En Chine, rien n’illustre mieux la dichotomie entre espoirs et réalité que tout le bruit autour du prochain 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui va s’ouvrir prochainement. Le PCC réunit un « congrès » tous les cinq ans pour choisir un nouveau comité central, sélectionner les neuf membres qui formeront le comité permanent du bureau politique du comité central, l’organe suprême du régime chinois, et décider de nouvelles initiatives et de nouvelles orientations politiques. Comme il est presque certain que Hu Jintao, tout à la fois secrétaire général du PCC, président et commandant en chef des forces armées, et Wen Jibao, le Premier ministre, seront reconduits pour un deuxième mandat de cinq ans, la grande question est de savoir si Hu parviendra à promouvoir un ou plusieurs...
Actualités - OPINION
COMMENTAIRE Le Parti communiste chinois à l’aube du 17e congrès
Par Willy Wo-lap LAM, le 10 octobre 2007 à 00h00
Par Willy Wo-lap LAM*
En Chine, rien n’illustre mieux la dichotomie entre espoirs et réalité que tout le bruit autour du prochain 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui va s’ouvrir prochainement. Le PCC réunit un « congrès » tous les cinq ans pour choisir un nouveau comité central, sélectionner les neuf membres qui formeront le comité permanent du bureau politique du comité central, l’organe suprême du régime chinois, et décider de nouvelles initiatives et de nouvelles orientations politiques. Comme il est presque certain que Hu Jintao, tout à la fois secrétaire général du PCC, président et commandant en chef des forces armées, et Wen Jibao, le Premier ministre, seront reconduits pour un deuxième mandat de cinq ans, la grande question est de savoir si Hu parviendra à promouvoir un ou plusieurs de ses jeunes partisans au comité permanent.
La lutte en coulisses est intense, mais il semble que deux d’entre eux, le secrétaire du parti de la province du Liaoning, Li Keqiang, et celui de Shanghai, Xi Jinping, vont être désignés. Hu prépare depuis longtemps à la charge suprême Li, 52 ans, souvent considéré comme son clone. Les deux hommes sont d’anciens premiers secrétaires de la Ligue de la jeunesse communiste, l’une des principales bases de soutien de Hu.
Mais l’apparition soudaine de Xi, un ancien responsable du parti dans la province du Zhejiang, devenu l’un des principaux cadres du parti à Shanghai il y a sept mois, en dit long sur le délicat équilibre entre les différentes factions et les manœuvres en coulisses. Bien qu’il paraisse contrôler la plupart des leviers du pouvoir, Hu n’a pas l’autorité de Deng Xiaoping. De ce fait, il doit maintenir un équilibre entre les principales factions du PCC quant à la répartition des pouvoirs au sommet. Xi bénéficie du soutien des membres actuels du comité permanent associés à la faction de Shanghai que l’ancien président Jiang Zemin avait dirigée, ainsi que de l’appui de la majorité des anciens du parti.
Xi est aussi considéré comme un prétendant possible en tant que fils unique d’un notable libéral du parti, Xi Zhongxun. Personnage relativement effacé, responsable du parti à Shanghai, Xi est acceptable pour Hu, notamment parce que son père avait été un camarade de combat de l’ancien responsable libéral du parti, Hu Yaobang, l’ancien mentor de Hu. Mais il est évident qu’il aurait préféré que Li Keqiang devienne le seul membre de la « cinquième génération » au sein du comité permanent.
Xi paraît maintenant en bonne position pour devenir vice-président et responsable exécutif du secrétariat du parti, tandis que Li pourrait obtenir le poste de vice-Premier ministre. Dans la tradition du PCC, Xi succéderait alors à Hu en tant que secrétaire générale du parti et président, et Li succéderait à Wen Jiabao au poste de Premier ministre lors du 18e congrès en 2012.
La probabilité que la concurrence entre les différentes factions entraîne le chaos a cependant diminué en raison de changements significatifs dans leur nature lors de la décennie précédente. Depuis l’époque de l’ex-président Jiang, les clivages entre factions sont beaucoup moins idéologiques. Elles veulent surtout mettre la main sur le pouvoir et occuper les principaux postes politiques au bénéfice de leurs partisans et de leur région.
Néanmoins, la Ligue pour la jeunesse communiste de Hu soutient les carriéristes professionnels du parti, spécialistes en matière d’idéologie, d’organisation et de propagande. La faction de Shanghai, dirigée actuellement par Zeng Qinghong, vice-président et membre du comité permanent, veut surtout préserver le statut de la région de Shanghai en tant que moteur économique de tout le pays. C’est l’une des raisons pour lesquelles Zeng, le principal conseiller de Jiang Zemin, soutient Xi.
