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Actualités - OPINION

LA situation - Majorité et opposition se rendront à Bkerké, séparément, jeudi et vendredi prochains Sfeir décidé à mettre en relief la gravité du moment et à rapprocher les frères rivaux Lélia MEZHER

Alors que le climat politique commençait, il y a quelques jours, à se dégrader sérieusement, le patriarcat maronite a décidé hier de rendre public ce qui se discutait en coulisses, il y a de cela plusieurs mois : sa volonté de réunir à Bkerké les responsables politiques maronites des deux camps, majorité et opposition. Une manière de rappeler sans ambages que la présidence de la République est d’abord et avant toute chose une échéance proprement chrétienne, et plus précisément maronite. « Le Vatican tient particulièrement à ce que l’élection à la magistrature suprême se déroule dans de bonnes conditions, d’autant qu’il s’agit là de la plus importante position chrétienne, tant dans le Moyen, que le Proche et même l’Extrême-Orient », précise à cet égard une source ministérielle de la majorité. À l’origine, les pourparlers tendaient à organiser une réunion unique entre les différents pôles maronites, sous l’égide du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Faire en sorte que les frères rivaux se retrouvent dans une même pièce et discutent ensemble afin de prévenir, à l’avenir, toute tentative de dissensions interchrétiennes, voire intermaronites. Déjà, au lendemain des élections du Metn, et conscient de l’importance de cette démarche, le parti Kataëb avait amorcé cette dynamique de contacts, loin des feux des médias. Ainsi, le parti avait œuvré, en collaboration étroite avec la Ligue maronite – qui, il ne faut pas l’oublier, comprend un bureau politique au sein duquel sont représentés les différents partis chrétiens – et avec le Vatican en guise d’observateur averti, pour rendre possible cette réunion. Une réunion d’abord annoncée comme unique et qui devait initialement se tenir jeudi. Mais c’eût été bien trop simple. L’opposition aurait d’emblée invoqué la « faiblesse du nombre » et donc refusé de se retrouver confrontée aux Kataëb, Parti national libéral (PNL), Forces libanaises (FL) et autres députés chrétiens membres du Rassemblement de Kornet Chehwane. C’est ainsi que cette grande rencontre tant attendue par tous les Libanais, et plus spécifiquement par les chrétiens d’entre eux, a été scindée en deux actes. Interrogé sur la véracité de ces propos, le CPL a démenti avoir « négocié quoi que ce soit » avec Bkerké. « Nous avons juste reçu des cartons d’invitation, c’est Bkerké qui organise tout. » Quoi qu’il en soit, le premier acte se jouera donc jeudi prochain, mais englobera uniquement les pôles maronites de l’opposition, à savoir : le courant des Marada de Sleimane Frangié, représenté par Chadi Saad, le Courant patriotique libre (CPL), qui dépêchera Ibrahim Kanaan. Cependant, des informations faisant état d’une réunion du « premier rang » ont également circulé en soirée, mais elles n’ont pu toutefois être vérifiées. Une source proche de Bkerké a en outre indiqué que l’opposition avait d’autre part exigé la présence de la responsable du parti Waad, Gina Hobeika, ainsi que d’Émile Rahmé. Mais ces informations n’ont pas été confirmées par la source du CPL interrogée à cet égard, qui s’est contentée d’un « je ne pense pas ». Cette même source a indiqué que son bloc se rendrait au patriarcat en étant « ouvert au dialogue et sans conditions préalables ». À la question de savoir si le CPL pouvait d’ores et déjà se montrer optimiste, la source précitée a indiqué que son bloc « espérait pouvoir l’être ». Vendredi, ce sera au tour des maronites de la majorité de se retrouver à Bkerké. Une source parlementaire du 14 Mars a ainsi fait savoir que la majorité se rendra à Bkerké d’abord pour écouter ce que le patriarche aura à dire. Dans ce cadre, un ministre de la majorité a mis en exergue l’importance des deux rencontres prévues jeudi et vendredi prochains, partant du fait que l’Église maronite compte mettre l’accent sur « les constantes chrétiennes et nationales » autour de la présidentielle, bien évidemment, mais aussi sur « les récentes informations faisant état d’un réarmement au sein de certains pôles chrétiens ». Cette réunion est importante en ce qu’elle permettra par conséquent de recadrer la bataille qui oppose les chrétiens appartenant à deux camps politiques adverses et permettra aussi de discuter des grandes lignes de politique générale. À cet égard, la source ministérielle précitée indique que « tout le monde est libre d’évoluer en politique comme bon lui semble, mais personne n’est libre de fouler du pied, de dépasser les constantes nationales et chrétiennes au Liban », et c’est vraisemblablement ce message que le chef de l’Église maronite compte faire parvenir aux deux camps. Initialement, selon une source proche de Bkerké, il était d’abord question de rédiger un document que tous les pôles signeraient à l’issue de ces deux journées de concertations. Mais ce projet est vraisemblablement tombé à l’eau, l’heure étant de toute évidence au minimalisme, comme s’est d’ailleurs plu à le souligner la source précitée. L’important reste que Bkerké s’est engagé à se poser en rassembleur. Mgr Sfeir donnera le ton en soulignant la gravité du moment et l’importance de ces deux rencontres, dans son discours inaugural. Il compterait aussi, principalement, mettre l’accent sur la nécessité de tenir les élections présidentielles dans les délais et de respecter la lettre de la Constitution. Si ces deux réunions – qui pour l’heure se contentent d’être parallèles – aboutissent à une troisième regroupant majorité et opposition dans un même lieu – toujours sous l’égide du patriarche Sfeir – l’heure pourrait être, cette fois, véritablement et concrètement, à l’optimisme.
Alors que le climat politique commençait, il y a quelques jours, à se dégrader sérieusement, le patriarcat maronite a décidé hier de rendre public ce qui se discutait en coulisses, il y a de cela plusieurs mois : sa volonté de réunir à Bkerké les responsables politiques maronites des deux camps, majorité et opposition. Une manière de rappeler sans ambages que la présidence de la République est d’abord et avant toute chose une échéance proprement chrétienne, et plus précisément maronite. « Le Vatican tient particulièrement à ce que l’élection à la magistrature suprême se déroule dans de bonnes conditions, d’autant qu’il s’agit là de la plus importante position chrétienne, tant dans le Moyen, que le Proche et même l’Extrême-Orient », précise à cet égard une source ministérielle de la...