En dépit des pronostics pessimistes, la commission de suivi proposée par Bkerké est sur le point de voir le jour. Selon les milieux de l’opposition, cette commission n’avait pas été clairement évoquée lors de la rencontre des deux pôles Michel Aoun et Sleimane Frangié avec le patriarche maronite et les évêques. L’idée n’en était d’ailleurs pas claire et le général Aoun avait proposé une réunion des quatre leaders maronites à Bkerké, mais cette suggestion n’avait pas obtenu l’aval des parties concernées. La formation de la commission est donc revenue sur le tapis et après les fuites dans la presse qui ont failli compromettre sa naissance, les noms de ses membres sont désormais connus : Marwan Sakr (Bloc national) et Élias Abou Assi (PNL) pour la majorité et Naji Hayeck (proche du CPL) et Youssef...
Actualités - OPINION
ÉCLAIRAGE - Les noms des membres de la commission de suivi de Bkerké désormais au complet Pour l’opposition, la porte de l’entente n’est pas fermée... Scarlett HADDAD
Par HADDAD Scarlett, le 19 octobre 2007 à 00h00
En dépit des pronostics pessimistes, la commission de suivi proposée par Bkerké est sur le point de voir le jour. Selon les milieux de l’opposition, cette commission n’avait pas été clairement évoquée lors de la rencontre des deux pôles Michel Aoun et Sleimane Frangié avec le patriarche maronite et les évêques. L’idée n’en était d’ailleurs pas claire et le général Aoun avait proposé une réunion des quatre leaders maronites à Bkerké, mais cette suggestion n’avait pas obtenu l’aval des parties concernées. La formation de la commission est donc revenue sur le tapis et après les fuites dans la presse qui ont failli compromettre sa naissance, les noms de ses membres sont désormais connus : Marwan Sakr (Bloc national) et Élias Abou Assi (PNL) pour la majorité et Naji Hayeck (proche du CPL) et Youssef Saadé (membre du courant des Marada) pour l’opposition. Dans les milieux de cette dernière, on affirme ignorer encore la mission véritable de cette commission et on reste très discret sur la date de sa première réunion. Mais, selon ces milieux, l’opposition souhaite faciliter au maximum l’initiative de Bkerké pour tenter d’aboutir à une entente. Les mêmes milieux révèlent que la rencontre de Aoun et de Frangié avec le patriarche et les évêques avait été très dense, certains évêques ayant même pris des notes.
La source de l’opposition précise que c’est surtout le général Aoun qui a pris la parole au cours de cette rencontre, expliquant aux évêques présents le complot qui avait été tramé contre lui, avant même son retour au Liban. Il a rappelé comment le gouvernement français a tenté de le pousser à reporter son retour d’exil à la demande des forces du 14 Mars qui étaient pourtant à l’époque encore ses alliés. Le général a également rappelé comment lorsque les manifestations et les sit-in ont été lancés après l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, c’était le CPL qui en était l’instigateur et l’organisateur, les autres parties n’ayant pas une grande expérience dans ce genre d’agissements démocratiques.
Une fois rentré au Liban, ajoute la source, le général a aussitôt été victime d’un blocus politique visant à l’isoler et à le neutraliser. Il y a eu ainsi la loi électorale et l’accord quadripartite qui ont permis de réduire au tiers de son importance le potentiel politique chrétien. Ensuite, comme le CPL a présenté des recours contre l’élection d’une dizaine de députés et que ces recours avaient des chances d’être acceptés, car ils étaient fondés sur des éléments concrets, le Conseil constitutionnel a été paralysé, pour ne pas prendre le risque de faire basculer la majorité.
Les « coqs » sunnite et chiite
Plus tard, enchaîne la source, au cours des séances de dialogue national, l’opposition a senti que la majorité souhaitait élire à la tête de l’État un président plus ou moins faible, qui ne ferait en tout cas pas le poids entre les deux « coqs » sunnite et chiite et qu’elle cherchait à provoquer des problèmes entre Michel Aoun, Sleimane Frangié et Bkerké.