Quand il était responsable du parti pour la province voisine du Zhejiang, ce dernier a acquis une certaine renommée pour son action efficace en faveur des entreprises privées de haute technologie et de l’intégration économique de la région de Shanghai.
La majorité de la population est bien plus préoccupée par les problèmes de vie quotidienne que par le jeu de chaises musicales au sommet, notamment si Hu et Wen tiennent leur promesse de diminuer l’énorme fossé entre riches et pauvres, entre villes et campagnes, entre la côte et l’intérieur du pays.
L’antagonisme entre les différents groupes sociaux s’accroît. Bien qu’ils mettent en avant leur credo d’un « développement scientifique », Hu et Wen n’ont pas réussi à faire grand-chose en faveur des paysans et des travailleurs migrants, durement touchés par l’immobilier hors de coût, des soins de santé inabordables et une éducation de plus en plus chère.
Par ailleurs, le cabinet de Wen n’a pas réussi à juguler l’inflation, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires, des œufs jusqu’au porc. En août, l’index officiel des prix à la consommation était en hausse de 6,5 %, mais selon les calculs de certains économistes occidentaux, le taux d’inflation est proche de 10 %. Cela a entraîné une frénésie de consommation dans les zones urbaines, ce qui alimente la hausse des prix.
Enfin, dans des domaines qui vont de la santé publique à la protection de l’environnement, le bilan de beaucoup des protégés de Hu – secrétaires du parti dans différentes provinces – n’est guère satisfaisant. Alors qu’il était gouverneur et responsable du Parti de la province du Henan dans les années 1990, Li Keqiang n’a pas fait grand-chose pour près d’un million de paysans atteints par le sida pour avoir vendu leur sang afin d’accroître leurs maigres revenus. Li Yuanchao, une autre étoile montante de la faction de Hu, a négligé les problèmes d’environnement dans la riche province du Jiangsu qu’il dirige depuis 2000. Au début de cette année, l’eau potable du lac Tai, le joyau du Jiangsu, a été fortement contaminée par l’apparition massive d’une algue d’odeur répulsive.
Hu a déjà rejeté les demandes de vétérans du parti appelant à une libéralisation plus rapide du PCC. Il est probable qu’il ne va pas annoncer de réformes politiques dans son message au congrès, plutôt que de promettre davantage de fonds alimentés par les revenus des plus riches au profit des services sociaux et des pauvres. Comme lors du 16e congrès il y a cinq ans, les grands absents seront les paysans et les ouvriers, et un parti de plus en plus tribalisé va tenter d’apaiser la lutte incessante entre ses différentes factions.
*Willy Wo-lap Lam a écrit récemment Chinese Politics in the Hu Jintao Era [La vie politique chinoise à l’époque de Hu Jintao].
© Project Syndicate, 2007. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz.
Par Willy Wo-lap LAM*
En Chine, rien n’illustre mieux la dichotomie entre espoirs et réalité que tout le bruit autour du prochain 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui va s’ouvrir prochainement. Le PCC réunit un « congrès » tous les cinq ans pour choisir un nouveau comité central, sélectionner les neuf membres qui formeront le comité permanent du bureau politique du comité central, l’organe suprême du régime chinois, et décider de nouvelles initiatives et de nouvelles orientations politiques. Comme il est presque certain que Hu Jintao, tout à la fois secrétaire général du PCC, président et commandant en chef des forces armées, et Wen Jibao, le Premier ministre, seront reconduits pour un deuxième mandat de cinq ans, la grande question est de savoir si Hu parviendra à promouvoir un ou plusieurs...
En Chine, rien n’illustre mieux la dichotomie entre espoirs et réalité que tout le bruit autour du prochain 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui va s’ouvrir prochainement. Le PCC réunit un « congrès » tous les cinq ans pour choisir un nouveau comité central, sélectionner les neuf membres qui formeront le comité permanent du bureau politique du comité central, l’organe suprême du régime chinois, et décider de nouvelles initiatives et de nouvelles orientations politiques. Comme il est presque certain que Hu Jintao, tout à la fois secrétaire général du PCC, président et commandant en chef des forces armées, et Wen Jibao, le Premier ministre, seront reconduits pour un deuxième mandat de cinq ans, la grande question est de savoir si Hu parviendra à promouvoir un ou plusieurs...
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