurs journées dans les chambres d’hôtel aux rideaux tirés, où ils jouissent d’une liberté de mouvement restreinte.
Le personnel de sécurité est partout : dans les couloirs, près de l’ascenseur. Il empêche les députés de dîner dans les restaurants de l’hôtel ouverts au public ou de se mêler aux invités.
Les parlementaires peuvent se rendre au gymnase et au spa de l’hôtel, mais seulement à des heures précises. Ils sont empêchés d’ouvrir les rideaux de leur chambre par peur des tireurs embusqués.
Le public n’est pas autorisé à entrer dans les suites annexes de l’hôtel où résident les députés.
Aux alentours de l’hôtel, police et personnel de sécurité ont pris place. Ils fouillent minutieusement toutes les voitures qui s’approchent de l’entrée du luxueux établissement.
Le cimetière
Hadi Hobeiche indique, dans un entretien avec le quotidien koweïtien al-Qabas, qu’il n’a pas vu la lumière depuis un mois. « Parfois, ils nous racontent qu’il pleut dehors. Je n’exagère pas quand je dis que nous ne le savons pas », dit-il. « Chaque personne qui élève la voix pour dire qu’elle veut un Liban libre et souverain met sa vie en danger », ajoute-t-il.
En un mois, Hobeiche n’a quitté le Phoenicia qu’à trois reprises, dont l’une était pour se rendre au Parlement pour prendre part à la session présidentielle qui n’a pas eu lieu le mois dernier.
« J’ai apporté beaucoup de livres pour me distraire. Souvent, nous nous réunissons entre députés pour discuter de la situation », explique Solange Béchir Gemayel.
« C’est gênant parce que nous ne pouvons pas sortir au balcon et nous ne voyons pas le ciel », se plaint-elle.
« Je veux voir mes enfants le matin quand je me lève, ou conduire ma voiture en toute liberté, mais ce n’est pas possible », ajoute-t-elle.
Les conjoints et les enfants, ainsi que les amis, viennent leur rendre visite au cours de la semaine pour rompre la monotonie des journées et leur remonter le moral.
Mais cela ne suffit pas pour retrouver les moments intimes de la vie.
Pour Moustapha Allouche, député et chirurgien à Tripoli, « le plus dur est de ne pas serrer ma fille de 11 ans dans mes bras pendant qu’elle dort le soir ».
« Ma profession me manque aussi. J’ai envie de me promener en short, ou encore passer au supermarché et jouer au basket-ball », dit-il. « Mais on n’a pas d’autre choix que de rester ici pour avoir la vie sauve », ajoute-t-il.
Lui et ses collègues espèrent sortir de l’hôtel après le 24 novembre, quand un nouveau président sera élu, mais ils ne craignent pas moins de rester des cibles, passée cette date.
Pour encourager ses collègues, le député Waël Bou Faour leur dit, ironique : « C’est simple : c’est soit ça, soit le cimetière. »
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Une quarantaine de députés du 14 Mars sont cloîtrés depuis plus d’un mois au Phoenicia, par crainte d’allonger la liste des six députés antisyriens assassinés depuis 2005.
« C’est une prison, elle peut être dorée, mais c’est quand même une prison », déclare le député Henri Hélou.
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