Le chef du CPL a poursuivi son exposé, ajoute la source, montrant comment il y a eu une politique systématique d’affaiblissement des chrétiens et qu’il existe désormais un risque que les chrétiens du Liban soient traités comme les coptes d’Égypte, à travers leur pape ou leur patriarche, dans la seule dimension religieuse et donc, sans le poids politique. Selon le chef du CPL, cette politique s’explique par une volonté internationale d’imposer l’implantation des Palestiniens au Liban, ce qui entraînerait une marginalisation des chrétiens et, par conséquent, une islamisation du pays.
Les pôles chrétiens de l’opposition, souligne la source, ont ainsi expliqué au patriarche et aux évêques que le prochain président de la République devra faire face à des dossiers cruciaux, comme celui de l’implantation et celui des armes du Hezbollah. Il doit donc avoir une vision des solutions et une approche concrète, sinon il pourra difficilement peser sur le cours des événements. Le général Aoun a alors demandé au patriarche de choisir un candidat, se déclarant prêt à l’appuyer officiellement. Mais, toujours selon les milieux de l’opposition, le patriarche a rejeté cette idée, échaudé par l’expérience de 1988. Le général Aoun a alors constaté qu’à chaque échéance présidentielle, le problème du choix du successeur se pose. Il a donc proposé un mécanisme qui serait adopté une fois pour toutes : dans le triptyque chrétien Bkerké, majorité, minorité, le pilotage devrait revenir à la majorité, mais en concertation avec les deux autres parties. En tout cas, le général a insisté sur la nécessité de l’entente, dans les circonstances actuelles, affirmant que si les chrétiens se mettent d’accord sur un candidat, l’opposition s’engage à assurer le quorum des deux tiers pour la séance d’élection présidentielle. Selon les milieux de l’opposition, cette règle est le dernier bastion pour les chrétiens, puisque la plupart des textes constitutionnels, notamment ceux qui concernent les prérogatives du chef de l’État, ont été violés. Le général Aoun a aussi rappelé à Bkerké que toutes les propositions qu’il a faites ont été rejetées : de la formation d’un gouvernement d’union, à l’élection du président par le suffrage universel, aux élections législatives anticipées et maintenant à la formation d’un gouvernement de salut public. Quelle autre solution démocratique la majorité est-elle en train de présenter ? s’est ainsi interrogé le général.
Malgré tout, les milieux de l’opposition considèrent que la porte d’une entente n’est pas encore fermée, tout comme nul ne peut dire que l’initiative de Bkerké a échoué. Les mêmes milieux estiment aussi que les trois ministres européens des AE qui arrivent à Beyrouth entre aujourd’hui et demain seront aussi porteurs d’un message poussant les Libanais à l’entente. Les milieux de l’opposition précisent que les Libanais sont face à trois semaines cruciales, mais ils ajoutent que, de toute façon, la situation ne sera pas pire que celle qui règne actuellement, ni sur le plan économique ni sur celui de la sécurité. Pour ces milieux, c’est maintenant qu’il y a une vacance au niveau de l’Exécutif, avec un président marginalisé et un gouvernement en situation illégale, puisque toute une communauté n’y est pas représentée. Selon les milieux de l’opposition, les prochains développements devraient permettre de combler ces lacunes...
En dépit des pronostics pessimistes, la commission de suivi proposée par Bkerké est sur le point de voir le jour. Selon les milieux de l’opposition, cette commission n’avait pas été clairement évoquée lors de la rencontre des deux pôles Michel Aoun et Sleimane Frangié avec le patriarche maronite et les évêques. L’idée n’en était d’ailleurs pas claire et le général Aoun avait proposé une réunion des quatre leaders maronites à Bkerké, mais cette suggestion n’avait pas obtenu l’aval des parties concernées. La formation de la commission est donc revenue sur le tapis et après les fuites dans la presse qui ont failli compromettre sa naissance, les noms de ses membres sont désormais connus : Marwan Sakr (Bloc national) et Élias Abou Assi (PNL) pour la majorité et Naji Hayeck (proche du CPL) et Youssef...